JÉRÔME COLLIN : Parce que vous, bon vous ne savez absolument pas combien de temps il vous reste à vivre mais vous avez plutôt l’air d’un homme pressé, combien de BD vous avez publiées dans votre vie ?
JOANN SFAR : Trop parce qu’elles ne sont pas toutes bien.
JÉRÔME COLLIN : Combien ?
JOANN SFAR : Entre 150 et 200.
JÉRÔME COLLIN : C’est dingue !
JOANN SFAR : Oui parce que je dessine tout le temps.
JÉRÔME COLLIN : Vous avez quel âge, sans indiscrétion ?
JOANN SFAR : J’ai 42 ans.
JÉRÔME COLLIN : 150 BD !
JOANN SFAR : Ben oui. Ça fait trop.
JÉRÔME COLLIN : En ?
JOANN SFAR : En 10 ans. 10 ans, 15 ans.
JÉRÔME COLLIN : 15 ans.
JOANN SFAR : Oui. Mais je dessine tout le temps. Par contre j’ai un gros défaut c’est que je ne les finis jamais.
Je vais faire 1 album, 2 albums puis je mets «à suivre» et je ne le termine jamais, mes lecteurs m’en veulent à mort de ça, et là l’avantage du roman c’est que j’ai pu finir une histoire. Je ne me dis pas c’est mon premier roman ça je m’en fous, je me dis juste j’ai 500 pages, d’habitude j’en ai 40, là je peux me permettre de faire le tour d’un sujet, je peux me permettre de tourner autour de quelque chose et ça, ça a été très agréable.
JÉRÔME COLLIN : En BD vous n’avez jamais rien fini ? «Le Chat du Rabbin» est quand même une œuvre finie.
JOANN SFAR : «Le Chat du Rabbin» c’est fini. «Petit vampire» c’est fini». Mais enfin ça se termine quand même,
je mets quand même toujours «à suivre» à la fin même si objectivement c’est fini.
JÉRÔME COLLIN : Vous avez un problème avec les fins ?
JOANN SFAR : Oui. Je ne sais pas le faire
JÉRÔME COLLIN : Vous êtes pressé ?
JOANN SFAR : Trop.
JÉRÔME COLLIN : Vous avez peur que la faucheuse arrive trop vite ?
JOANN SFAR : Non ce n’est pas ça, c’est que j’ai un côté sale gosse qui fait que des fois je bâcle et ça ce n’est pas bien. Alors j’ai besoin d’être très bien entouré, j’ai besoin d’avoir des éditeurs, et ma femme, et des copains, qui me disent ça c’est de la merde, ou ça refais, ou ça retravaille, parce que… c’est un défaut mais j’ai de la chance parce que j’ai beaucoup de gens bien autour de moi. Alors des fois j’ai besoin de cracher un livre, de cracher un truc qui va être presque du graffiti ou bizarre et parfois de temps en temps au contraire de me rappeler que j’ai un métier de feuilletoniste un peu classique, donc vraiment j’oscille entre des choses très grand public et des trucs un peu underground, j’ai besoin des deux.
thyuig a écrit:en fait il a lu le sujet c'est ça ?
et sur Twitter il répond à un internaute qui demande des nouvelles de "Tu n'auras pas d'autre Dieu que moi" :«Le Chat du Rabbin» c’est fini
il est ecrit...pour le dessiner...faut trouver le temps.
c’est que j’ai un côté sale gosse
Il existe encore des journaux, disons...Chupa Chups a écrit:Est ce qu'il y encore des journalistes dans les journaux ?
Il est fort, décidément, Djian (Ph.) : même si son nom n'est pas cité il apparaît absolument partout, chaque septembre, comme les noisettes, Amélie Nothomb, les feuilles d'imposition et d'autres marqueurs temporels (cette année son plan com c'est en effet "les éditeurs de musique n'aiment plus la musique" (ce qui semble assez valide), l'an passé c'était "les parents de mon âge n'ont pas su s'occuper de leurs gosses")...Chupa Chups a écrit:Est ce qu'il existe encore des éditeurs qui aiment la BD ? Ou, comme disait un écrivain à la radio, il y a de plus en plus de marchands ?
