Charlus a écrit:Je comprends bien tout ça. Ceci dit, ce ne sont justement pas les points auxquels j'ai été sensible. Moi j'ai aimé l'ingéniosité de ces histoires, leurs imbrications, leurs conséquences sur les personnages, y compris psychique !
Le côté eternel de batman, moi je ne le vois même pas ! Pour moi, Batman reste définitivement attaché à un société, c'est à dire une époque et un lieu ! J'avais même l'impression que c'était plutôt ça que Morrison voulait pointé...
Oui et non.
En fait, Batman évolue avec son époque, mais il est tout le temps connecté à son époque. Ce qui veut dire qu'il est également en prise avec les modes, les décisions éditoriales, tout ça…
Par exemple, le Batman de Zur En Arrh provient des années 1950, quand il était impossible de raconter des histoires un peu polar avec des criminels et des coups de feu. Morrison intègre ça. S'il ne le faisait pas, qu'est-ce que cela aurait impliqué ? Cela aurait impliqué que certaines versions de Batman ne sont plus officielles et sont sorties du canon. Et que,
in fine, le canon, c'est le Batman d'aujourd'hui, exempt de continuité (et donc de potentielles contradictions). Mais en l'intégrant, ce qu'il implique, c'est que toutes les versions de Batman sont valides et comptent autant que les autres, parce que, tout simplement, chaque époque a son Batman, ou plus précisément chaque époque interprête Batman avec son regard.
Et ce, jusque dans le futur. Non seulement le futur aperçu dans
Batman #666 et où vit Damian adulte, mais aussi le futur de
Kingdom Come, annoncé avec la fabrication des robots Batman de surveillance. En gros, Batman sera toujours là, toujours à Gotham. Pour démontrer cela (et pour faire fonctionner la narration sous forme de prophétie), Morrison a besoin de parler du temps (et du voyage dans le temps).
Qui plus est, Batman existe dans l'univers DC, un univers qui a toujours fait une part belle aux univers parallèles, et donc aux déclinaisons de Batman. Dans la collection "Elseworlds", on a vu des Batman victorien, de la Sécession, etc… Donc, dans la vision de Morrison d'un Batman éternel, le concept même de Batman existe en tous temps, et c'est là que
Return of Bruce Wayne trouve sa justification et sa pertinence.
En plus d'être atemporel et présent à toutes les époque, Batman, de concept, devient également archétype. Et un archétype, c'est fait pour être copié. Morrison ouvre son
run sur des copies de Batman, et continue avec des copies de natures variées : Man-Bat, les membres du Club des Héros, puis Red Hood qui copie le Dynamique Duo, voire les recrues de Batman Incorporated et Damian lui-même, qui devient une copie de son père.
Sans voyage dans le temps, sans démon, sans discours sur l'immanence et la pérennité du mal, sans l'histoire de Gotham City, le
run de Morrison serait amputé, me semble-t-il, d'une partie de sa substance. Et ne raconterait pas la même chose.
Jim