Par remettre de l'ordre, j'entendais arrêter la multiplication des projets qui partent dans tous les sens, et qui justement dénaturent le personnage.
Je ne suis pas opposé au modèle des vus par..., qui nous a d'ailleurs gratifié de beaux albums, mais force est de reconnaitre qu'on s'y perd un peu dans toutes ces déclinaisons du personnage, au point que la série principale est désormais reléguée au second rang, alors même qu'à mon goût, le dernier album sorti est franchement bon.
D'ailleurs, La mort de Spirou est sorti sous un format classique, ce qui me convient très bien, alors que toutes les autres déclinaisons de Spirou, les vus par..., Champignac, La bête, etc... sortent tous dans des formats originaux, de grande taille, plus luxueuse, et accessoirement plus chers.
Si nous mêmes, assez bons connaisseurs de la série nous y perdons, j'imagine que le "grand public" (je n'aime pas trop ce terme) doit être complètement perdu.
Il me semble bien que c'est l'éditeur qui a décidé de remettre de l'ordre dans la série, en freinant un peu les vus par..., en imaginant une série What if (quel nom horrible), en faisant de mademoiselle J une série désormais totalement indépendante. Nous n'entendons plus parler non plus de Supergroom (ce n'est pas un mal en ce qui me concerne), ni de Zorglub (pas une grande perte non plus). Le manga Spirou n'ira pas plus loin que ce qui a été publié dans le journal.
La série principale devrait au contraire reprendre sa place justement principale.
(tu vois, j'assume mon côté assez tranché dans mes avis
)
Au-delà des considérations éditoriales qui sont toujours un peu mystérieuses, je n'ai justement pas envie que Spirou devienne un Batman franco-belge.
Pour répondre à ta question sur ce qu'est Spirou, ce n'est par exemple pas ça :
Concernant l'illustration publiée par Jocelyn Joret, je ne préjuge pas du tout de l'investissement des auteurs, encore moins du scénario, mais que ce soit sous Franquin, Tome & Janry ou d'autres, Spirou c'est l'aventure d'un vieux copain, l'aventure qui survient au coin de la rue ou bien à l'autre bout du monde. L'aventure en phase avec son époque, qui en évoque les enjeux mais sans être moralisatrice (le principal écueil de Vehlmann). L'aventure qui fait rêver, qui émerveille, qui fait rire. L'aventure "tout public", bon enfant, qui ne prend pas les enfants pour des nigauds, mais qui ravi aussi les enfants devenus grands. L'aventure intemporelle aussi, dans le sens où les albums sont indémodables. Un Spirou, c'est un classique de la BD franco-belge, pas un laboratoire expérimental. Une série qui évolue par petites touches, et à ce titre, Machine qui rêve d'ailleurs serait en réalité le premier vu par..., tout aussi talentueux qu'étaient Tome & Janry. Chaque album apporte donc sa pierre à l'édifice, continue de construire son univers. De nouveaux personnages apparaissent, non pas parce que de nouveaux auteurs veulent absolument imposer leur marque, mais pour les besoins de leur scénario. D'autres personnages s'effacent aux contraire, au moins pour un certain temps, car n'étant pas ou plus nécessaires.
Je ne souhaite pas qu'une aventure de Spirou ait des figues imposées, qui seraient par exemple une étape obligée à Champignac en Cambrousse, une apparition du Conte de Champignac, un voyage en turbotraction, un reportage de Seccotine, ou bien une évocation des nazis (!).
Bref, je pourrais développer encore un peu plus, mais Spirou, l'esprit Spirou, c'est cela en ces quelques mots pour moi.
Je suis bien entendu ouvert à d'autres visions, et de toute manière, quoiqu'il en soit, c'est bien l'éditeur qui décide ce qu'il en fait et ce qu'il en fera !