la BD est intellectuellement sous-évaluée. Il n'y a qu'à voir où elle est rangée dans les rayons des magasins physiques et sur Internet, souvent dans "jeunesse" ou "humour". Et donc, pour un "produit" de valeur si basse, forcément le prix est trop élevé. Je ne crois pas qu'il soit véritablement possible de baisser les prix.
- Chez Delirium Editions, "Judge Dredd" passe de 23,90€ à 22,90€ (144 pages, 194 pages avant), même si le prix baisse d'un euro, en fait c'est une petite augmentation à la page, passant de 12 à 15 cts/page.
Je ne penses pas qu'il faille catégoriser de cette manière les choses. Une BD c'est pas pareil qu'Apple. Une BD c'est proche intellectuellement d'une pièce de théâtre, il en va de même pour un film cinématographique, mais chacun a ses spécificités et sa technique, son histoire propre... Je ne pense pas que ces arts soient "sous-évalués", mais certainement ont une perception différenciée (selon le public).
Si l'on veut un coût maîtrisé dans le secteur ce n'est pas parce que l'on sous-estime la BD, c'est au contraire parce qu'on l'aime, c'est un art populaire, il doit le rester. Un art qui gagne à une large diffusion et à la qualité qui doit croître et se développer.
Quand l'on voit des jeunes gens lire les BD dans les rayons de la FNAC, on se dit pas, "ah voilà des gens sous-développés" , du moins on doit plus se dire cela dans certains milieux, mais se dire que ce sont des gens aussi cultivés que les autres, mais d'un médias autre !
Faire de la BD revient chère, c'est un produit rare, donc chère. Le théâtre est un bien culturel chère car c'est un bien rare. Le média Ciné est moins chère car partagé par plus de gens. Il ne s’agit pas à proprement parlé d'une sous-évaluation intellectuelle (elle a souvent été par le passé), or il s'agit avant tout d'un problème de rétrécissement de la base du lectorat à cause de la crise, d'un appauvrissement financier de la clientèle (ou qui a d'autres priorités) etc...
Mais rien que dans les termes BD ou Bande-Dessinée, il y a déjà quelque chose de presque négatif, ou tout du moins d'une valeur inférieure à celle de "littérature". On n'a bien essayé avec "roman graphique", c'est un premier pas. Je ne perds pas l'espoir que d'ici quelques années, la BD trouve une vraie place, entre le théâtre, le cinéma, et la littérature justement.
A mon avis c'est une des bases du problème. Autrefois quand on s’ennuyait on allait lire une BD... Aujourd'hui, on a infiniment plus de choix, on peut aller au ciné, lire un roman, regarder un film sur le net, écouter de la musique, aller à un concert, téléphoner à sa copine en direct live, discutailler sur Facebook, se faire une "bouffe" au resto du coin, jardiner, aller faire une causette dans son association et aider, aller faire de la danse indienne, brésilienne, de cow-boy...
Les gens ont de moins en moins de temps, de moins en moins de disponibilité, de moins en moins d'argent (pour les loisirs chères), Il n'y a que quelques mordus de ciné qui vont voir plusieurs séances, la majorité des gens se font "une sortie" une ou deux fois par mois, pas plus. Il en va de même pour une bonne BD, on achète seulement pour des occasions (le dernier Asterix, car on a la collection...) ou parceque le bouche-à-oreille a particulièrement fonctionné etc !
Le prix est un des paramètres sur lequel on peut jouer (mais de moins en moins, hélas). La qualité est un des autres facteurs...
Tu est d'accords, enfin je l'espère, que sur les trois millions de chômeurs, on a perdu un certain lectorat, au moins des milliers...
Sur les sept à dix millions de pauvres, on a également perdu une substance importante du lectorat. Qu'il y ait quelques centaines de lecteurs capables d'acheter des centaines de BD par le mois, ça maintient certaines choses, mais c'est plus suffisant... La BD a besoin de recomposer son lectorat (ou sa clientèle si l'on parles à la mode Sarkosy). Mais pour ce qui est du reste, le peuple aime la BD, ses auteurs, l'objet physique. ça c'est pas un problème.