Olaf Le Bou a écrit:
Ok, alors trouve moi un collège privé dans la banlieue nord d'une ville ouvrière en deshérence, avec une population mêlant immigrés récents et cas sociaux congénitaux, et des profs débutants pour instruire ce petit monde, à 30 par classe seulement, soyons magnanimes. Et bien sur, obligation de garder les fauteurs de troubles.
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Si j'ai envie de le créer et de donner cette chance à ces gens plutôt que de les laisser patauger dans une administration qui est trop loin d'eux et qui ne les prends pas en considération, c'est justement parce que ça n'existe pas!
Quand j'étais au collège, on était aussi 30 par classe. Personne ne bronchait. Pourquoi ? Parce que lorsqu'il y en avait un qui faisait le bordel, c'était renvoi de cours, 2h de colle (copie du règlement, des verbes irréguliers d'Anglais, ou ramassage des feuilles mortes dans la cour ; au choix). Avec obligation de présenter des excuses au prof avant de revenir en cours au créneau suivant. Pour autant, l'ambiance était bonne et c'était agréable justement parce qu'on apprenait aux enfants le respect. Une fois que ce truc là est passé, tout allait au top car on était débarrassé de toute les velléité de mettre le bordel qu'on peut avoir à cet âge là. Alors on peut s'amuser sans nuire aux autres.
Si on est en train de me dire "ah mais c'est normal, ils n'ont pas d'éducation civilisée, ils ne connaissent pas le respect et on les met à 30 par classe, il faut les comprendre, c'est normal qu'ils soient turbulents" (d'accord, c'est pas leur faute si les parents ne leur ont pas appris le respect) mais qu'en parallèle, on ne se donne aucun moyen de leur apprendre justement ce respect parce que l'administration tentaculaire leur paraît un truc abstrait intouchable où tout est permis, évidemment que rien ne va changer... S'il n'ont pas de sanction et d'esprit de "proximité" et de gestion "à taille humaine" qu'on peut trouver dans le privé, rien ne peut changer. Un irrespectueux sans garde fou sera même amené à le devenir de plus en plus!
Je ne parle pas de niveau scolaire (parce que là, c'est vraiment pas de leur faute à ceux qui ont de la difficulté, c'est à l'école de les aider, elle est là pour ça et c'est à ça que je pense lorsque je prend parti pour la répartition des établissement ou des classes par niveau mais en y mettant vraiment les moyens -- pas comme maintenant!) mais d'une question simple de discipline et de respect. Je trouve ça dingue que dans le privé, on puisse être à 30 par classe et entendre une mouche voler si le besoin s'en fait sentir et que dans le public, quand un gosse est turbulent, personne ne le corrige. Et là je ne m'en prend pas aux profs mais bien à leur hiérarchie! Ils ne sont pas responsables des moyens qu'on ne leur donne pas!
Quant aux parents, je suis convaincu que s'ils ont délibérément décidé de laisser à une école en manque de moyens la charge [difficile!] de s'occuper de la civilité de leur môme en oubliant que c'était un de leur devoir le plus important (les profs ne sont normalement pas responsables de ça!), bizarrement, je suis sûr que sous la menace de suppression de certaines aides, on verrait apparaître bien plus de fermeté de leur part... Ne serait-ce que pour l'assiduité en cours... j'ai toujours été effaré de voir avec quelle facilité, quand j'étais au lycée (et que j'avais des copains dans le public) ceux ci pouvaient sécher ce qu'ils voulaient. En dehors d'une raison médicale [certificat à l'appui], c'était impossible pour nous. Si on laisse choisir à un lycéen entre la glande ou le travail, évidemment qu'il choisirai la glande, moi y compris, c'est tellement plus facile...
J'entends déjà certains me répondre que c'est un discours de vieux réac, mais au nom du bon sens commun, qu'est-ce qu'on peut faire d'autre dans ces cas là ? Laisser ces gosses faire ce qu'ils veulent dans une administration qui les laisse tout faire? (surtout parce qu'elle ne s'en donne pas les moyens !) Il faut m'expliquer ce que vous avez en tête pour pallier à tout ça ? Avec les moyens budgétaires qu'on a (qui sont pas faramineux!), je serais très curieux de voir vos solutions au problème. Je pense que si ces enfants étaient placés dans une structure privée à taille humaine (avec tout ce que ça implique, et évidemment créée nouvellement dans leur coin puisque ça n'existe pas), payée par l'Etat, celui ne gérant plus lui même l'enseignement, on aurait des économies qui en découleraient et une meilleure politique du résultat, qui est totalement absente de l'institution publique.
J'ai bien envie de débattre de tout ça, mais sur ce que vous me proposez d'autre pour répondre aux mêmes problèmes (évidemment : avec le budget qu'on a ; sinon c'est trop facile de proposer des trucs grandioses). Pas la peine de me répondre ad hominem "ah mais tu es ceci ou cela", ça ne m'intéresse pas. Par contre, je suis intéressé de débattre ouvertement des faits.
Sinon, pour finir, concernant l'étude qui concluait qu'avec un euro, le privé fait davantage de choses que le public en terme d'économie financière, de gestion et de résultats de l'élève, je ne retrouve plus l'étude que j'avais lue, mais en cherchant un peu, on en retrouve une autre du même acabit, à travers cet article, par exemple :
http://www.contrepoints.org/2011/07/04/ ... e-le-prive . C'est quelque chose qui me semble assez connu et dont j'entends parler depuis quand même pas mal de temps ; un genre de secret de polichinelle...