Coldo3895 a écrit:Brian Addav a écrit:T'as peut-être aussi le fait que le mec de Titan, il est un peu connu, et quand il est venu visiter, les mecs lui ont réservé l'accueil qu'il fallait pour surtout pas se le récupérer...
Quand tu as une usine qui est au bord de la fermeture et qu'il n'y a qu'UN SEUL mec qui vient avec éventuellement l'idée de la racheter, est-ce vraiment une bonne stratégie de l'envoyer chier ?
C'est en tous cas celle de la CGT cf article Les Echos ci-après
Goodyear : le jeu trouble de la CGT locale a bloqué la situation
La CGT de Goodyear Amiens-Nord porte une lourde responsabilité dans l'impasse dans laquelle se trouve le site.
Ni une histoire de licenciements boursiers ni une histoire de patron voyou partant avec les machines. La fermeture de Goodyear Amiens-Nord est celle d'une restructuration enclenchée il y a cinq ans avec, face à la direction, une CGT ultrareprésentative (80 % des voix), portant sa part de responsabilité dans la fermeture du site.
En septembre 2008, après le refus des ouvriers d'Amiens-Nord de passer d'un rythme de 3 × 8 en 4 × 8, Goodyear annonce un plan social de quelque 400 suppressions de postes, doublé peu après à 800 emplois. Commence alors une très longue guérilla juridique. L'avocat que la CGT locale s'est choisi, Fiodor Rilov, n'est pas connu pour enrichir la jurisprudence en faveur des salariés mais pour être expert des erreurs de procédure des directions qui lancent un plan social. Il le prouve encore chez le fabricant de pneus dont les condamnations vont se succéder. Toujours sur la forme, car la CGT et son avocat n'obtiendront jamais de remise en cause du motif économique de la restructuration. La mise en oeuvre est « simplement » retardée.
Lorsque, fin 2009, Titan arrive pour acheter l'activité de production de pneus agricoles, l'horizon paraît s'éclaircir. Mais la CGT commence par empêcher son PDG de visiter l'usine avant de se raviser. Sans pour autant cesser sa guérilla juridique, y compris contre le repreneur potentiel. Début 2012, il y a maintenant urgence. Titan annonce qu'il retire son offre, qui permet de sauver 537 emplois sur le site, sur quelque 1.200, si rien n'est réglé en juin. Au printemps, une solution prend forme pour les 700 salariés menacés de licenciement avec un plan de départs volontaires aux conditions financières et d'aide au reclassement très intéressantes, le solde étant repris à Amiens-Sud.
Un drame humain aussi important qu'à Florange.
La CGT demande cinq ans de garantie d'emploi au repreneur. Avec l'aide de Goodyear, il monte à trois ans et demi. Banco ? Pas du tout : Fiodor Rilov explique alors à un auditoire médusé que le syndicat veut désormais... sept ans. Le ministre d'alors des Affaires sociales, Xavier Bertrand, tente d'intervenir. Sans succès.
En fait, Fiodor Rilov et Mikhaël Wamen (délégué CGT) ont une petite idée en tête : se présenter aux élections législatives auréolés de leur présence sur le front des luttes dans la circonscription du communiste conservateur Maxime Gremetz, celui par qui l'avocat est arrivé sur le dossier Goodyear. Ce projet éclaire d'un jour particulier l'escalade des revendications du printemps. Et le brutal revirement de la CGT quatre jours avant le premier tour. Le 6 juin 2012, Michaël Wamen semble esquisser une sortie de crise : il annonce fièrement l'abandon de tout plan social pour un plan de départs volontaires. La ficelle est grosse. Elle ne lui apportera pas le succès. Il ne recueille que 6,3 % des voix.
Après cette défaite, rien ne va plus pour la CGT, qui prétend découvrir que s'il n'y a pas assez de départs volontaires, il y aura un plan social, un classique que Fiodor Rilov ne peut pourtant ignorer. En réalité, le mentor de Michaël Wamen a convaincu ce dernier qu'il pouvait avoir mieux après l'élection de François Hollande, venu en octobre 2011 à l'entrée de l'usine apporter son soutien. Cette fois-ci est celle de trop. Titan jette l'éponge. Le bel édifice permettant d'éviter les licenciements secs s'effondre, annonçant un drame humain aussi important qu'à Florange avec cependant une différence de taille dans le rôle qu'y auront joué les organisations syndicales. Cela souligne la difficulté qu'a la CGT à faire respecter la ligne d'ouverture de Bernard Thibault.
Désormais, l'affaire a pris un tour national. La confédération s'est invitée dans le dossier dont sa fédération de la chimie semble avoir pris la mesure. Mais le réveil risque d'être trop tardif pour sauver le site tant la tentation du chèque-valise est forte chez beaucoup de salariés. Hier, un journaliste a demandé à Michaël Wamen s'il regrettait d'avoir bloqué la reprise par Titan. Réponse : « Je regrette votre question. » « Pourquoi ? » « Elle est c... »
LEÏLA DE COMARMOND, Les Echos