Rapide critique totalement subjective à plusieurs voix, puisque cet album a fait l'objet d'une lecture familiale (et super, merci pour la tranche qui a commencé à souffrir
).
Au préalable, le sujet est connu de tous, ce qui gâche un peu le plaisir de l'album. Nous n'avons rien découvert de nouveau, c'est un récit qui à quelques détails près est identique à ceux que nous connaissons.
Comme d'habitude dessin très évocateur, en harmonie avec ce qu'il conte, très précis, dur sans être choquant, c'est ce qui fait sa force.
Le dialogue père-fils nous a un peu gavés, avec le ton revanchard, agressif du gamin tête à claques. Des fois, on a envie de lui dire : "t'y étais pas, ta gueule, laisse causer le vieux".
J'ai trouvé que l'album était un peu chiant, longuet, mais j'admets que c'est peut être lié au fait que je connaissais l'histoire par coeur, en tout cas, cet aspect pénible traduit certainement ce qu'à dû ressentir le père de Tardi: une épreuve interminable.
Je suis la seule à avoir cette impression que je partage avec moi même.
Mon père fait remarquer une grossiereté dans le ton du père qui ne correspond pas au langage de l'époque et encore moins de ce qu'il a lu du vrai langage des carnets de René reproduits dans l'album. Les jeunes n'ont pas relevé.
C'est tout de même un ouvrage de référence pour ceux qui méconnaissent ce pan peu glorieux de notre histoire, un hommage à tous ces prisonniers qui ont perdu jusqu'à 5 ans de leur vie quand c'est pas la vie elle-même, à cause de la bêtise des décideurs politiques et militaires qui, eux, sont restés bien au chaud. C'est un rappel citoyen, qui nous incite à ne pas s'endormir quand les politiques font n'importe quoi. Certes, il y a plus vraiment de guerre au sens militaire, la guerre a pris d'autres formes, notamment sociales et économiques, qui maltraitent des millions de gens au nom du confort d'une minorité. C'est tout l'engagement de Tardi dans ses dernières oeuvres, 14-18, puis 39-45, de nous obliger à nous souvenir des souffrances de nos anciens, à nous rappeler quel mal nos dirigeants peuvent nous faire et nous inciter à faire attention pour pas que ça se reproduise, sous aucune forme.
Bravo, monsieur Tardi, malgré quelques défauts. C'est une oeuvre de salut public. Elle nous a fait débattre, parler, parfois nous quereller et pour toutes ces raisons, nous serons à vos côtés pour le T2.
PS: C'est fou ce que la joie de Noël me rend optimiste...