gill a écrit:Brian Addav a écrit:Surtout, ce n'est pas parce que Spirou est une "coquille vide" qu'il n'a pas "une" personnalité.
Intéressant, ça.
A part celle de boy-scout traditionnel, toujours prêt à s'opposer à l'adversité, et celle de cultiver les amitiés indéfectibles, quel trait de personnalité a donc Spirou qui le caractériserait particulièrement ?
Je ne sais pas, moi : un tic, une habitude particulière, une phobie, une façon de réagir qui lui vient de son enfance, un truc qui le fait systématiquement bondir, une passion dévorante qui lui est personnelle, un défaut plus ou moins grave, ...
Et quel auteur l'a orienté dans cette direction ?
2ème question : est-ce nécessaire qu'il ait une personnalité (les personnages secondaires en ont pour deux), et comment concevoir des scénarios qui prennent ça en compte ?
Et là, je trouve que Franquin (+ Greg) y parvenait très bien... pour le type de scénarios qui se faisaient à l'époque !
Voilà de très bonnes questions
J'y réponds pas, je donne mon avis
Pour moi, tout ce bouzin de "personnalité", de "coquille vide", ça vient d'une confusion et d'une mauvaise interprétation de ce que certains scénaristes de cinéma ont voulu théoriser, notamment au travers de la caractérisation des personnages. (je sais, le mot n'existe pas, etc... on s'en fout!
).
Il y a plusieurs années, des scénaristes ont expliqué que pour pouvoir écrire au mieux une histoire, il fallait, entre autres, de bons personnages, et pour cela, il fallait qu'ils aient une vraie personnalité. Pour cela, il ne fallait pas hésiter à les doter d'une vraie bio, et donc comme dit Gill:
un tic, une habitude particulière, une phobie, une façon de réagir qui lui vient de son enfance, un truc qui le fait systématiquement bondir, une passion dévorante qui lui est personnelle, un défaut plus ou moins grave,
Depuis, certains ont pris ça pour argent comptant et il faut absolument, quand on écrit, filer la bio du perso, mais surtout, la filer au lecteur.
La confusion au début, c'est toute cette personnalité, ne devait être écrite par le scénariste que pour pouvoir animer son perso dans son histoire, et qu'il n'y a absolument pas obligation de tout dévoiler.
(peu après la sortie de ces bouquins, on a d'ailleurs vu pléthore de films où l'on présente un héros, avec bien sûr, un beau traumatisme dans l'enfance, histoire de...)
Le truc, c'est surtout d'être sûr que le lecteur comprenne les motivations de son personnage, qu'il n'y a pas de décision/choix qui tombe du ciel et qui ne soit pas raccord avec ce que connaîtra le spectateur/lecteur du personnage.
La bio, le scénariste se la garde en grande partie, elle lui sert à animer son perso.
Quand Franquin parle de coquille vide, c'est parce que le canon des héros, à son époque, "obligeait" de fournir un perso auquel tout le monde puisse s'identifier, et donc d'avoir en qq sorte un perso vierge auquel le plus grand nombre de gamins puisse s'identifier.
(parce que bon, si vous commencez par raconter que Spirou est vite devenu orphelin, a failli se faire violer par un curé, a tué des boches, l'identification (se glisser dans la peau du personnage), elle est de suite moins évidente
)