Brian Addav a écrit:nexus4 a écrit:Le président chinois promet une réunification inéluctable et pacifique avec Taïwan
A un moment donné va falloir préparer les valoches.
ça fait dix ans qu'il le dit, du coup aujourd'hui, je crois que tout le monde a repris des moules ici.
Je crois qu'on a plus flippé quand on a vu Pujadas parler de Taiwan la semaine dernière au 20h, genre on était au bord de la guerre. (tout en racontant n'importe quoi en plus ).
Olaf Le Bou a écrit:Brian Addav a écrit:nexus4 a écrit:Le président chinois promet une réunification inéluctable et pacifique avec Taïwan
A un moment donné va falloir préparer les valoches.
ça fait dix ans qu'il le dit, du coup aujourd'hui, je crois que tout le monde a repris des moules ici.
Je crois qu'on a plus flippé quand on a vu Pujadas parler de Taiwan la semaine dernière au 20h, genre on était au bord de la guerre. (tout en racontant n'importe quoi en plus ).
justement, tous les médias généralistes se sont mis subitement à parler de Taiwan, sans plus de raison qu'il y a 6 mois ou 6 ans... il est légitime de s'inquiéter sur les raisons qui poussent telle ou telle puissance à faire jouer ces caisses de résonnances.
Anianka a écrit:la Chine ca ressemble quand même a une immense pyramide de Ponzi
ça tient aussi longtemps car ils sont 1 milliard mais quand ça va tomber ça va faire mal.
rahoul a écrit:Anianka a écrit:la Chine ca ressemble quand même a une immense pyramide de Ponzi
ça tient aussi longtemps car ils sont 1 milliard mais quand ça va tomber ça va faire mal.
Les USA tiennent aussi depuis des décennies, malgré leur taux d'endettement constamment rééchelonné .
Brian Addav a écrit:rahoul a écrit:Anianka a écrit:la Chine ca ressemble quand même a une immense pyramide de Ponzi
ça tient aussi longtemps car ils sont 1 milliard mais quand ça va tomber ça va faire mal.
Les USA tiennent aussi depuis des décennies, malgré leur taux d'endettement constamment rééchelonné .
Bin oui, mais la monnaie étalon, c'est le dollars ou le yen ?
Tant que ça change pas, les ricains seront tranquilles....
fanche a écrit:tu te fais du mal
L’histoire de l’entreprise taïwanaise TSMC est celle de la mondialisation… et de ses limites
Par Philippe Escande
Publié le 14 octobre 2021 à 00h35 - Mis à jour le 18 octobre 2021 à 14h27
Le leader du marché des puces électroniques se retrouve au centre des tensions qui opposent la Chine et les Etats-Unis. Une pression qui fait peser un grand risque sur l’économie mondiale, très dépendante de cette rare technologie.
Soudain, la première industrie mondiale a appuyé sur le bouton off. Peugeot, Fiat, Citroën, Volkswagen, Ford, Toyota ont annoncé à la fin du mois de septembre l’arrêt d’une bonne partie de leurs usines. Celle d’Opel à Eisenach, en Allemagne, a stoppé ses machines pour au moins trois mois. Toyota a réduit sa production mondiale de 40 % en septembre 2021 et les analystes prévoient désormais pour le secteur un manque à gagner sur l’année de plus de 200 milliards d’euros.
Ce n’est pas une épidémie ni un cyclone qui a mis à terre ce secteur vital de l’économie, mais un petit carré de verre d’un centimètre de côté finement gravé de milliards de traits dix mille fois plus minces qu’un cheveu humain. C’est à ce fil ténu que tient désormais une bonne partie de l’économie mondiale, et à une entreprise dont seuls les spécialistes avaient entendu parler avant la crise.
TSMC, pour Taïwan Semiconductor Manufacturing Company, est aujourd’hui l’entreprise la plus stratégique au monde. Parce qu’elle est pratiquement la seule à savoir fabriquer les puces électroniques de dernière génération. Parce que ces puces, appelées aussi semi-conducteurs, sont partout, dans nos cuisines, nos salons, nos téléphones, nos voitures et les machines qui les fabriquent. Mais aussi parce que Taïwan, où elles sont produites, est au centre d’un bras de fer entre Chine et Etats-Unis qui pourrait bien déboucher prochainement sur un conflit armé. Avions de chasse et cuirassés sillonnent le ciel et les eaux du détroit de Taïwan qui sépare l’île de sa grande sœur communiste. Avec notamment pour enjeu, le contrôle de… TSMC.
