Sarkozy : sa politique du logement
Ecrit par Christophe Baillon mardi, 26 septembre 2006 15:52
Sarkozy veut permettre à chacun d'être propriétaire
"Permettre à chacun d'être propriétaire", ce sont les mots
de Nicolas Sarkozy, quelques peu utopiques, voir même chimériques, qu'il
proclama lors de la convention pour la France d'après, contre la précarité.
Le président de l'UMP commence par se féliciter d'avoir redonné un dynamisme
record à la construction en ayant permis la mise en chantier de 450.000
logements pour l'année 2006, alors qu'en 2001 ce chiffre plafonnait à
300.000.
La mobilisation de son gouvernement concernant l'incitation à
l'investissement locatif, le prêt à taux zéro, le plan de cohésion sociale, le plan de
rénovation urbaine, est, dit-il, à l'origine de ce résultat très encourageant.
Toutefois, Nicolas Sarkozy tempère son contentement en reconnaissant
qu'en dépit de cette mobilisation, la situation du logement demeure
préoccupante pour beaucoup de Français, qui peinent à percevoir les
résultats du travail de sa famille politique.
Reconnaissant que les prix de l'immobilier se sont littéralement envolés,
et que les loyers progressent chaque année deux fois plus vite que
l'inflation, sans parler de l'impact de l'augmentation des prix de l'énergie, le candidat
UMP autoproclamé à la présidentielle fait le point sur la situation
du logement et ses incohérences, et tente de proposer des solutions
radicales pour y remédier, avec un discours toujours plein de hâbleries,
tout en sachant décorer son argumentation d'humilité et de modestie savamment dosée
avec une habileté déconcertante, lui conférant l'impression de crédibilité
et le charisme qu'on lui connait.
Nicolas Sarkozy reconnait tout d'abord que louer un logement est un
parcours du combattant, tant les exigences des bailleurs tendent à se durcir. Les
écarts de loyers entre le monde HLM et le parc locatif privé sont tels qu'une fois
entré dans le parc social, on n'en sort plus dit-il. A Paris, un
logement social ne change de locataire qu'une fois tous les 20 ans en moyenne. 100.000
personnes vivent en camping à l'année, et chaque jour 50.000 personnes
dorment à l'hôtel, faute d'avoir trouvé mieux, ajoute-t-il. Le rêve de
l'accession à la propriété fait ainsi figure de mirage pour beaucoup trop
de français. Devenir propriétaire de sa maison ou de son appartement pour
y loger sa famille, préparer sa retraite, laisser quelque chose à ses
enfants, est devenu inatteignable.
Sarkozy tente alors d'identifier les raisons de la crise. L'augmentation
de la demande, qui se nourrit du vieillissement de la population, des
séparations conjugales, la diminution de la taille des ménages n'a pas été
anticipée. On prévoyait que la taille moyenne des ménages français serait
de 2,4 personnes pour la décennie 2000/2010, elle est en fait de 2,3
selon le recensement de 2004. Cela peut paraitre insignifiant, mais cela
représente un déficit de 700.000 à 1 million de logements.
Vient ensuite le moment de l'attaque politique en direction des
socialistes :
" Le projet socialiste, c'est de couvrir la France de HLM et de faire
entrer tous les Français dans le logement social. Construction de 120
000 logements sociaux chaque année ; sanctions renforcées contre les
communes qui ne respectent pas le seuil de 20% de logements sociaux ; «
bouclier logement » pour ceux qui sont logés dans le logement social.
Voilà le projet socialiste."
"Notre projet, c'est de donner aux plus de ménages possible, l'autonomie
et surtout le choix, en particulier le choix de devenir propriétaire
parce que la propriété est la meilleure des protections contre la
précarité."
Sarkozy passe ensuite aux propositions.
La première des priorités est de libérer des terrains disponibles
pour la construction, car la première raison de la crise est le
déséquilibre entre offre et demande. Il faut également déplacer les
zones industrielles en dehors des villes, et mettre en place une fiscalité
incitative à la vente de terrains constructibles plutôt qu'à la spéculation
foncière.
La deuxième priorité est de permettre à tous ceux qui le souhaitent de
devenir propriétaire, en particulier dans les milieux populaires.
Pour y parvenir, Nicolas Sarkozy veut prendre exemple sur les américains
et les britanniques, en utilisant massivement le crédit hypothécaire, afin de
garantir les crédits sur l'existence du bien plutôt que sur la personne, en
changeant les règles prudentielles imposées aux banques, simplifiant le
recours à l'hypothèque et en en réduisant le coût.
La création d'un prêt foncier à taux zéro est également évoquée, tout comme
la fixation d'une obligation annuelle de vente de 1% du parc social,
soit 40.000 logements par an, au lieu des 6000 actuels.
Pour éviter aux classes moyennes et modestes de supporter des charges de
remboursement trop lourdes, le président de l'UMP veut étudier la
réintroduction d'un crédit d'impôt sur les intérêts des crédits immobilier.
Autre proposition, celle de créer un système d'assurance mutualisé
permettant à une personnes gravement malade de pouvoir contracter un
emprunt.
