yannzeman a écrit:Vivi2 a écrit:Dans ma hiérarchie, ils auront réussi à remplacer BROCA - CAUVIN comme les pire repreneurs (one shots non compris) de la série! Et c'est un exploit
!
Il ne faut pas exagérer quand même...
Nic Broca et Cauvin étaient la pire équipe de repreneurs.
Et dans les "spirou vu par...", il y en a aussi, des très mauvais.
Le duo Y & V a produit, selon moi, de bons albums au début, et puis "Sniper alley" a tout changé, et c'est resté moyen moins jusqu'au retour du Marsu, album raté et pourtant touchant.
La déception ne doit pas nous conduire à écrire des méchancetés un peu gratuites.
Ce que j'ai lu dans le journal de Spirou de la semaine dernière, les quelques planches de la courte (dernière) aventure de Spirou par Y & V, est symptomatiques de ce que le duo aura produit :
du bon (certains décors, comme le chateau nazi, certaines expressions du visage de Spirou sérieux) et du moins bon (certaines expressions du visage de spirou pas content, méconnaissable par moments, certains dialogues).
De la déception, donc, mais pas "les pires repreneurs".
Huit ans que Yoann & Vehlmann ont repris la série et toujours pas un album qui fasse l'unanimité : six tomes (deux corrects (51 et 54), trois bouses et un anecdotique - le HS).
Nic & Cauvin : trois albums en deux ans (un correct, un moyen, un pourri).
Et pour être complet, on pourrait aussi parler de Morvan/Munuera : quatre albums, un valable (48).
Avant de le démonter et de répéter par principe que c'est un gros nul (et là au fait, il n'y a pas de
"méchanceté gratuite" ?), il faut tout de même toujours garder à l'esprit le fait que Nicolas Broca était un
débutant en matière de BD lorsqu'on lui a confié SPIROU & FANTASIO. Un amateur à qui on a confié une série pro, en somme.
Alors, qu'un débutant ne parvienne pas à créer quelque chose de convaincant en trois albums, c'est assez compréhensible. Cela dit, malgré son manque d'expérience, on le sent toujours appliqué à la tâche, soigneux et plein de bonne volonté. On ne pourra jamais lui enlever ça.
Mais qu'un "grand professionnel" comme Yoann aligne les négligences comme il le fait, c'est beaucoup moins pardonnable à mon sens. Il n'a été vraiment soigneux dans un SPIROU que pour
Alerte aux zorkons, sans doute parce qu'il fallait qu'il fasse ses preuves : son travail est précis, soigné, élégant... Bref, pro. Son trait est certes encore trop anguleux par moments (la camionnette, la zorglumobile) mais ça passe parce que l'ensemble est fait avec soin (rares sont les cases où ses traits en débordent - signe qui ne trompe pas - contrairement aux albums suivants). Et puis, il y a les beaux décors de Fred Blanchard. Même la mise en couleur est très bien faite. Le seul problème, comme dans "Boulevard du crépuscule", c'est le choix de la palette de couleurs qui est moche (rose, kaki, brun, violet, gris, caca-d'oie... et jamais de couleurs vives) En revanche, dès le suivant, le relâchement de Yoann est criant (genre :
"Maintenant j'm'en fous, j'ai fini mes trois mois d'essai ; chuis en CDI, plus besoin d'me fouler").
Les scénarios de Cauvin étaient certes peu inventifs ou inspirés (surtout
Les Faiseurs de silence), mais le père Raoul était déjà un vieux briscard du scénario à l'époque, qui n'aurait jamais fait des bourdes scénaristiques de débutant comme celles qu'on peut trouver d
ans les Griffes de la Vipère, par exemple. Et bien que ce ne soit pas palpitant à lire, ça tenait la route. En particulier
La Ceinture du grand froid. Imaginez juste quelques secondes ce que cette aventure aurait donné si elle avait été dessinée par un Fournier, un Conrad ou un Janry... Je ne suis pas certain que tout le monde cracherait dessus.
Vehlmann a pondu un scénario honnête et plutôt satisfaisant dans l'ensemble pour
Alerte aux zorkons, même si Zorglub ne sert à rien et que la boulette du début aurait pu être commise par Champignac. Ça aurait fait un album qui se suffit à lui même et ça aurait été mieux. C'est une aventure simple, une mise en bouche valable et prometteuse pour la suite, on n'a pas de message militant appuyé au marteau dans la tronche du lecteur, et quelques passages sont vraiment drôles (le soldat qu'on ne comprend pas sous son masque, l'autre qui ne peut pas tirer sur le ballon-spirou,
"une grosse bombe sur les bouseux !", le zorkon qui se mord le bras, les alcools du père Raymond...) Cet album gagne vraiment à être relu.
Après ça, c'est la chute. Sauf
Le Groom de Sniper Alley qui revient à l'aventure pure et simple, malgré ses maladresses. Il y a donc là aussi quelques défauts gênants, mais également de vraies qualités qui sauvent l'album. Ça tient la route. Les principaux soucis de cette histoire viennent des approximations impardonnables de Yoann.
Broca, lui, malgré son amateurisme, n'a jamais été approximatif (ses personnages ont toujours la même tête d'une case à l'autre, il n'y a pas de faux raccords comme chez Yoann - cf. les croix gammées qui changent de sens, les étagères qui disparaissent et apparaissent, les
rangeos qui se transforment en
converse...) Son trait n'était certes pas vraiment heureux, mais ce n'était pas approximatif. De ce point de vue-là, le plus amateur des deux n'est pas Broca.
Alors, si Yoann & Vehlmann n'est pas la pire équipe de repreneurs de SPIROU & FANTASIO, ils ne sont pas loin d'en être les fossoyeurs (ce qui revient à peu près au même). D'ailleurs, la série va être mise en suspens pour quelque temps apparemment... C'est tout dire.
"Un gentleman est quelqu'un qui sait jouer de l'accordéon et qui s'abstient" (Tom Waits)