CAPTAIN AMERICA : L'INTÉGRALE 1977-1979
Steve Gerber, Roy Thomas, Sal Buscema I 312 pages, 36,00 €
Captain America doit affronter une version gigantesque de lui-même : prenez garde à l'Améridroïde ! Et quand Crâne Rouge fait son grand retour, la Légende Vivante est bien heureuse de recevoir le soutien de Nick Fury et de ses agents du S.H.I.E.L.D. !
(Contient les épisodes US Captain America (1968) 215-230 et Incredible Hulk (1962) 232, précédemment publiés dans Captain America 19-23)
7 SEPTEMBRE
Cette période est particulière pour moi. Même si j'avais découvert la série avec Bombe sur l'Amérique, l'arc de jack Kirby sur la Madbomb, cette période est celle qui va faire de moi un fan du personnage.
Il fallait prendre la suite de Kirby. Il venait de signer un run bourré d'idées, graphiquement au top mais aussi complètement à part de l'époque et du ton de la série avant et après. Roy Thomas décida de de demander qui est l'homme sous le masque? Qui est Steve Rogers? Il nous livre un épisode de transition où l'histoire est prétexte à revoir ce que l'on sait de Captain America afin que la question de l'identité derrière le masque se pose. Cet épisode était jusque là inédit en VF avec un Tuska efficace (même si je ne suis pas un fan).
L'épisode suivant était une réédition du Strange Tales où la Torche s'oppose au Tumbler déguisé en Cap. Il n'est pas présent dans ce tome.
Thomas passe à la vitesse supérieure dés le numéro suivant. Il introduit les super-agents du SHIELD avec Marvel Boy (futur Quasar dont c'est la première apparition), Texas Twister, Eclair Bleu, la Vamp et le fait que la Corporation (que kirby avait "introduite" dans la série) a des taupes au sein de l'organisation de Nick Fury.
On découvre aussi Vera qui appartient à cette dernière et semble avoir une rancœur personnelle contre notre héros.
Pour finir Sharon et Falcon sont mis sur la touche de façon cavalière. Falcon entrainera la nouvelle équipe des super-agents. Vera embrasse Steve devant Sharon.
Un épisode dense où John Buscema livre une de ses rares (la seule?) incursion sur la série. C'est évidemment efficace même si Pablo Marcos est bien visible.
Sal Buscema revient sur la série. Il semble qu'il propose des crayonnés assez léger car sa prestation au niveau du trait dépendra fortement de l'encreur. Don Glut, qui dialoguait l'épisode précédent, est maintenant aux commandes. Veda annonce qu'elle est la fille de l'agente du FBI présente lors de la transformation de Steve en 1941. Notre héros découvre ensuite que les Avengers l'ont retrouvé au large de Terre Neuve (Avengers 4) alors qu'il a coulé au large de l'Angleterre. Il se rend là-bas et découvre un "ancien" ennemi Lyle Dekker et sa création l'Ameridroid, géant mécanique reprenant les trait de notre vengeur étoilé.
Glut nous raconte ensuite la première rencontre avec Dekker lors de la deuxième guerre mondiale. Il était un espion nazis engagé pour faire échouer le serial Adventures of Captain America. Glut nous indique dans son introduction qu'il est un grand fan du vrai serial. Il modifie quelques détails ci et là mais l'essentiel reste en phase avec la réalité. Le nom du méchant est aussi un clin d'oeil à celui qui faisait les effets spéciaux.
L'épisode qui suit nous montre ce qui est vraiment arrivé à notre héros après sa chute dans les eaux anglaises (vraiment est relatif vu que ca n'a plus jamais été évoqué). Il a donc été capturé par Dekker, emmené à Terre Neuve puis s'est échappé et est tombé en hibernation à cause des produits qu'il a inhalé. Dekker ensuite transfère son esprit dans l'Ameridroid avec les forces de Steve. Une courte aventure du Faucon est en back-up.
