Mon cher Fab, je suis désolé, mais y a quelques rectifications de taille à apporter dans ton papier.
Premièrement,
Gotham Central, puisque l'on parle de série TV, est un comics clairement pensé sur ce système, mais lorgne clairement plus du côté par exemple de l'acclamée The Wire (même par Alan Moore, c'est dire).
Sauf que la diffusion de
The Wire et la publication de
Gotham Central sont quasi strictement contemporaines. Si la BD lorgne sur des séries, il faut plutôt aller chercher, d'abord, du côté de titres plus anciens comme
Hill Street Blues,
NYPD Blue, ou
Homicide qu'il faut pas oublier de citer sinon Corbulon pète un câble.
Dans ce premier tome, qui regroupe deux arcs, les enquêtes sont menées tambour battant, on a droit à l'apparition de quelques ennemis de la Chauve Souris, ainsi que de cette dernière en personne (ce qui a tout de même tendance à être un peu le Deus Ex Machina de ma série) et même, pour preuve de la maturité et de l'audace de Gotham Central, au premier personnage homosexuel chez DC comics.
Alors là, la seule chose qui m'empêche de dire que c'est totalement faux, c'est que c'est vrai... mais clairement pas dans le sens que tu sembles lui donner.
Parce que si tu parles de l'outing de Renee Montoya, tu es assez largement à côté de la plaque.
En revanche, si tu évoques le capitaine Maggie Sawyer, là, ça peut déjà plus se discuter. Sauf que du coup ça n'a rien à voir avec l'audace de
Gotham Central mais bien plutôt (et plus tôt) avec celle de John Byrne qui crée le personnage en 1987 et la fait tout de suite vivre en couple avec la journaliste Toby Raynes. Leur relation est totalement transparente pour les lecteurs même si des mots comme "lesbienne" ne sont pas encore explicités à l'époque (ça donne des trucs comme Superman en train de penser : "il est complètement ridicule, de nos jours, qu'un personnage aussi droit que Maggie Sawyer se voit forcée à renoncer à la garde de son enfant juste parce qu'elle est --- oh tiens, mais qu'est-ce que je vois ?"
).
Techniquement, la première apparition de Holly Robinson (dans
Batman: Year One) précède de quelques mois la première apparition de Maggie Sawyer. Mais pour le coup, même si on les voit partager un appartement, il faut tout de même beaucoup d'imagination pour la croire en couple avec Selina Kyle. En revanche, c'est - déjà - Ed Brubaker qui la réinterprètera comme un personnage ouvertement lesbien dans son run de
Catwoman... début 2002, un an avant l'arc "
Half a life" de
Gotham Central.
En 1988 le verrou du Comics Code saute définitivement. L'année verra l'apparition de l'oubliable et oublié Extraño, premier super héros made in DC, créé par Steven Englehart, malheureusement un ramassis de clichés ambulant, mais aussi, de façon bien plus marquante, l'évocation de l'inoubliable Valérie dans
V pour Vendetta d'Alan Moore. En 89, Damon Matthews, avocat gay tout à fait "normal" et personnage secondaire remarqué de la série
Manhunter écrite par Mark Andreyko (lui-même homosexuel), se met en couple. Au début des années 90, Neil Gaiman présente dans l'arc
A Game of You (dans le T.3 de l'édition Urban) le personnage de Wanda, sur le point d'être opérée pour devenir pleinement transexuelle, et un couple de lesbiennes ; John Constantine est décrit comme bisexuel ; la Doom Patrol compte dans ses rangs l'hermaphrodite Rebis (par Grant Morrison) puis la transexuelle Coagula (par Rachel Pollack, elle-même transexuelle). Etc. - la liste n'est pas exhaustive.
Je ne veux pas minorer l'importance de l'arc "
Half a life" dans l'histoire des représentations de l'homosexualité dans les comics, mais dire que
Gotham Central introduit le premier personnage homosexuel chez DC, c'est clairement pécher par excès d'enthousiasme.
Enfin, concernant ton dernier post :
Mais là, c'est bien simple, Gotham (Central) la série BD c'est tout ce que Gotham la série TV devrait être...mais hélas non.
C'est pas mal,
Gotham, quand même ! Pas sans défauts, mais pas mal !