Et bin toi aussi relis mes propos.
J'ai dit que ton article était intéressant mais qu'il ne s'intéressait, ne visait qu'une couche de la population, celle qui achète.
Ben non. Puisque la seconde partie, bougre de bougre, parle des lecteurs. Pas de ceux qui achètent, mais ceux qui lisent. C'est écrit en toutes lettres, et de vouloir limiter l'article au seul regard sur les acheteurs, c'est limite malhonnête.
C'est un point de vue, pourquoi pas, c'est intéressant pour savoir qui achète de la bd, et c'est très bien fait, mais "valider", "juger" le côté populaire de la bande dessinée uniquement par ce point de vue est quelque peu facile, et surtout oublie un point important :
[*] l'âge moyen du lecteur bd.
La bd, et c'est ce dont les tenants du mythe de la bd comme art regrette le plus, est considérée par les médias non connaisseurs comme avant un truc pour gamins.
Pourquoi ?
Tout simplement parce que les plus gros lecteurs de bd, en proportion dans la société, ne sont pas les plus de 15 ans, mais bien les gamins qui lisent des bds à l'école, au collège, dans les biblis de l'éducation nationale, qui lisent des bds dans les biblis municipales, qui lisent des bds dans la presse jeunesse, qui lisent les bds de leurs copains ou de leurs papas.
Là, vu sous cet angle, le déni d'une bd popluaire ne tient plus.
Ben en fait, pas forcément. D'une part, l'idée que populaire = gamin est assez douteuse.
D'autre part, les quelques études que l'on peut trouver montrent que 1. les moins de 15 ans ne lisent pas massivement de la bande dessinée (en fait, on serait plutôt dans les 50-50), et que 2. pour les plus de 15 ans, la lecture de la bande dessinée reste importante jusqu'à 35 ans, et marque véritablement le pas pour les tranches au-dessus de 45 ans. Donc globalement, et encore à contre-courant, on n'a pas une bande dessinée qui serait lu massivement par les jeunes et abandonnées ensuite, mais plutôt un continuum de lecteurs jusqu'à 35-40 ans.
Sinon, il est vrai que quelques études ont noté une sorte de désintéressement de la bande dessinée chez les lycéens / étudiants par rapport aux écoliers, mais sans creuser ce qui se passe après. Or, lycéens et étudiants sont souvent dans des situations où le temps libre est de plus en plus contesté par tout un tas d'autres choses (les filles, les sorties, les études, etc.), et il est donc assez naturel de trouver là l'explication d'une baisse de lecture. Mais, encore une fois, on constate une bonne tenue de la lecture de la bande dessinée sur les autres couches d'âge. (bonne tenue, toutes proportions gardées, hein)
Tu parles de desert, mais après asterix, lucky luke, tintin et spirou, les vieux mythes, tu as actuellement des séries comme titeuf, cédric, XIII, largo, sillage qui vendent dans des proportions énormes, sans parler de tous les mangas que les gamins s'arrachent. Bref de la bd "populaire", sans aucune connotation que ce soit.
Oui, mais non. Tiens, prenons
Naruto, de très loin le numéro un incontesté du manga. Selon les chiffres de vente, les
Naruto vendent autour de 150,000 exemplaires par volume. C'est beaucoup, et en même temps, c'est peu. Parce que même en imaginant que chaque volume est lu par 4 ou 5 personnes différentes, on reste encore à 750,000 personnes. Soit quelque chose comme le nombre d'exemplaires du dernier
Titeuf vendu, tiens. Damned.
Des "proportions énormes", il faudrait déjà avoir des chiffres de ventes. Et lorsqu'on les a (je vais te renvoyer sur deux autres articles,
ici et
là), on retombe vite sur terre, pour les "mangas que les gamins s'arrachent".
Alors oui, c'est énorme par rapport à ce que fait habituellement l'édition, mais c'est très modeste par rapport à ce que fait le cinéma ou la télévision, même lorsque l'on prend en compte les relectures et les prêts.
Je dirais le contraire, dans sa reconnaissance, sa production, ses chiffres de vente, son taux de pénétration, le poids des bds "populaires", touchant un public de tout âge, est certainement plus grand que le poids de la bd qu'on pourrait qualifier d'adultes.
Tous les chiffres que j'ai mentionnés ne parlent que de bande dessinée en général. Pas de distinction jeunesse-adulte ou élitiste-populaire. Donc à moins que tu n'aies des chiffres qui viennent contredire ceux que j'ai rapportés, la bande dessinée
en général reste une pratique culturelle mineure au regard des autres (musique, cinéma, télévision, etc.). Je le répète,
26% des Français qui en lisent, c'est bien, mais ça ne touche pas tout le monde.