L’invention de la mondialisation high-tech
Son histoire se confond avec celle de la mondialisation et commence dans les bureaux de la société Fairchild, du côté de San José en Californie. Cette entreprise, aujourd’hui disparue, a inventé, au seuil des années 1960, le semi-conducteur, un circuit électronique gravé sur une plaque de silicium. Une nouvelle ère commençait, l’ordinateur était adolescent et les premières calculatrices, montres et autres gadgets pointaient le bout de leur nez.
Rapidement, les Japonais ont flairé le terrain de conquête. A Paris, ils photographiaient la tour Eiffel, mais à San José, autre chose les intéressait. « Ils sont venus chez nous et prenaient tout en photo, même le désordre de mon bureau », se souvient Thomas Zhao, très jeune ingénieur à la fin des années 1970. Comme ils l’avaient fait dans l’automobile deux décennies auparavant, ils ont copié à la perfection les usines américaines avec leur souci de l’excellence manufacturière. « En quelques années, ils ont obtenu des rendements en termes de qualité de production – sans défaut – de plus de 80 % quand c’était moitié moins aux Etats-Unis », ajoute Thomas Zhao. La performance a attiré les ténors du secteur. La mondialisation, déjà entamée dans le textile, gagnait l’industrie la plus sophistiquée du monde. C’est un vieil ingénieur américain de 55 ans qui va donner le coup de pouce décisif.
Morris Chang (Zhang Zhongmou, en chinois) est né en 1931 dans le chaos de la Chine d’avant-guerre. Fils d’un fonctionnaire régional, il a passé son enfance à fuir. Devant les Japonais d’abord, puis devant l’armée populaire de Mao Zedong. « Jusqu’à l’âge de 18 ans, ma vie s’est déroulée dans un contexte de guerre, de pauvreté et d’injustice », raconte-t-il dans une longue interview au Musée de l’histoire de l’ordinateur de Mountain View, en Californie. De Shanghaï, en 1948, quelques mois avant la chute de la ville aux mains de Mao, ses parents l’envoient faire ses études aux Etats-Unis. Il entre à Harvard, veut être journaliste ou romancier par amour pour Hemingway et Shakespeare. Il se résout finalement à devenir ingénieur en intégrant le Massachusetts Institute of Technology (MIT).
Il sera rapidement embauché par Texas Instruments qui lui permettra de passer son doctorat à Stanford. Il grimpe dans la hiérarchie du géant de l’électronique et prend en charge une usine, puis toute l’activité de fabrication. C’est là qu’il développera une expertise qui lui sera essentielle par la suite. L’école américaine est la meilleure au monde. Il y ajoute une touche de confucianisme. Méticuleux et intraitable sur le travail, il ne laisse rien passer. « C’était la guerre des clones quand il passait visiter notre usine, se souvient un jeune ingénieur de l’époque, en poste à l’usine de Villeneuve-Loubet dans le sud de la France. Les directeurs les plus aguerris ressortaient en larmes des réunions. »
Passé la cinquantaine, Morris Chang comprend qu’il ne sera pas le grand patron. Il n’est pas d’accord avec la diversification de l’entreprise texane dans les gadgets grand public et puis, en dépit de sa nationalité américaine, il reste un Chinois. Le plafond de verre se referme. A 54 ans, il cherche une couronne. Exactement le profil qui intéresse l’institut de recherche en technologie industrielle de Taïwan, l’ITRI. Kwoh-ting Li, surnommé KT Li, l’un des hommes politiques les plus influents de l’île, plusieurs fois ministre de l’économie ou des finances et père du virage technologique de l’île nationaliste, lui propose, en 1985, de prendre la tête de l’ITRI avec pour mission de traduire la recherche en électronique en bénéfice économique. Le ministre Li donne quatre jours à M. Chang pour fournir le plan de création d’une entreprise de semi-conducteurs à Taïwan. L’ITRI avait déjà donné naissance en 1980 à une société de ce type, appelée UMC. Mais celle-ci avait déçu. Il fallait tenter autre chose, avec un vrai manageur américain.
Séparer la conception de la fabrication n’était pas une idée admise. Motorola, Texas Instruments, Intel ou IBM n’envisageaient à aucun moment de confier le cœur de leur compétence dans des mains étrangères et lointaines. Tout juste appréciaient-ils la qualité de la main-d’œuvre japonaise ou chinoise pour des activités d’assemblage plus simples et intensives. Pas pour graver des disques de silicium. Comme si on pouvait comparer cela à la fabrication de T-shirts ou de bicyclettes !
