
Il est fort possible que ce soit une drogue ou pour le moins, une forme d'addiction. Dix romans pour raconter le commissariat central de Stockholm et les enquêtes du nouvellement nommé commissaire Martin Beck. C'est passionnant, c'est terriblement prenant, on referme un livre pour en ouvrir un autre.
L'Homme au balcon s'ouvre sur une scène d'anthologie. Il y en a au cinéma comme en littérature. Un homme, au balcon, observe Stockholm qui s'éveille. Nous savons d'emblée que c'est de "cet" Homme qu'il s'agit. Celui du titre. Celui qui donne son nom à un roman noir. Alors l'intérêt décuple et la lecture de ce chapitre introductif se fait analyse.
Deux fillettes sont retrouvées mortes à quelques jours d'intervalles dans deux parcs du centre-ville. Stockholm est harassée de chaleur et doit pourtant confiner ses enfants afin d'échapper au tueur. Sjöwall et Wahlöö prennent leur récit dans la chronologie de l'enquête. Les événements se succèdent et l'on ne quitte pour ainsi pas le commissariat.
Etude de mœurs, l'Homme au balcon montre une nouvelle fois que le polar est un formidable observatoire de la société. Il y a ici tout de cette vie scandinave dont le modèle commence à vaciller, dont on se rend compte qu'elle traîne une palanquée d'exclus et de pervers, d'asociaux et toute une classe de déclassés justement, des impondérables que la plus organisée des sociétés peine à circonscrire et à comprendre. Le couple d'auteurs donne ici à voir et à s'interroger sur le monde dans lequel ils évoluaient à l'époque de la rédaction du roman (tiré d'un fait réel de 1964). Encore un très bon roman que ce troisième tome !