Pour concilier accession à la propriété et besoin de mobilité, Sarkozy
ne veut pas qu'un déménagement professionnel soit un obstacle, et propose
donc que soient supprimés les droits de mutation en cas de déménagement pour
motif professionnel.
Sa troisième priorité se situe du côté des étudiants, en proposant
des avantages fiscaux aux bailleurs qui acceptent de louer leur bien à
des étudiants, et doter les universités de campus dignes de ce nom.
La fiscalité, c'est quasiment uniquement par ce biais que Sarkozy entend
régler tous les problèmes. Ce dernier voudrait créer un cadre fiscal unique,
incitant à l'investissement locatif. Entre autres, ceux qui louent à des
personnes modestes dans des conditions de bail particulièrement favorables
seraient ainsi plus aidés que ceux qui louent aux conditions du marché.
Prétextant le respect de la loi en démocratie, Sarkozy voudrait que
la justice puisse intervenir rapidement si les droits du propriétaire
sont bafoués par un locataire de mauvaise foi. Il propose également que
le propriétaire puisse se prémunir des risques locatifs par une garantie à
coût réduit. En échange de cela, il convient de trouver les conditions
de la suppression du dépôt de garantie de deux mois.
En ce qui concerne les logements sociaux, Nicolas Sarkozy voudrait moduler
les loyers dans le parc social en fonction des revenus du locataire.
Concernant le droit au logement, en bon libéral, Nicolas Sarkozy réfute
totalement l'utilité de réquisitionner les logements vacants. Ce dernier
affirme même qu'il n'y a plus rien à réquisitionner, à part des logements
inhabitables. Cette affirmation est en totale contradiction avec le rapport
publié récemment par l'UNPI (Union Nationale de la Propriété
Immobilière) qui indique qu'il y aurait plus de 2 millions de logements vacants en France.
Pour Nicoals Sarkozy, rendre le droit au logement opposable, c'est
développer une offre abondante de logements, à tous les niveaux de la
chaîne, et faciliter le passage d'un statut d'habitation à l'autre au fil
de la vie, au gré des besoins.
Des mots sans grande signification concrète.
En conclusion, Nicolas Sarkozy fait des propositions concrètes pour une
réforme de la politique du logement, en se basant très largement sur l'aménagement
de la fiscalité. Les logements vacants ne semblent pas être un problème
grave à ses yeux. Avec un discours solennel, il nous donne l'impression
de prendre acte de la gravité de la situation, mais ses propositions
auraient-elles un impact si elles étaient appliquées ? Une politique basée
principalement sur des incitations est-elle suffisante ?
Sarkozy : sa politique du logement
Ecrit par Christophe Baillon mardi, 26 septembre 2006 15:52
Sarkozy veut permettre à chacun d'être propriétaire
"Permettre à chacun d'être propriétaire", ce sont les mots
de Nicolas Sarkozy, quelques peu utopiques, voir même chimériques, qu'il
proclama lors de la convention pour la France d'après, contre la précarité.
Le président de l'UMP commence par se féliciter d'avoir redonné un dynamisme
record à la construction en ayant permis la mise en chantier de 450.000
logements pour l'année 2006, alors qu'en 2001 ce chiffre plafonnait à
300.000.
La mobilisation de son gouvernement concernant l'incitation à
l'investissement locatif, le prêt à taux zéro, le plan de cohésion sociale, le plan de
rénovation urbaine, est, dit-il, à l'origine de ce résultat très encourageant.
Toutefois, Nicolas Sarkozy tempère son contentement en reconnaissant
qu'en dépit de cette mobilisation, la situation du logement demeure
préoccupante pour beaucoup de Français, qui peinent à percevoir les
résultats du travail de sa famille politique.
Reconnaissant que les prix de l'immobilier se sont littéralement envolés,
et que les loyers progressent chaque année deux fois plus vite que
l'inflation, sans parler de l'impact de l'augmentation des prix de l'énergie, le candidat
UMP autoproclamé à la présidentielle fait le point sur la situation
du logement et ses incohérences, et tente de proposer des solutions
radicales pour y remédier, avec un discours toujours plein de hâbleries,
tout en sachant décorer son argumentation d'humilité et de modestie savamment dosée
avec une habileté déconcertante, lui conférant l'impression de crédibilité
et le charisme qu'on lui connait.
Nicolas Sarkozy reconnait tout d'abord que louer un logement est un
parcours du combattant, tant les exigences des bailleurs tendent à se durcir. Les
écarts de loyers entre le monde HLM et le parc locatif privé sont tels qu'une fois
entré dans le parc social, on n'en sort plus dit-il. A Paris, un
logement social ne change de locataire qu'une fois tous les 20 ans en moyenne. 100.000
personnes vivent en camping à l'année, et chaque jour 50.000 personnes
dorment à l'hôtel, faute d'avoir trouvé mieux, ajoute-t-il. Le rêve de
l'accession à la propriété fait ainsi figure de mirage pour beaucoup trop
de français. Devenir propriétaire de sa maison ou de son appartement pour
y loger sa famille, préparer sa retraite, laisser quelque chose à ses
enfants, est devenu inatteignable.
