Brian Addav a écrit:kobaia a écrit:Le procédé est en effet très limite. Mais Seron décalquait lui. Vraiment.
Bin non, justement, ou pas comme on l'imagine.
Déjà, il faut replacer dans une époque où tout le monde repompait / recopiait le style Franquin. Donc Seron faisait comme les autres, vu que c'était ce que les éditeurs demandaient.
Le pb de Seron, c'est d'avoir dit tout haut ce que pas mal faisait tout bas.
Et sa méthode n'était pas basée sur le décalque.
Il s'était fait, d'après ce qui se dit, une bible où il avait collé découpé des photocopies des trucs de Franquin : les positions des mains, des jambes, les expressions, etc.
Bref, il faisait ce que beaucoup font quand ils veulent s'inspirer du style d'un auteur.
Après, il n'a pas fait que ça, il a aussi repompé des décors (le fameux porte avion), il a aussi piqué des trucs à Leloup.
(Et il ne s'en est pas caché).
Mais on ne peut pas parler de décalque simple. Il a pompé le style Franquin, fortement, mais pour raconter ses trucs.
Et une fois appris, digéré, il n'avait plus besoin de décalquer.
Son autre faute aussi c'est que sa série Les Petits Hommes marchait très bien, il a fait plein de jaloux
(et quand on dit que ça marchait bien, à une époque, c'était une série pilier du catalogue Dupuis).
Et puis surtout, il est mort. Donc on peut balancer ce qu'on veut sur son dos, il dira rien.
Mais pour ceux que ça intéresse, aller voir des planches de Seron, y'a de très très jolie chose en terme d'encrage.
(et aller relire les Petits Hommes
)
Maintenant, la copie d'un style, c'est pas nouveau. Souvent on dit d'un auteur qu'il fait école. Hergé a fait école. Vatine, Loisel et Crisse ont fait école à une époque, Sfar a fait école etc...
ça a toujours existé.
En Asie, c'est pire, car c'est poussé. Un truc a du succès, et de suite, vous avez une dizaine voir plus de bouquins pour apprendre à dessiner les persos comme machin, les décors comme trucs, les vêtements de telle époque comme bidule. C'est assez impressionnant les rayons de ce genre de bouquins en librairies.
Seron a pompé / copié, mais il a créé une œuvre, il a sorti des planches qui avaient une unité, une homogénéité de style.
Là, sur cette reprise de Delaf, c'est autre chose, on est pas du tout sur la même idée de recopie.
Sur le plan graphique, si on reprend ce premier gag :
Comme j'ai dit, j'adore ce qu'a fait Delaf sur les nombrils.
Sur les décors, je retrouve sa patte.
Son Lebrac, c'est du pur Delaf, sur toute la planche. Sonia, Bertje, idem, c'est du Delaf. Et ce pareil dans les autres planches qui ont été montrées.
Son Prunelle, ça colle déjà moins. Sur cette planche, c'est du Delaf. Sur d'autres montrés, j'ai une impression de collage entre des attitudes de Fantasio et des têtes de Prunelle, ça me fait bizarre.
Et son Gaston, j'imprime pas.
Case 4, troisième bande, dernière case, là je vois du Delaf. La troisième bande je la trouve géniale.
Mais alors première bande, c'est du Franquin. Et ça me choque. La case 2, ça me saute aux yeux tellement c'est pas raccord avec le reste.
Y'a un contraste, un truc qui détonne. Et je comprends pas pourquoi alors qu'il pourrait le faire à sa sauce, là je capte pas.
Et c'est tout le pb sur le plan graphique que j'ai avec cette reprise. Pourquoi aller coller de temps en temps des décalques d'attitudes (que ce soit complète ou recomposée en prenant le corps par ci, la tête par là), pour faire du "pur Franquin" alors que tout le reste est du pur Delaf. A chaque fois ça me fait sortir du truc.
Et j'ai le même problème avec tous les autres extraits.
La couv du journal idem.
Tout passe bien, c'est du Delaf,et d'un coup, le chat, c'est du Franquin pur jus.
Après sur le plan du gag, on est pas du tout dans la rythmique de Franquin,mais à la limite c'est pas grave, c'est tellement particulier de faire du gag que c'est pas là dessus que je vais me prendre la tête.