Cet été, j’avais prévu de lire à la cool pendant mes vacances, qui comportaient au début plusieurs étapes plus ou moins longues suivies d’un séjour plus posé à la fin.
J’étais donc partagé entre 2 choix de lecture possibles :
- soit me lancer dans une œuvre fleuve, de type gros pavé ou série de romans, qui me ferait tout l’été, dans laquelle il serait facile de se plonger chaque soir sans perdre le fil,
- soit débuter tranquillement par un recueil de nouvelles, textes courts que je pourrais enchaîner rapidement, et terminer par un bouquin un peu plus consistant.
J’ai finalement opté pour la deuxième solution, en entamant
La fabrique des lendemains de
Rich Larson...
« Et là, c’est le drame… » ![[affraid]](./images/smilies/affraid.gif "effroi")
Parce que les nouvelles (nombreuses : 28 !) de cet auteur, ne sont pas de simples historiettes, lectures de plage ou de soirs d’hôtels, vites lues, vite oubliées (même si certaines ne font que quelques pages), non, non, non…
Chacune (si on met de côté une seule erreur de casting) s’est révélée être une pépite, un échantillon chimiquement pur de SF intelligente et exigeante, qui demande à son lecteur un investissement de départ dans l’exploration vertigineuse de son micro-univers, ciselé précieusement en quelques lignes, quelques mots à peine, avant de le récompenser par des émotions profondes et crues à la fois.
Les amateurs de SF percevront quelques références et clins d’oeil, des inspirations plus ou moins explicites et prestigieuses, qui aident à ancrer ces textes dans l’imaginaire partagé tout en le dépoussiérant, comme une nouvelle façon de rêver une mythologie commune, de nouveaux sentiers dans une forêt domestiquée ou une ville rebattue, qui ouvriraient des perspectives insoupçonnées, s’ouvriraient soudainement sur l’ailleurs ; mieux encore, certains textes se répondent, comme des suites esquissées ou des échos ; l’impression même, parfois, d’aborder un univers commun, à des époques différentes, qu’une trame commune est possible. Mais cela est-il dû aux intentions de l’auteur ou aux aspirations inconscientes du lecteur, s’ajoutant au vertige ?
"Et si… ?"Les thèmes abordés sont dominés par l’anticipation, à tendance cyberpunk, voie post-apo, mais quelques voyages dans le temps et l‘espace offrent des voyages inédits. Dans un concentré de sense of wonder, ce recueil transporte le lecteur avant de le bouleverser par l'universalité et la profondeur de ses réflexions si humaines.
Avec un tel chef d’œuvre, il m’a été impossible d’enchaîner rapidement les textes proposés. Chaque nouvelle m’a emmené tellement loin, en immersion tellement profonde que je me suis retrouvé 28 fois dans cet état post-roman bien connu (j’ai failli écrire « post-traumatique »
) lorsqu'il m'est impossible d’embrayer directement sur un autre livre, et où, d’habitude, je décompresse en lisant une BD ou deux afin de faire une pause.
Ce fut là mon « drame » cet été : lire un seul bouquin pendant les vacances.
Mais avec le recul, quelle lecture ! Quel livre !
Merci à l’auteur !
Rich Larson est grand…
