JYB a écrit:carbonnieux a écrit:sans oublier non plus l'autre cas de force majeure , celui de la Ballade pour un cercueil
Justement non, ça c'est différent !
Je parle de cas où il a fallu supprimer quelques images, quelques demi-planches voire quelques planches pour encastrer une BD un poil trop longue (dépassant le format habituel des 46 planches, j'entends) dans un album classique de 48 pages (dont 46 planches de BD). Chez Charlier, il y a d'autres cas : La Déesse noire de la série Jacques Le Gall faisait au départ 51 planches dans Pilote ; ce n'était pas prévu en album au départ, aussi, quand Dupuis a édité un album en 1981, donc bien plus tard, bonjour le charcutage pour arriver à tenir dans un "46 planches". Pareil d'ailleurs pour Les naufrageurs (même série, même prépublicateur, même éditeur). D'ailleurs, par respect pour l'oeuvre de JMC, j'attends qu'un éditeur publie tout intégralement (je l'attends depuis longtemps et il est à craindre que j'attendrai encore longtemps... mais bon, ce n'est que moi et il est à craindre aussi qu'aucun éditeur ne se préoccupe de ça).
Il y a d'autres histoires de Charlier qui ont été charcutées comme ça. Je connais plutôt bien sa bibliographie et beaucoup moins bien la bibliographie d'autres scénaristes, mais il me semble que le cas est rarissime chez les autres.
Pour ce qui est de l'album Ballade pour un cercueil, la BD elle-même fait 62 planches (vérifiez si vous ne me croyez pas). Le format habituel des histoires longues : Tintin par exemple. Comme j'ai déjà expliqué il y a quelques jours sur le topic "Jean-Michel Charlier" :
jean-michel-charlier-t8769-440.html , tout dépend des possibilités techniques des presses qui impriment les albums, et des coûts que cela induit.
Les presses impriment par grandes feuilles contenant chacune 16 pages (8 sur le recto, 8 sur le verso), et donc 16 planches de BD puisque l'ouvrage à imprimer dont nous parlons est une BD. Ensuite, les cahiers sont pliés, reliés entre eux (3 cahiers de 16 pages = 48 pages, voilà pourquoi vous avez toujours des albums de BD de 48 pages), massicotés et introduits dans une couverture cartonnée. Les pages de garde viennent aussi à ce moment de la fabrication. Et ça vous fait un album tel que vous les achetez en librairie. Il n'y a que 46 planches de BD car il faut la place pour la page de titre, au début du "cahier intérieur", et la page du Copyright, dans la page 2 du même "cahier intérieur".
En effet, il y a des frais fixes pour imprimer n'importe quoi, que ce soit un calendrier de la Poste, ou un futur prix Goncourt, ou une revue donnant des recettes de cuisine ou les derniers potins sur Lady Gaga : il faut payer l'imprimeur et son personnel pour le temps qu'il passe à faire le boulot, il faut payer les encres, le papier, les plaques, etc. Donc, quitte à payer tout ça, autant utiliser au maximum les possibilités des machines : re-donc, sur une feuille contenant d'office 16 pages, on met le maximum de PLANCHES de BD, soit 16 planches. Sauf pour le premier cahier, qui comporte deux pages laissées à la disposition du titre et du Copyright.
Un "62 planches", ça équivaut à quatre cahiers de 16 pages chacun : 4 fois 16 = 64 pages. Vous allez me dire : 64 pages, ça ne fait pas 62. SI ! Voir plus haut : dans ces 64 PAGES, il faut en réserver une, au tout début, pour le titre (page 1), et une, en général blanche, comportant juste la mention du Copyright (page 2) ; donc, 64 PAGES moins ces 2 pages, ça fait bien 62 PLANCHES de BD "utiles". Vous comprenez mieux maintenant pourquoi certains albums de Tintin et de Blake & Mortimer des années 50 ont parfois de grandes images "pleine page" (pages 21, 29, 40 et 49 du Crabe aux pinces d'or) : c'est tout simplement pour remplir des pages qui auraient été blanches, car Hergé avait été "short" en PLANCHES de BD ! C'est donc l'exemple inverse de celui de Charlier qui, lui, parfois mettait trop de planches pour les 48 pages d'un album ; avec Hergé dans Le Crabe, il a fallu combler des vides en mettant de grandes images... Pareil pour Le Mystère de la Grande pyramide de B&M. Sauf que, sur la pagination de cet album, l'un de vous va me rétorquer quelque chose qui semblerait démolir ma démonstration, mais je préviens tout de suite : il n'y a aucun souci, tout a une explication logique et pratique).
Donc la BD Ballade pour un cercueil a bien 62 PLANCHES de BD, et tout rentre dans l'ordre.
Sauf que, particularité : au début de cet album, il y a aussi un cahier documentaire avec du texte et des photos. Eh bien, je vous laisse regarder combien de pages a ce cahier, et faire un petit calcul mental, par rapport à tout ce que je viens de décrire plus haut (et j'attends encore des réflexions de certains qui vont mal compter sur leurs doigts, mais je répète, tout est calibré, tout est logique et normal).