Elle était facile ! Depuis qu'il est chez Gallimard il fonctionne par éléments de langage adaptés au propos de chaque nouveauté, on le voit venir de très loin...Chupa Chups a écrit:Belle perspicacité !
Mouais... C'est en tout cas ce qu'elle prétend depuis Hygiène.... Cela dit, deux années sur trois, elle aurait mieux fait de s'abstenir (ou d'en prendre un autre dans sa pile de manuscrits)...Chupa Chups a écrit:En parlant d' A. Nothomb, elle écrit 4 livres par an mais choisit d'en publier un seul à chaque rentrée.
Genug a écrit:Mouais... C'est en tout cas ce qu'elle prétend depuis Hygiène.... Cela dit, deux années sur trois, elle aurait mieux fait de s'abstenir (ou d'en prendre un autre dans sa pile de manuscrits)...Chupa Chups a écrit:En parlant d' A. Nothomb, elle écrit 4 livres par an mais choisit d'en publier un seul à chaque rentrée.
Croaa a écrit:Sfar, dans un autre genre est un peu pareil.
Pacome a écrit:[...] En même temps, je peux comprendre son désarroi, lorsqu'il fait un bouquin qui réutilise son "fond de commerce à succès" on se plaint qu'il radote
mieux que ce que lui y apporte modestement (ou non).Pacome a écrit:des bouquins qui sortent des sentiers battus
Jetjet a écrit:Dites donc on se croirait presque dans les Inrocks ici à vous lire tous !
Pacome a écrit:Jetjet a écrit:Dites donc on se croirait presque dans les Inrocks ici à vous lire tous !
Faut dire que c'est un des magazines qui l'avait révélé à l'époque à intelligentsia Bobo
gotlib-fan a écrit:Ses fouilles moléculaires d'air de ses mots maux ont encore du mal à adhérer sur toutes les dents, et je comprends bien cela, je crois.
Croaa a écrit:gotlib-fan a écrit:Ses fouilles moléculaires d'air de ses mots maux ont encore du mal à adhérer sur toutes les dents, et je comprends bien cela, je crois.
Eh bien moi c'est clair, quand tu fais des phrases de plus de 2 mots,je ne comprends rien de rien.
gotlib-fan a écrit:Vaut-ce la peine que je traduise
Je parlais de pâtes pour le Sfar commun, bon, et beh Tokyo à côté c'est de la cuisine moléculaire, mais comme c'est pas encore au point, c'est des fouilles, du cherche bon chien. Le bonhomme dit que ça lui fait du bien, que c'est comme une psychanalyse. Soit : ''l'air de ses mots maux'', il s'aère lui-même en faisant ça, mais par l'image en vente plus qu'autre chose. Du coup, reproches critiques et publics en masse. Les mots utilisés deviennent plaies, maux (bill). Les mots-maux sont donc autant de sa part (parfois tarte) puisqu'il met en place son air en s'en sortant par la mise en scène, donc, de ses mots-maux, mais en retour : l'air changé, renfrogné, de la critique par d'autres mots-maux (et puis Artaud, c'est le Mômo) en réponse aux siens, pour lui saints seins sur lesquels sortir, pour nous, grands vénérateurs virant vers le vérolé du gars, mindnapping par procuration.
''Toutes les dents'', parce-que moléculaire me fait penser, au-delà du cul et de l'air, à la molaire, et donc on a du mal à mâcher, à avaler, les dernières bêtises (de quand ?) du monsieur.
Et tout ça, je crois le comprendre, pourquoi et comment par ce que j'ai expliqué juste au-dessus mais je suis même pas certain que cette explication aura servie à koiksesoi.
Retournons dervichement au sujet, je propose.
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