Ce dessin inédit d'Hergé, effectué en mai 1945 à l'encre et à l'aquarelle et demeuré en la possession de la veuve puis de la fille de Jean Libert, l'un des deux auteurs qui écrivait en alternance avec Gaston Van den Panhuyse les aventures (à la longue un peu répétitives) de l'agent du SDECE Francis Coplan sous le pseudonyme collectif de Paul Kenny, va être prochainement mis en vente par la maison Coutau-Bégarie.
Ce dessin fut réalisé pour fêter une double libération : celle du pays et celle de Jean Libert, incarcéré pour incivisme à la prison Saint-Gilles, visible sur le dessin. [*]
On reconnaît
(il ne faut pas dire Jean Libert, même si on devine aisément où il se trouve !... Pour ma part, je n'ai connu le visage de l'écrivain que dans la première moitié des années 80, à l'occasion d'un article sur les best-sellers de l'espionnage dans le magazine de charme Lui ou Playboy et Jean Libert ainsi que Van den Panhuyse avaient déjà les traits de septuagénaires) Hergé, bien sûr, et ses personnages, deux des trois Jacques (le troisième Laudy, proche de Jacobs, n'est pas encore entré en scène à la différence de Jacques Van Melkebeke, autre incivique ayant eu quelques soucis à la Libération, et le peintre Marcel Stobbaerts (figurant par ailleurs en cameo avec Jacobs, Van Melkebeke et Hergé dans
le Sceptre d'Ottokar).
Qui peuvent bien être :
- le personnage qui jubile, situé entre Jean Libert porté par les Dupondt et Marcel Stobbaerts ?
- et celui qui brandit son chapeau ?
Il ne peut s'agir de simples figurants. Ceux-ci, à mon sens, ne se trouvent que dans la foule anonyme située à partir du troisième drapeau national belge.
[*] Libert fut journaliste au Soir (devenu le Soir volé, en collaborant avec l'occupant nazi) où Hergé le côtoya. Son incarcération, qui s'était prolongée à la différence de celle de George Remi, déprimait terriblement Hergé qui était son ami depuis les années 30. Dans le bouquin
Tracé R.G. de Van Opstal figure une photo prise en 1936 où on peut apercevoir
(mais il est impossible de distinguer suffisamment leurs traits pour les graver dans sa mémoire visuelle) non seulement Jean Libert, mais aussi une certaine Geo Libert et un Lucien (Lulu) Libert, sans doute ses frère (jeune garçon) et soeur.
Avec son complice dans l'écriture (Gaston Van den Panhuyse), ils écrivirent sous le pseudo toujours commun mais plus transparent de Jean-Gaston Vandel, de bons romans de science-fiction dans la collection Anticipation (Fusée) du Fleuve Noir.