superboy a écrit:J'aime bien ton analyse de l'emprisonnement par Aster de son adversaire Brian, mais selon moi, cette planche ne fonctionne absolument pas.
T'as le droit, ça ne me pose pas pb
superboy a écrit:D'une part, la mise en page est problématique. Avec ses quatre bandes horizontales, elle invite le lecteur à balayer chacune de gauche à droite avec retour à la ligne systématique. Or, dans les deux bandes du milieu, cela crée un conflit avec le sens de lecture des cases concernant la membre de Team Fortuna qui se lisent toutes les trois en fonction du mouvement de la balle de droite à gauche. Le fait que l'on suive en alternance deux balles voyageant à l'opposé l'une de l'autre ne fait qu'ajouter à la confusion de la mise en scène.
Et pour éviter les confusions, l'auteur a balisé le chemin que doit parcourir ton oeil pour lire ces cases. C'est l'image que j'ai mises avec les traits bleus.
Il y a d'une part l'ordre des cases, pour la lecture, 1, 2, 3, 4, ok, mais aussi comment on passe d'une case à l'autre en suivant les masses, les ombres, les lignes de direction (non pas de mouvement, mais de composition) :
Le passage de la case 1 à la case 2 se fait via la masse d'ombre sur le sac sur le toit. En le suivant, on aboutis à la case 2, avec le corps de l'héroïne qui est décalé sur la droite, qui nous oblige à aller voir la balle à gauche, dans le sens inverse de la lecture, pour ensuite reprendre la lecture et être dans le sens de la balle, arriver en case 3 qui la case centrale de la composition, cad de la planche, et de la scène elle-même, c'est un climax va-t-on dire car là on sait que la partie est jouée. On sait que la nana va se faire toper.
Et avec son "flingue", on repart en case 4 dans le sens de lecture.
Et ainsi de suite. Il y a l'action et il y a ce que l'auteur veut nous en montrer et comment il le met en scène, et surtout comment il nous amène.
superboy a écrit:D'autre part, toujours dans ces deux bandes intermédiaires, Merwan utilise deux techniques narratives qu'il ne parvient pas à rendre complémentaires. Dans les première et dernière cases, c'est le mouvement qui est figuré par le déplacement des balles et des personnages. Dans les autres cases prises en sandwich, au contraire, c'est le caméra qui se déplace autour d'objets et personnages figés. En brouillant ainsi le mouvement, ce mélange rend impossible la compréhension instantanée de l'action qui aurait pourtant été nécessaire à l'impact dramatique de l'événement narré.
C'est là où je ne suis pas d'accord.
Déjà la caméra se déplace tout le temps. Y compris dans les cases 1 et 8. Elle se déplace constamment. Le truc qui change c'est la distance à laquelle on est. Mais il n'y a pas deux techniques narratives. C'est la même technique.
Le seul truc qui change, c'est la distance de prise de vue et l'absence de cadre aux première et dernière cases.
Mais c'est la même technique.
Et dans les cases des deux bandes du milieu, il y a du mouvement. Les persos ne sont pas figés.
J'ai démontré que leurs "poses" évoluaient.
C'est le même principe pour toutes les cases. Le mouvement vient de la succession des cases, le fameux laps de temps entre les cases qui permet au cerveau d'imaginer le mouvement. Le sel de la BD quoi.
superboy a écrit:La clé de compréhension permettant de déchiffrer cette planche, se sont les petits traits noirs derrière les balles suggérant d'où elles viennent, mais cet artifice n'est qu'un faible pis-aller aux lignes de vitesse caractéristiques du manga, bien plus organiques et intuitives que ce dispositif bâtard. Trop voyant pour n'être qu'un hasard mais trop discret pour être efficace, c'est à mon avis l'aveu d’échec de l'auteur à rendre dynamique sa mise en scène et obligé de glisser un indice visuel grossier en espérant que le lecteur sache l'interpréter intellectuellement, à défaut de le plonger viscéralement dans l'action.
ça pour moi c'est du ressenti.
Et ce n'est absolument pas un dispositif bâtard. C'est de la bd pure et simple. Tu retrouves les mêmes trucs chez Tintin, chez Little Nemo, chez Tezuka, etc...
Et on pourrait aller plus loin en terme de compo. En terme de masse avec l'équilibre 1/3 de plein, 2/3 de vide. Avec l'interprétation des couleurs (primaire,s opposées), en cherchant bien, on doit même pouvoir glisser avec plein de mauvaise foi du nombre d'or
Et en terme de mise en scène, le côté schizo des changements d'angle et de prise de vue a un côté Uderzien assez amusant.
Et c'est pour moi foutrement plus intéressant qu'une bd où l'on va modéliser la scène en 3D et balancer X vues de cette même scène pour faire genre.