Morris Chang voulait prouver le contraire. Ainsi est né, au seuil des années 1990, le concept de « fabless », l’entreprise industrielle sans usine. Réticents au départ, Philips, le premier investisseur dans TSMC, et surtout Texas Instruments et de petits fournisseurs taïwanais ont timidement fait confiance à TSMC. Excellence de fabrication et intégrité à l’égard de clients très méfiants envers les « copieurs » asiatiques ont progressivement converti le monde de la high-tech. Et quand le 27 juin 2001, le PDG d’Alcatel, Serge Tchuruk, fait scandale en déclarant dans le Wall Street Journal « nous allons très bientôt devenir une fabless company », il ne faisait que reconnaître une évidence. Le monde de la technologie américaine, puis européenne, a massivement succombé aux charmes du fabless. « En 2007, 65 % des puces vendues dans le monde l’étaient par des entreprises sans usines. En 2015, elles étaient 85 % », précise Benoit Flamant, expert du secteur et investisseur à la société de gestion suisse Coges. TSMC et son voisin coréen Samsung empochent la part du lion. Le premier pour les puces qui calculent, les processeurs, le second pour celles qui stockent, les mémoires.
Pourquoi un tel engouement ? Pas pour le faible coût de la main-d’œuvre, qui compte peu dans ce métier hautement automatisé. En partie, nous l’avons vu, pour l’excellence de la production asiatique. « Quand vous implantez un process industriel au Japon ou en Chine, il ne bouge pas. Ils ne cherchent pas à le modifier, confirme un ancien patron du secteur. Vous revenez trois ans après, c’est le même. »
Mais le plus important est ailleurs. Dans l’accélération technologique et son coût. Construire une usine a d’abord coûté 500 millions de dollars (432 millions d’euros), puis 1 milliard vers 2000, et 5 milliards dans les années 2010. Aujourd’hui, l’usine très moderne que TSMC va implanter aux Etats-Unis, dans l’Arizona, coûtera 10 milliards de dollars et celle qu’il prépare à Taïwan pour la génération technologique suivante représentera un investissement de 20 milliards. Qui peut suivre ? D’autant que le métier est très cyclique. Durant les années de pénurie comme actuellement, l’argent rentre à flots. On construit alors des usines en masse, la surcapacité apparaît trois ans plus tard et les prix s’effondrent.
Comme dans une partie de poker, ceux qui n’ont pas les reins assez solides quittent progressivement la table. Ils deviennent fabless ou disparaissent. Motorola a disparu, AMD est devenu fabless. Restent aujourd’hui dans la première ligue des fabricants un américain, Intel, un sud-coréen, Samsung, et TSMC. Pourtant, la planète compte des milliers d’électroniciens, bien plus qu’en 1990. Et certains, comme Qualcomm, Broadcom et Nvidia sont des mastodontes qui emploient des dizaines de milliers de personnes. Mais ils n’ont pas d’usines.
L’essor du numérique
Débarrassés du fardeau des investissements, les électroniciens, pour la plupart américains, se sont senti pousser des ailes. Fini, la barrière financière pour entrer dans ce métier, l’argent est disponible pour innover et vendre. La génération fabless, recentrée sur le logiciel, a créé une explosion des créations d’entreprises et des innovations. D’autant qu’en parallèle, la montée en puissance d’Internet et des réseaux dans tous les aspects de la vie quotidienne a ouvert les portes d’un marché infini, grâce notamment à l’accélération technologique menée à fond de train par TSMC et ses compères. Selon la loi de Moore, du nom d’un des fondateurs d’Intel, la capacité de calcul d’une puce double tous les dix-huit mois à prix constant. Résultat, une unité de calcul qui valait le prix d’une belle maison en 1980, ne vaut même pas une feuille de papier aujourd’hui. Une simple recherche Google met en branle la même puissance de calcul que ce qui a été nécessaire pour l’ensemble du programme Apollo dans les années 1960.
