yannzeman a écrit:Cabarezalonzo a écrit:Ah oui. J'avais mal compris. Au temps pour moi.
Non non, pas de souci, mes écrits n'étaient pas clair.
Mais en tout cas, entre les 1ers dessins de Godard en temps que professionnel, et "Tim et Antim", il y a un gouffre.
Et sur ce point, le texte de l'intégrale n'est pas clair.
je n'ai pas bien compris si Godard a reçu les conseils d'un maitre (type Greg) ou s'il s'est vraiment développé tout seul.
Godard a réalisé toute une série d'entretiens très poussés avec Numa Sadoul qui sont repris dans le magazine Schtroumpf/Cahiers de la bande dessinée, justement mentionné plus haut parmi la remarquable documentation de Cabarezalonzo, et si tu veux en savoir plus je te recommande vraiment de lire ces entretiens pour avoir une idée plus précise de cette période (qui n'est que survolée dans le dossier de l'Intégrale) car il y parle en détail de ses influences et de son parcours. Il a souvent évoqué son admiration pour Uderzo, Jack Davis et Franquin, mais n'a de son propre aveu jamais suivi de cours de dessin ni eu de "maître" et il est tout à fait autodidacte.
Il me semble que les raisons principales de l'évolution de son style sont à chercher parmi les suivantes (dans quelles proportions, à chacun de se faire sa conviction !) :
-au début de sa carrière, Godard dessine pour des raisons purement alimentaires sans songer à en faire un vrai métier - son rêve est de devenir auteur de romans policiers.
-Il est interrompu longuement quand il est mobilisé. Il doit refaire tout le parcours pour retrouver des contacts professionnels comme dessinateur à son retour (c'est là qu'il rencontre Goscinny, qui lui proposera du travail sur des séries comme Lili Mannequin, et en retour, il fera par la suite accepter Goscinny chez Vaillant, et ils bosseront ensemble une bonne quinzaine d'années en comptant les années Pilote).
-Par ailleurs, il fait de la culture physique intensive en salle chaque jour.
Puis il se rend compte que la pratique du sport lui ruine les mains pour le dessin et l'empêche de progresser, et il se refuse à tronquer un de ses romans pour "rentrer dans le moule" de l'édition de polars et se faire accepter dans la Série Noire.
A partir de là il arrête le sport intensif, son ambition de produire de la littérature policière passe au second plan, même s'il continue par la suite à produire quelques romans noirs. Il se consacre alors au dessin à temps presque complet et c'est quand il entre à Vaillant en 1957 qu'il commence à trouver son style avec la série "Gil Bagout", puis "Pipsi" et "Tonton Lachance" (séries sympatoches dans lesquels il y a déjà pas mal de gags annonciateurs de "Toupet").
Pour ce qui est de son rapport avec Greg, ils étaient manifestement très amis, et travaillaient sur un pied d'égalité en toute confiance comme il le relate lui-même ici (pardon si le lien a déjà été posté dans ce fil de discussion):
http://christiangodard.canalblog.com/archives/2017/04/10/35155338.html