JYB a écrit:Oui, mais Corentin a dit plus haut (et il n'est pas le seul, loin de là) qu'en tant que lecteur, tout ceci ne l'intéresse pas trop, et que ce qui importe, c'est le talent de conteur de JM Charlier (je confirme...).
Je me souviens de l’exemple de Dickens et de ses romans, parce que pour Charles Dickens, qui fut aussi journaliste, il était très important que ces histoires soient vraies. Cela ne signifie pas qu’elles doivent mettre en scène des personnages historiques – les personnages de Bleak House, par exemple, n’avaient pas réellement existé – mais qu’elles soient parfaitement vraisemblables. Pour ce roman, il a écrit une formidable préface dans laquelle il dépeint l’histoire d’un domaine dont deux enfants se disputent l’héritage ; aucun des deux ne touchera cet héritage car les avocats qui les défendent se battent sans cesse, jusqu’au jour où tout l’argent de l’héritage s’est volatilisé dans les frais d’avocats, et qu’il n’y a plus rien à hériter. Et Dickens disait que les gens se plaignaient de l’improbabilité d’une telle histoire.
A. M. : Ça ne peut pas être vrai !
H. B. : Ça ne peut pas être vrai. Il répondait : « Bien au contraire, j’ai dû me contenir. Il existe des cas bien pires que celui-ci dans les annales de la justice, je peux vous les montrer ! »
JYB a écrit:Tu évoques, à mon avis, quatre domaines qu'il faut pouvoir distinguer :
- le talent de conteur d'un scénariste (de BD, de film, de roman, etc) qui fait qu'on croit à son histoire, et qu'on est pris par un tourbillon d'aventures tumultueuses qui, apparemment, tiennent la route.
- l'esprit logique du scénariste, qui trouve des solutions logiques et plausibles pour plonger son ou ses héros dans des situations à risques, ou au contraire pour les sortir de ces situations à risques. Parce que des scénaristes farfelus, on en connaît...
- la recherche documentaire pour apporter au scénario des éléments vrais qui accréditent encore davantage le réalisme et la plausibilité d'une histoire (indépendamment du talent de conteur de l'auteur), soit en partant d'une histoire vraie qu'on adapte ou qu'on romance, soit en insérant, au sein d'une histoire inventée de toutes pièces, des anecdotes ou des scènes inspirées d'anecdotes ou de scènes vraies. Le petit "plus" qui fait vrai...
- le souci documentaire dans les dessins, càd dans les décors (le bon avion, la bonne voiture, le bon costume, la bonne architecture, etc, dans le bon endroit - et à la bonne date pour ne pas créer d'anachronismes), qui renforce l'aspect réaliste et plausible de la BD.
JYB a écrit:calculus a écrit:et parallèlement cette petite escapade hergéenne dans le surnaturel au niveau du scénario: on peut résolument penser que peu de lecteurs trouvent vraisemblables de se faire sauver d'un volcan en éruption par des extraterrestres; par contre tous les éléments scénaristiques qui mènent à ce dénomment le sont.
Tu nous emmènes, sans doute sans le vouloir, dans un tout autre sujet de discussion : les extraterrestres existent-ils ou non ? Des instances officielles disent que oui ! Des tas de gens disent que oui, et des tas de témoins à travers le monde, depuis au moins la dernière guerre mondiale, assurent en avoir vu - y compris des pilotes dignes de foi et ayant la tête bien sur les épaules. Pour eux, il n'y a, ou il n'y aurait, rien d'invraisemblable dans la scène de l'Ovni dans Vol 714.
Dans le même ordre d'idées, on pourrait trouver assez invraisemblable que Tintin rêve que son ami Tchang est encore vivant dans les montagnes du Tibet, au point qu'il en est certain et qu'il décide d'aller le chercher coûte que coûte.
Avec Hergé, il faut être prudent car il était à la fois bien documenté et très inspiré, et même visionnaire. S'il a mis en scène un Ovni, je prends le pari que ceci repose sur une certaine réalité et qu'Hergé a même tapé juste. Bref, il faudrait que tu prennes un cas clairement invraisemblable, chez Tintin ou ailleurs.
Jopo de Pojo a écrit:La foudre a-t-elle pour effet de faire monter en vrille un homme rivé sur son fauteuil, cher JYB ? Les chiens parlent-ils le français ? (Cela dit, merci pour votre érudition, toujours un plaisir...)
Arthur C Clarke:
Deux possibilités existent : soit nous sommes seuls dans l'univers, soit nous ne le sommes pas. Les deux hypothèses sont tout aussi effrayantes.
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