Quant à la "naïveté supposée" de Spirou, je suis assez d'accord avec les arguments de Brian Addav, sans pour autant nier ce que dit Bravo... Contradictoire ?
Oui, contradictoire et je pense que ça s'explique.
La démarche de Bravo est intéressante à plus d'un titre car il créé
sa genèse de la série tout en se basant sur l'historique de celle-ci et sur l'Histoire avec un grand H.
Malgré tout on n'est pas obligé d'être totalement d'accord avec sa vision:"
Spirou n'a vécu que des aventures légères".
D'un côté, on ne peut que lui donner raison car ce serait oublier que "Spirou et Fantasio" est d'abord une bande humoristique. Je ne suis pas un fana de la comparaison Tintin/Spirou mais elle peut être pertinente quelque fois, notamment sur le ton de la série. Tintin est indéniablement plus "réaliste" que Spirou (le fameux "semi-réalisme" de Tintin); de même son univers historique poussé en fait une série plus sérieuse que Spirou. Enfin, l'émotion qui transpire dans les scénarios d'Hergé ajoute encore à cela.
Mais par ailleurs Franquin ne s'est jamais caché de l'influence hérgéenne lorsqu'il a donné de l'ampleur à la série au début des années 50 avec de grandes aventures à la clef.
Cette volonté de "sérieuïser" la série culmine au milieu des années 50 avec des aventures comme
le dictateur et le champignon,
la mauvaise tête et
le gorille a bonne mine.
Cette "sérieuïsation" ne se limite pas au propos et s'étend aussi à la documentation qui permet de rendre crédible un groom, un écureuil et un animal légendaire dans le monde de l'époque.
Pour en revenir à Tintin et aux propos d'Emile Bravo; je ne crois pas que Spirou n'ait vécu que des aventures légères car nous ne sommes pas sur le même registre que Tintin, par exemple.
Tintin est une série semi-réaliste qui se veut aussi humoristique alors que Spirou est une série humoristique qui se veut d'une certaine manière réaliste (ce qui fait toute sa force selon moi).