J'ai donc lu cet album le W.E. dernier. Premier constat, je vais avoir un regard biaisé dans le sens où si l'on excepte la "déroute" finale, ce fût pour moi comme une madeleine "proustienne"
, je m'explique, l'ambiance dans laquelle flotte le scénario ne m'est pas particulièrement inconnue.
Une mini-ville aux confins du sordide, peuplée de congénitaux aux indicibles, mais multiples, symptomes de malformation génétique. Une mini-ville hantée par le chômage, l'échec, la désertion, la fermeture des petits commerces... Cela au travers du regard de jeunes qui se sentent, se croient, hors norme, tellement installés dans leurs certitudes, leur supériorité supposée... au point de pousser le mal-être aux limites de tendances suicidaires.
Nous suivons donc les pérégrinations de ce groupe et tout y est : fascination pour le mystérieux (mystérieuse dans le cas présent) étranger (dans le sens, n'est pas née au village), attente réelle mais dissimulée de la saturday night fewer, la glauque (quel euphémisme) après-midi du dimanche et surtout, l'ennui quotidien qui rôde. Il faut tuer l'ennui. Pour ce faire, ce sympathique groupuscule de jeunes glande hors du contact avec la norme à la recherche de sensations. Et là, l'auteur connait ses classiques : arrêt de bus en béton tagué perdu dans la nature, bâtiments désaffectés ou dans un état apparenté (avec des "s" car ce n'est pas ce qui manque), sous un pont...
Le tout est agréablement narré avec rythme, si l'on excepte les quelques passages du poid lourd nocturne dont je n'ai pas bien saisi, je l'admets, l'utilité (quelques pages sur un gros bloc comme celui là, qu'est-ce). Autre petit bémol, comme pour le récent "la perdida" de J. Abel, je ne vois pas de nécessité de l'escalade finale, en trop pour moi, alors que l'ensemble se suffisait à lui-même par son incroyable approche d'une certaine réalité.
Mais ne restons pas sur ces bémols. C'est pour moi l'un des très grands albums de l'année. J'ai eu un intense plaisir à le lire, il m'a sorti de ma torpeur dominicale
.
EXCELLENT