Cet effondrement des coûts a ouvert la voie de l’électronique à la télévision, à la médecine, à la biologie, au commerce, à l’automobile et bien sûr au téléphone. La révolution du smartphone, avec la sortie de l’iPhone en 2007-2008, a fourni un carburant inespéré à cette industrie. Il se vend dans le monde 1,3 milliard de smartphones par an, tous équipés des puces dernier cri. C’est ce marché colossal qui a fait d’Apple l’entreprise la plus chère et rentable du monde. Et quand la firme a décidé de dessiner ses propres puces plutôt que d’acheter des modèles standards, elle a décidé de les faire fabriquer par… TSMC !
Conclu en 2012, ce contrat a été la consécration ultime pour le taïwanais. Avec ses volumes considérables, c’est une usine entière, à Taïwan bien sûr, qui a été construite uniquement pour Apple moyennant un investissement de 10 milliards de dollars et des ingénieurs et ouvriers travaillant en continu, vingt-quatre heures sur vingt-quatre. A partir de ce moment-là, le taïwanais est devenu intouchable, premier fabricant mondial, de très loin. Les puces les plus puissantes au monde, dont le trait de gravure est épais de 5 nanomètres (5 millionièmes de millimètre), n’équipent pas des avions de chasse ou des fusées mais des iPhone 13 à 1 000 euros. Il détient plus de 90 % du marché de ces puces de pointe. Seul Samsung résiste encore. Intel, l’ex-empereur et roi du PC, a raté la marche du mobile et celle du 5 nanomètres.
Car il ne faut pas manquer de souffle à cette altitude. Sur les trois prochaines années, TSMC a prévu d’investir 100 milliards de dollars dans ses usines. Sans compter l’argent dépensé en recherche et développement. Tout cela n’est possible que grâce à une marge bénéficiaire qui dépasse 50 % du chiffre d’affaires. D’une part, il facture très cher ses puces de pointe aux fabricants de smartphones et de serveurs informatiques. D’autre part, il recycle ses « vieilles » usines, déjà amorties mais qui ne conviennent plus pour les téléphones, pour des marchés comme l’automobile, la télévision, l’électroménager ou l’industrie qui se contentent de puces de plus de 20 nanomètres. « Cela leur permet de casser les prix, d’autant que l’automobile est un petit marché pour eux », se lamente un concurrent.
La grande peur géostratégique
Les chasseurs chinois volent bas par les temps qui courent dans le détroit de Taïwan. Les pêcheurs en ont compté plus de 600 depuis le début de l’année. Des provocations délibérées pour échauffer les esprits et montrer aux habitants de l’ancienne Formose qu’ils reviendront un jour prochain dans le giron de la grande Chine. Cette pression militaire fait peser un grand risque sur l’ensemble de l’économie mondiale. Un danger qui fera passer la pénurie actuelle pour une promenade de santé. « Il existe dans le monde trois entreprises systémiques, sans qui l’industrie électronique mondiale ne peut plus fonctionner, dans le secteur des fondeurs sous-traitants, des mémoires et de la lithographie », estime Nicolas Gaudois, responsable de la recherche actions sur le secteur technologique pour l’Asie et le Japon à UBS. Autrement dit, TSMC, Samsung et ASML. La mondialisation de la technologie, qui a tant favorisé l’essor du numérique, n’est-elle pas arrivée à son point de rupture ?
« L’affrontement politique en Asie nous inquiète beaucoup, reconnaît Mathieu Savary, chef de l’investissement européen pour BCA Research. Les tensions s’accumulent et devraient pousser les entreprises occidentales à vouloir augmenter leurs capacités de production pour réduire les risques d’approvisionnement. » Les tensions s’accumulent d’autant plus que Pékin a été placé dans une situation intenable par Washington. En interdisant à TSMC de vendre ses puces dernier cri au champion chinois du téléphone, Huawei, l’administration américaine a donné un coup d’arrêt à toute la chaîne de l’électronique chinoise, fer de lance de sa conquête mondiale. Privé de ces puces pour ses smartphones, Huawei a été éjecté violemment de cet immense marché. Car les producteurs locaux sont encore très loin en matière de technologie.
La Chine importe aujourd’hui pour plus de 370 milliards de dollars de puces par an, davantage que de pétrole ! Le premier électronicien du pays, Semiconductor Manufacturing International Corporation (SMIC), n’est pas à la hauteur. C’est un clone de TSMC, créé par un autre Sino-Américain, Richard Chang, lui aussi ancien dirigeant de Texas Instruments ayant intégré l’entreprise taïwanaise. Il est parti avec d’autres cadres de TSMC. Morris Chang n’a pas aimé et a intenté un procès retentissant aux Etats-Unis, privant SMIC de ses plus gros clients. Exit Richard Chang, mais l’intention de Xi Jinping est claire, comme il l’a formulé dans son plan « Made in China 2025 » : produire sur son sol 70 % de ses besoins en puces. « Impossible sans l’accès à la technologie occidentale », répondent en chœur analystes et industriels.