Steve Gerber reprend la suite. Le combat tourne court quand Dekker se rend compte qu'il est devenu une bête de curiosité. Il se rend de lui même et part s'exiler dans les forêts canadienne. Une conclusion qu'on ne peut attendre que de Steve Gerber. Un back-up sur Rick Jones conclue l'épisode avec un Leialoha en grande forme.
On poursuit avec un départ Gerberien, une coccinelle Wolkswagen se crashe dans l'appartement de Cap au deuxième étage. Vera est dans le coup. Il part pour Washington voir les archives à son sujet et trouve une histoire qu'il ne reconnait pas avec un frère mort lors de Pearl Harbour. Alors qu'il est au Lincoln Memorial, la statue du Président bouge et l'attaque. Il doit la détruire avant de trouver son véritable ennemi Animus.
Ce dernier est une sorte d'homme préhistorique géant avec un cerveau énorme avec des pouvoirs mentaux divers. Cela aurait pu être une création de Kirby. Steve en vient à tenter de tuer le monstre (ce qui lui ressemble peu) qui s'échappe. Il retrouve Vera puis part en train. Une attaque d'Animus fait dérailler l'engin et cause morts et destruction ce qui enrage notre héros. Animus est téléporté avant d'échoier.
L'épisode qui suit est un fill-in de Peter Gillis avec les premiers pas convaincant de Zeck sur le personnage. Petite histoire sympa avec Tarentule et Mister Muerte.
Captain America revient au SHIELD. Là ils découvrent que celle que Veda fait passer pour sa mère a finit défigurée. Véda, elle est réduite en cendre par la Corporation après ses échecs (on en saura jamais plus ni sur l'une ni sur l'autre). Une scène assez cynique pour l'époque où Kligger, patron de la corporation indique à la femme de ménage qu'il a renversé son cendrier.
Steve veut que Mason Harding, le concepteur de la Madbomb, l'aide à retrouver la mémoire. il se souvient alors de l'histoire qu'il a retrouvé dans les dossiers dans les épisodes précédents. Il a vécu dans le Maryland, prés de Washington avec sa famille plutôt aisée et son frère ainé. Ce dernier sportif a les faveurs de son père, qui ne comprend pas le jeune, chétif, et souvent malade Steve. Ce dernier se réfugie dans le dessin et la lecture. La rupture familiale a lieux quand son frère s'engage dans l'armée. Steve est alors étudiant aux beaux arts et pacifiste convaincu et son père fonctionnaire d'Etat le renie. L'attaque de Pearl Harbour cause la mort de son frère et pousse Steve à s'engager.
Nous revenons au présent où la machine de Harding semble avoir annulé les effets du sérum de super-soldat.
Cette origine fut problématique pour le nouvel éditor du titre Roger Stern car Captain America Comics 1 est paru 11 mois avant Pearl Harbour. Mais à l'époque, il n'a pas pu changer le contenu. Depuis le premier numéro de ce volume, trois Editeurs en Chef étaient passés. Roy Thomas avait laissé la main quelques mois à Archie Goodwyn. Ce dernier était parti et son remplaçant Jim Shooter avait indiqué aux patrons de Marvel qu'une seule personne ne pouvait pas éditer tous les titres publiés et qu'il fallait comme DC Comics engager des Editors ayant en charge plusieurs titres qui eux seraient supervisés par l'Editeur en chef. Il faisait aussi la chasse à aux scénaristes qui éditaient leur propre titre. Bref, le numéro passa avec l'agitation interne.
A titre personnel, j'aimais bien cette origine dont certains traits seront gardés. Steve Rogers deviendra un artiste plutôt pacifiste que la folie guerrière amena à s'engager. La version "soldat" ne reviendra qu'avec Mark Waid puis surtout Bendis puis Brubaker (Je ne compte pas la version Marvel Knights qui est plus ou moins hors continuité, en tout cas conçue ainsi et jamais reprise dans les aventures en continuité).
