Par "sens strict" j'entendais prendre des événements de l'histoire d'un pays, d'une région qui sont connus par beaucoup, font partie de la "culture générale collective", raconter le destin de personnages réels et ne broder que pour les zones d'ombres.
Il était une fois en France répond à ma définition, Joseph Joanovici a existé, à cette période, ses origines comme son boulot sont connus, l’ambiguïté de sa vie aussi, etc.
À mon sens, c'était une fiction historique, alors que Katanga c'est de l'aventure, de l'action qui a le bonheur d'être crédible (grâce au boulot des auteurs et de F. Nury notamment)
En spoiler, pour éviter d'utiliser des arguments qui défloreraient l'album aux autres lecteurs et essayer de mieux formuler ce que je veux dire
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Quand je parle de background/cadre/contexte, j'entends par là que F. Nury se sert de sa séquence introductive pour faire un état des lieux de la situation. Alors certes, il se sert de faits avérés - l'indépendance, les diamants -, comme il le rappelle dans les vidéos de présentation, mais le reste est romancé (et encore heureux).
Commencer son album sans nous avoir présenté la cruauté de Msiri, sans expliquer ce qu'est l'UMHK, etc. cela aurait été rater son effet ou perdre des lecteurs direct.
Si c'est raconté comme ça (c'est ça en fait le point de départ de mon intervention
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), ce n'est pas pour faire plus "vrai" mais avant tout (et j'irais jusqu'à dire seulement) pour être efficace dans la mise en place, décrire la situation de départ, happer le lecteur et le mettre dans les bonnes dispositions pour la suite. En tout cas ça n'a pas eu cet effet là sur moi, pourtant j'ai été à fond dans le récit du début à la fin.
Le fait de se baser sur des personnages, des structures, des situations ayant existé (c'est ça pour moi ancrer son récit dans un contexte "historique") c'est tout à l'honneur des auteurs, mais autant que d'inventer d'autres éléments (Msiri ? Orsini ?).
Comme toi, je n'ai qu'une envie c'est de m'intéresser, me renseigner, sur cette région à cette époque d'ailleurs.
Pour en revenir à la narration, je la trouve forcément différente notamment parce que le format les contraint à ça.
Là où
Il était une fois... montait crescendo et dans la tension et dans l'immersion, Katanga va droit au but.
Je n'ai pas relu la première série depuis quelque temps mais dans mon souvenir la mise en place prend son temps et le récit décolle vraiment fin T2 début T3. Là, non, ça va vite, tout de suite.
La pagination a aussi son importance, tu ne racontes pas la même chose, tu n'utilises pas le même rythme en 70 planches qu'en 54. Sur un album à 54 planches, la séquence d'introduction aurait été impossible par exemple.
Là, elle passe tranquille, elle permet - comme je le disais avant - de mettre tout le monde au même niveau d'information tout en nous plongeant dans une ambiance de violence (ici ça rigole pas, on coupe des têtes et des couilles qu'on pend à l'entrée du village).
Je trouve vraiment que F.Nury évolue et se bonifie encore. Il a vraiment un style et plus ça va plus il devient efficace, que du muscle, pas de gras, rien n'est fait au hasard ou par habitude, facilité. Tout est pensé, tout a son importance. C'est diffus souvent, mais tu sais que c'est ce qui demande le plus de boulot.
D'ailleurs, j'ai regardé sa série sur canal, Guyane (où il est crédité en tant que créateur, scénariste et aux dialogues) je retrouve son écriture dans Katanga.
Niveau dessin je trouve aussi (mais c'est peut-être lié aux décors retenus) que S.Vallée est "meilleur". Il garde son trait caractéristique (comme tu disais entre caricature et réaliste) mais ses cases sont plus détaillées, les angles plus variés. Là aussi, je trouve qu'il gomme le superflu mais sans faire dans le "facile" ou le vide.
Non vraiment pour moi, en faisant autre chose ils montrent des progrès assez bluffants.