zourbi le grec a écrit:fred a écrit:Le récent palmarès d'Angoulème m'a fait réaliser qu'Hergé n'avait jamais été Grand Prix.
Certains d'entre vous savent-ils s'il y a des raisons "particulières" à cela. Pb personnel, conflit divers...?
Je pense que c'est pour des raisons politiques et idéologiques. A la création du festival en 1974, l'idéologie dominante en bd comme ailleurs était le gauchisme et Hergé était au mieux considéré comme ringard et réactionnaire et au pire comme ancien collaborateur, ce qui explique à mon avis cet ostracisme.
Et le petit scandale de la sortie des Picaros qui renvoyait dos à dos tous les totalitarismes (de droite et de gauche) a dû jouer en sa défaveur
En fait à ses débuts le Salon , même s'il était de coeur avec la " gauche "( à ne pas confondre avec le " gauchisme " , surtout en ce début des années 70 ) pour certains des membres des jurys successifs , a honoré des Grands Prix comme Pellos , Jijé , ou Marijac , plutôt à droite de l'échiquier...c'était encore une époque militante pour la reconnaissance et cette génération de classiques transcendait les opinions politiques.
Le Salon a disposé de dix années pour faire de Hergé un Grand Prix , il ne l'a pas fait. Mais il a pris en compte la notoriété évidente de Hergé et en a fait son Président d'honneur dés le début .
C'est en janvier 1977 que Hergé vient à Angoulème , avec les Picaros sorti en 76 , comme le rappelle Zourbi .
Très gros succès pour Hergé lors de ce salon , où la ville lui remet sa Médaille de Vermeille . Pour finir il y aura une rue Hergé en centre ville ( 2003) , que tous les festivaliers empruntent pour aller d'un point à l'autre du festival , et le buste de Hergé par Tchang a longtemps trôné dans la cour du CNBDI pour finir dans la rue portant son nom .
Hergé a donc bien été honoré par Angoulème , mais pour le Grand Prix les premiers jurys ont du opérer des choix entre les grands classiques ( nombreux et encore vivants à l'époque , les Hergé , Uderzo , Morris , Peyo , Roba , Jacobs ,etc...) et d'autres auteurs dont la reconnaissance étaient plus récentes ( même si certains étaient déjà âgés) , comme Eisner , Gillon , ou les plus jeunes comme Giraud ou Tardi. Leur choix a été clair , ils ont privilégié la deuxième catégorie car l'air du temps poussait dans cette direction très " française " , les pionniers de ce long combat en faveur du 9è Art étaient français pour la plupart , cela a joué indéniablement.
Pour finir rappelons que si Franquin a eu le premier des Grands Prix en 74 lors du premier Salon c'était aussi une compensation parce qu'il ne l'avait pas eu au festival précédent de Lucca , ce qui avait enragé pas mal de monde . Dés le départ toute la subjectivité de ce genre de récompense était bien présente , même si , bien sûr , Franquin était un excellent et mérité Grand Prix.