Car la clé du succès de TSMC se niche aussi au cœur de la vieille Europe, entre le campus de l’Université catholique de Louvain, en Belgique flamande, et la banlieue d’Eindhoven aux Pays-Bas, siège de la société ASML. Cette entreprise, issue de Philips, est la plus précieuse perle de l’Europe en matière technologique. Elle est la seule au monde à fabriquer des machines à graver les puces de 5 nanomètres, avec une technologie de photolithographie par laser ultraviolet développée depuis près de trente ans avec l’aide de l’Institut de micro-électronique et composants de Louvain (IMEC).
Ces cathédrales hautes de trois étages sont vendues 130 millions de dollars pièce et équipent les usines de TSMC et de Samsung. Elles expliquent à elles seules pourquoi le roi Intel a perdu sa couronne, en refusant le risque de cette nouvelle technologie. Avec seulement 14 milliards d’euros de chiffre d’affaires, ASML vaut plus cher en bourse qu’Airbus et Volkswagen réunis. « Sa feuille de route technologique est déjà remplie jusqu’en 2030 et ses carnets de commandes débordent », estime Romain Pierredon, analyste chez AlphaValue.
Seul obstacle sur cette voie toute tracée, le risque d’une invasion de Taïwan, qui le couperait de son premier client. Le Hollandais peut en revanche se réjouir de la perspective de voir TSMC envisager d’ouvrir des usines en Amérique et pourquoi pas en Europe. « Ce serait la solution la plus simple si l’Europe veut rattraper son retard », juge Mathieu Savary, de BCA Research.
C’est le rêve de Thierry Breton, le commissaire européen au marché intérieur, qui souhaite que le Vieux Continent passe de 10 % à 20 % du marché mondial des semi-conducteurs d’ici à 2030. « Cela n’est pas réaliste, estime un expert du secteur. Pour cela, il faudrait investir plus de 200 milliards d’euros. Tout cela alors que l’Europe est puissante surtout dans l’automobile et l’aéronautique mais pas dans les deux plus gros marchés que sont l’informatique et la téléphonie. » D’ailleurs, les deux derniers acteurs majeurs qui produisent encore en Europe, le franco-italien STMicroelectronics et l’allemand Infineon entendent rester sur leur niche autour de l’automobile et de l’industrie, loin de la course à la performance de Samsung ou TSMC. Reste donc à payer Intel, qui fait monter les enchères, et, peut-être, TSMC. Face au bouclier que représentent ses usines taïwanaises, le gouvernement de Taipei n’est pas très chaud. Sous pression américaine, il a consenti à laisser TSMC créer une usine dans l’Arizona, qui démarrera en 2024.
Les Américains eux aussi sont partagés. La Chine est leur premier client, leurs électroniciens fabless y possèdent presque 50 % du marché. Tous les téléphones chinois fonctionnent avec des puces conçues en Amérique et produites en Corée du Sud ou à Taïwan. « Taïwan aussi dépend de la Chine, ajoute Jean-Pierre Cabestan, professeur à l’université baptiste de Hongkong. Elle représente 40 % des exportations de l’île. Taïwan va bien grâce à la Chine. » Détricoter une chaîne de production aussi sophistiquée et efficace ne se fera donc pas sans larmes.
« Il faut se méfier des visions statiques, nuance André Loesekrug-Pietri, président de la Fondation JEDI qui lance en Europe des grands défis technologiques et scientifiques, à l’image de la Darpa américaine, et qui regroupe déjà près de 5 000 scientifiques et dirigeants d’entreprises et start-up. Nous préparons actuellement un challenge sur les puces neuromorphiques qui imitent le fonctionnement du cerveau et sur lesquelles les Européens pourraient rebattre les cartes par rapport aux Américains ou aux Asiatiques ». Mais il faudra du temps pour changer la donne. Au moins dix ans. En attendant, le dragon chinois qui veille la gueule ouverte au bord de la mer de Chine patiente encore un peu avant de gober le confetti taïwanais et ses puces si précieuses désormais à la marche du monde.
Utilisateurs parcourant ce forum: Aucun utilisateur enregistré et 0 invités