Tout commence avec l’histoire du fondateur du Katanga, un certain Msiri. Né en 1830, il devient vite un mercenaire après que son père l’eut chassé de ses terres, pour une tentative d’enlèvement d’une fille de son clan. Accompagné d’une armée de cinquante hommes, il quitte donc le territoire de Nyamwezi et part à la conquête de lieux inconnus vers l’Ouest. Fort de son armement rare à l’époque (ses guerriers étaient équipés de mousquets), Msiri se retrouve rapidement à la tête de plusieurs régions. C’est ainsi qu’il baptisa son royaume Katanga. Celui qui s’était constitué un harem de 1200 femmes instaura terreur et respect très longtemps. Il aura fallu l’arrivée du commandant Le Marinel, mandaté par le Roi belge Léopold II, pour que disparaisse le Katanga avec son monarque. C’était sans compter sur les moult procréations du mercenaire aux milles femmes…
Cette riche introduction est fièrement narrée par Godefroid Munongo, Ministre de l’Intérieur du Katanga indépendant. Nous sommes en 1960, le Congo proclame son indépendance. Le Katanga présidé par Moïse Tshombé fait sécession. Cette riche province aux zones diamantifères veut garder le contrôle de ses territoires et se revendique comme Etat. La guerre entre le Congo et le Katanga est inévitable. Avec toute l’horreur que cela implique pour les civils. L’ONU fait intervenir ses Casques Bleus en tant que médiateurs. La puissante Union Minière du Haut-Katanga (UMHK), ne s’en satisfait pas et décide, par l’intermédiaire du Conseiller spécial du ministre nommé Orsini, d’embaucher des mercenaires pour protéger l’Etat du Katanga et leurs richesses minières.
Orsini supervise le recrutement d’une bonne trentaine de soldats désœuvrés. La tête de ce commando spécial est confiée à Felix Cantor, un ancien officier dont le curriculum vitae parle pour lui. Entouré de têtes brûlées sans foi ni loi, idoines pour accomplir leur tâche, on s’apercevra au fil des pages que Cantor sera un personnage phare de ce triptyque. Cette équipe d’anciens criminels aura fort à faire puisqu’une mission subsidiaire lui sera imposée. Celle d’exfiltrer un domestique noir, qui s’est réfugié dans un camp de l’ONU. Charlie, de son prénom, accorde une importance toute particulière dans la mesure où il est en possession d’une belle poignée de diamants. Cette histoire parallèle ajoute une tension considérable à l’ambiance déjà peu respirable.
Diamants, titre de ce Katanga est doté d’un dynamisme remarquable. Fabien Nury n’a plus rien à prouver si ce n’est de continuer à nous faire plaisir. Avec derrière lui des titres aux succès mérités (Il était une fois en France, Tyler Cross, Mort au Tsar), F. Nury démontre des qualités scénaristiques impressionnantes. Cette nouvelle série ne déroge pas à la règle. En mêlant réel et fiction, il donne le résultat d’un thriller politique palpitant. Et pour que l’illustration soit à la hauteur de l’intrigue, il s’associe une nouvelle fois à Sylvain Vallée. Par sa faculté à faire d’une caricature, un personnage quasi réaliste, le dessinateur nous abreuve de scènes, d’expressions plus vraies que nature.
Au final, ce binôme qui nous avait déjà conquis avec Il était une fois en France, réédite leur parfaite entente. Il n’est ainsi pas risqué d’affirmer que ce premier volet de Katanga fait partie des meilleurs productions de l’année. Et il ne devrait vraisemblablement pas être le seul puisque la suite devrait paraître fin 2017. Pour notre plus grand plaisir.
Chronique sur Comixtrip : http://www.comixtrip.fr/nouveautes/katanga-1-diamants/