Bon, eh bien je ne vais pas vous le cacher plus longtemps : contrairement aux charmes que j'avais trouvé à
Ron Clarke, je dois dire que
Brice Bolt m'a nettement moins convaincu quant au scénario : beaucoup trop de « par une providentielle coïncidence » de d'« intervention quasi miraculeuse », trop d'invraisemblances (le journaliste Deferre qui semble disposer d'un budget illimité et qu'il trimballe sur lui en liquide, « la torpille improvisée de Luc Deferre » fabriquée en une journée avec le matériel trouvé à bord de la goëlette et qui contient quand même « des dizaines de kilos de plastic »
, j'arrête là...
), trop d'approximations -- l'espadon n'est pas un « squale », une pince de crabe n'est pas « une carapace de crabe »
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ce qui est d'autant plus ballot qu'il n'a
jamais été question d'autre chose que d'une pince dans le premier album
...etc. !).
Idem pour les textes et dialogues, bien peu inspirés et souvent très pesants (les indigènes de Fidji utilisent le passé simple mais ils sont présentés avec une pointe de paternalisme, pour ne pas dire pire).
Mon propos n'est pas de venir chicaner ici sur leurs plates-bandes les inconditionels de Charlier, mais reconnaissez tout de même que parfois il faut faire un effort...
J'admets toutefois que le scénario a une qualité indéniable : la densité ! Ça change agréablement de certaines coquilles vides...
En revanche je reste proprement
sidéré par l'investissement de Puig
On ne voit pas si souvent des cases aussi peaufinées, surtout pour des planches faites à une époque où la BD n'avait pas l'aura ni l'attention qu'on lui accorde de nos jours. Il faut donc penser que c'est pour son plaisir, et pour l'amour du travail bien fait jusqu'au bout, que le dessinateur se tapait des cases comme celle-ci (voyez tous les arrière-plans !)
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Et des comme ça il y en a
plein les deux albums.
Ce qui ne l'empêchait pas par ailleurs de s'autoriser au passage des effets comme celui-là
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sans que ça nuise aucunement.
Son agilité et son apparente (évidente ?) aisance me rappellent un peu Gillon, et parfois Follet...
Quand je détaille le contenu de la plupart des cases, je serais
vraiment curieux de connaître le format des originaux !
Apparemment les couleurs sont de lui ; c'est curieux parce qu'on a souvent l'impression de revoir ce qui, à la même époque, a parfois été commis par les pires des coloristes-fous maison, je pense notamment à
mais en y regardant de plus près tout porte à penser que ce sont bien des choix délibérés -- parfois déroutants mais cohérents.
Dommage en revanche que le tracé des phylactères et le lettrage ne soient pas à la hauteur du dessin ; on a d'ailleurs parfois l'impression qu'ils ont été posés après coup et comme et où on pouvait...
Comme le relève Martens dans la préface à
il est donc vraiment regrettable que Puig n'ait pas persévéré beaucoup au-delà de ce diptyque ; je rêve à ce que ç'aurait pu donner quelques années plus loin...
Or donc, si vous croisez ces deux albums, laissez-vous tenter car graphiquement au moins ça vaut le voyage et -- sauf si vous êtes allergique aux extravagances de Charlier -- vous ne devriez pas regretter votre lecture.
Notes :
1. je réalise que deux décennies séparent Brice Bolt de Ron Clarke ; peut-être Charlier s'était-il quelque peu "décoincé" dans ce laps de temps, car la lecture du second m'a paru nettement plus fluide, plus "moderne" que celle des premiers...?
2. de
quelle langue la notice consacrée à Puig (auquel manque son prénom, "Artur", et apparemment la première partie de son patronyme, "Aldomà") a-t-elle donc bien pu être traduite (à la louche trouée) ?