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Bon .. je tente quelques réflexions sur les 2 dernières vignettes..
Il y aurait certainement à dire sur la construction de sa planche, mais je ne suis pas un spécialiste de « l’art séquentiel », voilà quand même.
Je crois que Killofer a une intelligence graphique que beaucoup de dessinateurs n’ont pas.
Sa « lisibilité » est servie par sa réflexion sur l’économie, la stylisation, des jeux sur la couleur, les codes et les signes.
Vignette 5 : Un pied noir et blanc et un bas de pantalon rouge et noir apparaissent sortant de la porte et bottant l’ex-ami. L’ensemble bas de pantalon et pied est hypertrophié par rapport à la porte mais cette porte n’a pas d’importance. Le bas de pantalon et la guêtre sont reconnaissables entre mille, cette réduction suffit à la compréhension, elle joue sur la notoriété des codes couleurs, à la manière des logos commerciaux. L’absence d’onomatopée non seulement interpelle mais rajoute à la rapidité à l’action, il y a juste l’étoile du choc qui se détache en jaune sur fond blanc, pas besoin de plus, c’est assez « signifiant », enfin la dynamique du mouvement est rendue par l’horizontalité du pied et la forme de l’étron en croissant, le tout en ordre de lecture.
Vignette 6 : Spirou chez lui assis dans son fauteuil. Le mur en contre-jour est tout noir et favorise la présence de la fenêtre qui occupe le quart supérieur gauche de la surface de la vignette, fenêtre symbolisée par une unique traverse horizontale, il n’y avait pas besoin d’une autre traverse, dans cette fenêtre on a une visibilité forte de l’ex-ami de couleur uniforme marron qui se détache au milieu d’un buisson en à-plat vert (plus quelques taches noires en forme de feuille pour signifier qu’il s’agit d’un buisson), de même les grands yeux de cocker en noir et banc ressortent fortement sur l’à-plat marron, créant un effet « gigogne ». Notre sens de lecture occidentale fait que l’on voit d’abords l’ex-ami , alors qu’il est au 3ième plan (Spirou, fenêtre, buisson), on suit son regard qui rencontre Spirou bien renfrogné dans son fauteuil et se cachant derrière son journal. Puis la vision est attirée par la bulle Bzzz, en blanc sur fond noir, elle ressort tellement que la pointe de la bulle amène aux détails-gags de la mouche et des taches de m…. Puis, sens de lecture oblige encore, lecture de la bulle finale « Zut », ponctuant la planche comme on ponctue une histoire avec le mot fin, alors que paradoxalement il aurait pu dire « merde », mais faisant ressortir que le seul mot « scato » utilisé est « caca » en vignette2. Le choix de la couleur du mot Zut se porte sur le rouge, symbole de colère.