Pour relativiser tout de même
"l'audacieuse colorisation" de Vittorio Léonardo, je poste ici un des liens utilisés de manière récurrente par brian addav.
Les gens du studio Léonardo se sont contentés d'appliquer scrupuleusement, sur instructions claires et précises de Morris, le procédé artistique mis au point par le créateur de Lucky Luke pour
Les Rivaux de Painful Gulch, une petite dizaine d'années auparavant.
Pour des explications archi-détaillées sur la pertinence du procédé, elles figurent dans l'article du
zouave interplanétaireCeci étant, je suis tout à fait d'accord pour dire que
Ma Dalton est un excellent opus. Un album qui se doit de figurer dans toute bibliothèque, sauf à être allergique à l'humour et à la BD.
Avant Goscinny et Morris, James Hadley Chase s'était, dès la fin des années 30, inspiré des sinistres exploits de Ma' Barker pour raconter, dans son premier et célèbre roman "No orchids for Miss Blandish" (1939*), où la mécanique de mort tourne à plein régime, l'histoire tragique d'une fille de milliardaire américain enlevée et séquestrée par le gang de M'a Grissom.
A la différence de Ma' Grissom ou de la véritable Ma Barker, Ma Dalton, Blackfrag l'a relevé, suscite l'empathie du lecteur. Au contraire des deux autres, elle n'est pas un chef de gang ; c'est simplement une vieille femme qui a épousé un bandit et eu des enfants, tous bandits à leur tour également. Et comme elle les aime (de façon autoritaire mais tendrement), elle prend leur défense. Goscinny a créé là un personnage à la moralité discutable mais éminemment touchant.
Le génial scénariste doit bien avoir glissé quelques traits de sa propre mère, dans cette Ma Dalton.
(*) En France, ce sera le troisième volume de la Série Noire, en 1946. Aux Etats-Unis, un film sera tourné en 1948 puis un second (le plus connu) en 1971, signé Robert Aldrich. En 1978, Frédéric Dard (San-Antonio) adapte le roman en pièce de théâtre pour son ami Robert Hossein, lequel incarnera l'inquiétant et instable Slim Grissom (le fils fou, qui frappe, drogue et viole Miss Blandish dans le roman), le rôle de M'man Grissom étant tenu par un acteur en la personne de Jean-Marie Proslier (grimé et perruqué pour la circonstance).