Sarkozy tente alors d'identifier les raisons de la crise. L'augmentation
de la demande, qui se nourrit du vieillissement de la population, des
séparations conjugales, la diminution de la taille des ménages n'a pas été
anticipée. On prévoyait que la taille moyenne des ménages français serait
de 2,4 personnes pour la décennie 2000/2010, elle est en fait de 2,3
selon le recensement de 2004. Cela peut paraitre insignifiant, mais cela
représente un déficit de 700.000 à 1 million de logements.
Vient ensuite le moment de l'attaque politique en direction des
socialistes :
" Le projet socialiste, c'est de couvrir la France de HLM et de faire
entrer tous les Français dans le logement social. Construction de 120
000 logements sociaux chaque année ; sanctions renforcées contre les
communes qui ne respectent pas le seuil de 20% de logements sociaux ; «
bouclier logement » pour ceux qui sont logés dans le logement social.
Voilà le projet socialiste."
"Notre projet, c'est de donner aux plus de ménages possible, l'autonomie
et surtout le choix, en particulier le choix de devenir propriétaire
parce que la propriété est la meilleure des protections contre la
précarité."
Sarkozy passe ensuite aux propositions.
La première des priorités est de libérer des terrains disponibles
pour la construction, car la première raison de la crise est le
déséquilibre entre offre et demande. Il faut également déplacer les
zones industrielles en dehors des villes, et mettre en place une fiscalité
incitative à la vente de terrains constructibles plutôt qu'à la spéculation
foncière.
La deuxième priorité est de permettre à tous ceux qui le souhaitent de
devenir propriétaire, en particulier dans les milieux populaires.
Pour y parvenir, Nicolas Sarkozy veut prendre exemple sur les américains
et les britanniques, en utilisant massivement le crédit hypothécaire, afin de
garantir les crédits sur l'existence du bien plutôt que sur la personne, en
changeant les règles prudentielles imposées aux banques, simplifiant le
recours à l'hypothèque et en en réduisant le coût.
La création d'un prêt foncier à taux zéro est également évoquée, tout comme
la fixation d'une obligation annuelle de vente de 1% du parc social,
soit 40.000 logements par an, au lieu des 6000 actuels.
Pour éviter aux classes moyennes et modestes de supporter des charges de
remboursement trop lourdes, le président de l'UMP veut étudier la
réintroduction d'un crédit d'impôt sur les intérêts des crédits immobilier.
Autre proposition, celle de créer un système d'assurance mutualisé
permettant à une personnes gravement malade de pouvoir contracter un
emprunt.
Pour concilier accession à la propriété et besoin de mobilité, Sarkozy
ne veut pas qu'un déménagement professionnel soit un obstacle, et propose
donc que soient supprimés les droits de mutation en cas de déménagement pour
motif professionnel.
Sa troisième priorité se situe du côté des étudiants, en proposant
des avantages fiscaux aux bailleurs qui acceptent de louer leur bien à
des étudiants, et doter les universités de campus dignes de ce nom.
La fiscalité, c'est quasiment uniquement par ce biais que Sarkozy entend
régler tous les problèmes. Ce dernier voudrait créer un cadre fiscal unique,
incitant à l'investissement locatif. Entre autres, ceux qui louent à des
personnes modestes dans des conditions de bail particulièrement favorables
seraient ainsi plus aidés que ceux qui louent aux conditions du marché.
Prétextant le respect de la loi en démocratie, Sarkozy voudrait que
la justice puisse intervenir rapidement si les droits du propriétaire
sont bafoués par un locataire de mauvaise foi. Il propose également que
le propriétaire puisse se prémunir des risques locatifs par une garantie à
coût réduit. En échange de cela, il convient de trouver les conditions
de la suppression du dépôt de garantie de deux mois.
En ce qui concerne les logements sociaux, Nicolas Sarkozy voudrait moduler
les loyers dans le parc social en fonction des revenus du locataire.
Concernant le droit au logement, en bon libéral, Nicolas Sarkozy réfute
totalement l'utilité de réquisitionner les logements vacants. Ce dernier
affirme même qu'il n'y a plus rien à réquisitionner, à part des logements
inhabitables. Cette affirmation est en totale contradiction avec le rapport
publié récemment par l'UNPI (Union Nationale de la Propriété
Immobilière) qui indique qu'il y aurait plus de 2 millions de logements vacants en France.
Pour Nicoals Sarkozy, rendre le droit au logement opposable, c'est
développer une offre abondante de logements, à tous les niveaux de la
chaîne, et faciliter le passage d'un statut d'habitation à l'autre au fil
de la vie, au gré des besoins.
Des mots sans grande signification concrète.
En conclusion, Nicolas Sarkozy fait des propositions concrètes pour une
réforme de la politique du logement, en se basant très largement sur l'aménagement
de la fiscalité. Les logements vacants ne semblent pas être un problème
grave à ses yeux. Avec un discours solennel, il nous donne l'impression
de prendre acte de la gravité de la situation, mais ses propositions
auraient-elles un impact si elles étaient appliquées ? Une politique basée
principalement sur des incitations est-elle suffisante ?