Mirdhynn a écrit:"Tout sauf le RN" c'est pas vraiment un projet.
Ca, c'est clair.
Et ça fait de plus en plus coincer les modes de fonctionnement et les habitudes politiques.
On était tombé avec un gouvernement qui travaille avec une majorité relative et là maintenant on va se retrouver dans une cohabitation avec majorité relative.
On voit bien que ça ne fonctionne plus, sauf changement radical et très improbables dans les habitudes politiques françaises et l'instauration d'une culture du compromis et du travail en coalition. Ca se passe comme ça dans certains pays, ça fonctionne plus ou moins bien mais je vois difficilement cette habitude politique se développer sereinement en France, surtout au vu des forces politiques en présence.
Donc oui, ce "tout sauf le RN" mène aujourd'hui à ce qui ressemble bien à une impasse.
Et cette impasse, c'est à nouveau le RN, largement conforté hier (il ne faut pas l'oublier) qui pourrait bien en profiter.
Le problème avec le "Tout sauf le RN", c'est que ce n'est qu'une base sur laquelle il convient de construire quelque chose alors qu'il n'a jamais été appréhendé par le parti qui en profite pour accéder au pouvoir que comme une fin en soi.
"Ce vote m'oblige pour les années à venir" déclarait Macron mais comme tous les autres qui ont profité du barrage contre l'extrême-droite, cette note d'intention est restée lettre morte.
Et ce ne sont pas les déclarations des uns et des autres depuis hier soir qui indiquent que ça va changer.
Bon, en résumé : c'est la merde.
La droite partage la position du RN sur l'insécurité.
La droite partage certaines positions du RN sur les sujets de l'immigration (cf le dernier projet de loi sur l'immigration). Les choses qui la différencie du RN, ce sont les origines du parti (on l'a bien vu cette semaine), et le focus sur l'assimilation à marche forcée plutôt que sur le rejet pur et simple.
Et là où ils diffèrent complètement, c'est sur la politique économique. La droite a toujours dit qu'on devait sortir de cette situation de déficit quitte à en chier (et a perdu pas mal d'élections à cause de ça). Le RN de son coté a toujours poursuivi son coté populiste en promettant tout et n'importe quoi
Ce que tu écris et la manière dont tu l'écris montrent que tu considères le RN comme un parti comme les autres.
Mais l'essence même du front républicain, c'est d'affirmer haut et fort que le RN, c'est l'extrême-droite et que ça ne sera jamais un parti comme les autres.
Certains à droite conservent cette ligne. Mais beaucoup d'autres à droite sont prêts, à des degrés divers, à pactiser avec l'extrême-droite. Mes convictions sont de gauche, je ne m'en cache pas, mais ça ne m'empêche pas de concevoir qu'on ne partage pas ma vision du monde et que d'autres manières de concevoir la société sont possibles et même souhaitables. C'est le jeu de la démocratie. Mais autant j'ai du respect pour la droite qui reste forte sur ses valeurs républicaines et qui refuse l'extrême-droite, autant cette autre droite prête à s'allier à l'extrême-droite franchit pour moi une ligne rouge et se disqualifie complètement et définitivement. C'est un naufrage intellectuel que je trouve rédhibitoire. Parce que l'extrême-droite ne sera jamais représentée par un parti comme les autres.
Et ça, c'est une différence fondamentale entre toi et moi.
Peut être. Ciotti a fait plus de mal que de bien. Mais bon, le NFP va quand même jusqu'au NPA, on a le même comportement dans l'autre sens. Au lendemain des européennes, on était dans une configuration blocs contre blocs Et le NFP a vu le jour en une semaine. Avec le centre réduit à peau de chagrin. Je comprends que le concept d'union des droites ait vu le jour à ce moment là pour faire barrage dans l'autre sens
Le NPA, c'est tout à fait marginal dans l'équation.
"Ca ne résout pas vraiment l'énigme, ça y rajoute simplement un élément délirant qui ne colle pas avec le reste. On commence dans la confusion pour finir dans le mystère."
Denis Johnson - "Arbre de fumée"