Le Red Skull attaque ensuite l'héliporter du SHIELD en transformant les agents présents en Red Skull. Steve se retrouve donc sans pouvoir et submergé par des crânes rouges. Il retrouvera ses pouvoirs dans cette aventure en deux partie magnifiquement illustrée par Sal Buscema et qui voit l'arrivée d'un scénariste mésestimé: Roger McKenzie. Il va finir l'intrigue de la Corporation avec son editor Roger Stern qui est le scenariste de Hulk dans un crossover.
La corporation est un nom qui est apparue un peu partout. Kirby l'utilisa dans Machine Man, Cap et elle est utilisée dans Hulk. cependant, Bill Mantlo avait utilisé le nom dans Deadly Hands Of Kung Fu. Elle était à la base des recherches du père du Valet de Coeur dans les aventures du White Tiger.
Et si, la Corporation était une entité qui avait des sortes de déclinaisons territoriales?
Nous allons donc finir en 5 episodes cette intrigue qui verra la venue du Constrictor, les trahisons d'Eclair Bleu et de la Vamp (en fait Animus.. une idée Ditkienne surement Gerberienne en fait), la séparation des super-agents, l'intervention de Hulk, les (re)trouvailles de Sam Wilson avec son neveu Jim, le retour de Moonstone et Alcatraz. Je passe sur les clins d'oeil au retour de Colan sur Daredevil, les cameo des Avengers et surtout de Beast et de Jarvis. Bref c est haletant! Et surtout les victoires de nos héros sont rarement de pleines victoires. A l'époque le Captain repart souvent la tête basse dans son appartement miteux (Peter Parker est bien mieux loti à l'époque.. il peut rentrer chez Tante May).
Nous avons donc un volume qui plonge notre héros dans la recherche de ses origines, englué dans une conspiration qui touche les institutions US avec une entreprise criminelle recherchant le profit.
La série est repassé au thriller conspirationniste après la parenthèse SF de Kirby, même si la bizarrerie "gerberienne" est là sous couvert avec l'Ameridroid (même s'il ne l'a pas crée), Animus, la coccinelle ou l'armée de Crânes rouges.
Il se passe énormément de choses dans ces épisodes où le souffle du lecteur n'est repris que par le fait que des back-ups ou fill-ins sont introduits dans la continuité.
On voit arriver Roger McKenzie qui développera un arc important par la suite sur la série avant de relancer Daredevil sur des racines plus polar avant et avec Frank Miller. Il aura l'idée folle de faire de Cap, le Président des USA (refusée puis reformate par Stern sur son run avec Byrne) ou l'idée qui conduira Miller a faire ce magnifique Marvel fanfare 18 avec le personnage. Ce scénariste est injustement méconnu.
Pourquoi ces épisodes firent un si grand effet sur moi? Je ne sais pas. L'Ameridroid a beau être grotesque, je ne le voyais pas ainsi. Cependant ma relecture de ces épisodes reste plaisante. Ce n'est surement pas la meilleure période du titre mais elle grouille d'idées, d'intrigues, etc... Elle reste une période vraiment sympa qui aurait pu être plus sans cette instabilité au niveau des scénaristes (surement due à l'instabilité éditoriale alors que bizarrement le titre reste avec une direction bien précise). Surement aussi le talent de Steve Gerber et ses idées iconoclastes! L'ambiance aussi est particulière. Je disais aussi que les fins d'épisodes voyait notre héros repartir sans un succès vraiment établi complètement. Il repart en général assez défait par les conséquences (le déraillement du train mais aussi les fins pour Animus ou d'autres qui sont sévères. Et il ne connait pas la fin de Véda...).
Peut-être que c'est cela que j'ai aimé ce personnage. Steve Rogers sent que ca ne va pas. Pas que sa famille soit malade ou qu'il soit ostracisé.. ca ne va de toute façon globalement pas comme il le faudrait! Même en étant un surhomme blond aux yeux bleus, le monde ne tourne pas comme il faut et le rejet, la corruption, les machinations et le mensonge sont là! Et s'il le sait c'est à la base qu'il a été déjà rejeté malgré le fait d'être autant dans la norme au premier abord qu'il est possible.
Je recommande évidemment cette intégrale!