Au contraire, je pense que le métier est beaucoup plus difficile aujourd'hui pour les jeunes qui arrivent sur le marché car il y a beaucoup plus de concurrence et il n'existe plus les magazines qui permettaient de se faire les dents dans le métier tout en gagnant sa vie.
Je suis bien d’accord, mais je ne parle pas vraiment de la même chose. Je ne parle pas de la facilité à être édité ou non et se faire sa place dans le milieu de la BD mais de ce qui fait, à mon sens, un auteur. Car si c’est vrai qu’il est plus difficile d’être publié aujourd’hui (quoique vu les 5000 titres par an), il me semble que cela l’est plus accessible à bien plus de monde qu’avant car les critères pour se faire sont plus souples. Il y a des tas de BD qui sont publiées aujourd’hui et qui ne seraient jamais sorties il y a 30 ans, ou alors avec un dessinateur digne de ce nom.
Donc je parlais plus de ce qui fait la qualité d’un auteur que de le devenir finalement.
Les éditeurs demandent tout de suite des albums qui se vendent bien et le jeune n'a plus les temps d'arriver progressivement à maturité artistique comme autrefois
.
En même temps, ils me font marrer les éditeurs. Il y a 30 ans comme maintenant personne ne peut jamais vraiment savoir ce qui va marcher ou non.
Résultat, beaucoup de médiocrité dans les sorties et peu d'artistes qui peuvent developper une oeuvre originale.
C’est exactement ce que j’avais dit je ne sais plus où sur ce forum. La stratégie c’est d’en publier un max en espérant qu’un sorte du lot et avec le fric gagné par celui-ci, on republie une fournée de nouveaux dessineux et on attend lequel sortira du lot et ainsi de suite. Donc je ne suis pas sûr qu’au final le lecteur en sorte gagnant. Le choix qu’on met donc souvent en avant pour justifier « le progrès » est donc un faux argument (j’y reviendrai plus loin)
mais comment savoir d'avance? par contre c'est comme ça qu'on se retrouve avec des séries abandonnées à peine commencée car pas "assez" de ventes
Exactement. C’est dire le mépris des éditeurs pour leurs auteurs comme pour leurs lecteurs. On ne laisse plus à une série le temps de trouver son public. Le fric, le fric, toujours le fric. En même temps quand je dis qu'on nous prend pour des pigeons, j'ai la moitié de ce forum qui me tombe dessus...
Quelques exemples?
Ma bonté naturelle, m’évitera de citer des noms
Mais des laideurs il y en a toujours eu même dans les années 80. Suffit de voir les bouquins de Lauzier, Wolinski..
Oui mais à l’époque c’était plus un état d’esprit aussi. Difficile à expliquer, faut avoir vécu les années 80 pour comprendre. (décennie qui pour ma part est la meilleur du XXème siècle. Il y a avait une liberté et une créativité qu’on a jamais retrouvé depuis je trouve.)
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Quant à la question du choix, qui revient souvent, pour moi ce n’est pas un bon argument. Il en serait un si le choix avait gardé la même qualité de manière constante. Là alors, oui cela serait un avantage certain, mais ce n’est pas le cas.
Donc si il y a 30 ans on avait 500 BD par an mais 300 qui me plaisaient et aujourd’hui on a 5000 mais 100 qui me plaisent, au final mon choix s’est rétrécit.
Il ne faut pas croire non plus que moins de choix par rapport à maintenant provoquait un manque. Au contraire ça semblait plus varié qu’aujourd’hui car plus ou moins des catégories d’auteurs avaient leur créneau.
T’aimais la SF ? Ben tu lisais Moebus, Druillet, Mézières, Caza, etc…
T’aimais l’humour ? Tu lisais les séries du journal Spirou ou Tintin
T’aimais l’histoire ? T’avais toutes les BD proposées par A Suivre, Bourgeon, etc…
T’aimais les trucs qui sortent de l’ordinaire ? T’avais Sambre de Hislaire, etc…
T’aimais les trucs un peu poétiques ? Tu lisais Broussaille par exemple
T’aimais le western ? Tu lisais lucky Luke ou Giraud et consort
T’aimais l’aventure ? La plupart des séries de Spirou à cette époque (Spirou, Sammy, Natacha, etc…)
Etc, etc, etc…
Finalement il y en avait pour tous les goûts et dans la plupart du temps, avec des BD de qualité, autant question dessin que scénars.
Aujourd’hui, le choix est là, mais c’est pour la grande majorité des clônes des uns des autres. Donc c’est pas la quantité qui compte mais la qualité à mon avis.