elpingos a écrit:Pour être manichéen encore faudrait-il qu'il y ait des personnages "bons".. Ce n'est pas le cas je trouve et c'est justement la force je trouve, ce côté obscur de tous les persos caché sous un aspect angélique...
C'est dur, hein, d'admettre qu'il y en a qui n'aiment pas ce qu'on adore ?
Je n'ai pas vu la poésie, l'histoire du petit peuple m'a ennuyé (et je l'ai trouvée assez manichéenne, avec la peste genre Nelly Olson dans le rôle de la grande méchante).
alley oop a écrit:En fait je crois que ce sont des caractères d'enfants(les caracteres pervers polymorphes, c'est à dire qu'ils n'ont pas concsience du bien du mal, ils sont bruts), et chacun mène sa propre existence isolé des autres alors qu'avant ils étaient tous contenu chez la fillette;Donc l'aventuriere, la timide, l'orgueilleuse etc sont les divers caractères psychologiques de la petite fille se retrouvant seuls dans la forêt face à leur destin
nomades_editions a écrit:Je rejoins boulicrout
larry underwood a écrit:J'interviens par contre les diverses interprétations et les avis mitigés qui regrettent l'absence de "réponses". J'ai envie de dire : des réponses, mais à quoi ? Y a des questions ?
On peut interpréter ça comme un pur conte de fée selon Betteilhem (orth ?) avec une approche psychanalytique : tous les personnages sont les centaines de caractères d'une fillette soudain libérés à sa mort accidentelle en forêt. Les plus faibles, les plus enfantins, les moins dominants sont rapidement évacués, et vont s'affronter les personnalités majeures : le "moi" (Aurore... elle dit elle-même en lisant le nom sur le cahier "eh ben Aurore, c'est moi") est le caractère dominant, c'est l'enfant brave et dévouée, empathique et douce, qui rêve du prince charmant tout en veillant à agir pour le bien du plus grand nombre, elle est à la fois maman, soeur et amoureuse (pas amante) mais de façon idyllique, comme une fillette se représente sa propre mère. La sexualité est absente (la rouquine adulte, qui incarne selon moi la femme libre fantasmée par la fillette, est vite évacuée pour venir plus tard au secours de Aurore lors de son exil). Au milieu de ce bouillonement, tous les défauts et qualités s'opposent et s'éliminent sans penser à mal : Pim notamment, personnage d'abord très positif (le petit sidekick rigolo façon Disney), devient finalement l'égoïste fainéant et lâche ultime, machiavélique et opportuniste comme un enfant peut l'être, indépendamment de toute notion de morale propre à l'univers des adultes. La princesse-peste, qui ricane avec ses copines-servantes sur le dos des plus faibles, est le côté garce/centre de l'univers de tout individu (ça marche aussi pour les garçons, remplacez "garce" par "petite brute") : elle attend patiemment son heure pour régner sur un royaume désert (le vide se crée autour d'elle à mesure qu'elle envahit des lieux plus confortables), indifférente à la souffrance, à la détresse et à la pitié : elle est celle que la fillette aurait pu devenir. La morale de l'histoire, très dure et très réaliste, nous enseigne que pour grandir, accepter d'entrer dans le cycle du temps qui s'écoule, il faut faire des sacrifices terribles, renoncer à la naïveté sans devenir insensible, vaincre son égoïsme et ses fantasmes de domination, pour finalement trouver un équilibre serein au sein d'un lieu paisible où l'on est en paix avec soi-même (cela implique de savoir abandonner en arrière les personnes qui nous freinent ou nous corrompent, parfois blesser sans le vouloir d'autres qui comptaient sur nous (la fille aux lunettes de la fin, qui me semble clairement être l'archétype de la copine d'enfance que l'on jure d'aimer toujours et que l'on oublie une fois au lycée...), et surmonter la solitude en s'entourant de ceux que l'on a choisis.)
Mais tout cela n'est qu'une interprétation : le livre, lui, n'est que poésie.
ps : pour la souillon à demi-folle qui vit dans le crâne, je la vois comme la peur primitive de grandir... elle est sale, se nourrit de larves (comme un enfant veut goûter les vers de terre ou un bébé qui porte à sa bouche tout ce qu'il trouve), ne parle pas, agit de façon incohérente et rêve de l'enfant qu'elle était. Elle est l'Angoisse de vieillir, le désir de rester pour toujours un bébé insouciant qui mange/dort/rêve.
larry underwood a écrit:ps : pour la souillon à demi-folle qui vit dans le crâne, je la vois comme la peur primitive de grandir... elle est sale, se nourrit de larves (comme un enfant veut goûter les vers de terre ou un bébé qui porte à sa bouche tout ce qu'il trouve), ne parle pas, agit de façon incohérente et rêve de l'enfant qu'elle était. Elle est l'Angoisse de vieillir, le désir de rester pour toujours un bébé insouciant qui mange/dort/rêve.
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