A priori, prix indiqués sur ce blogue sont faux. Chez les libraires, les prévisions pour les 2 premières intégrales luxe sont :
- Ballade au bout du monde : 69 € (au lieu de 65)
- Le décalogue : 120 € (au lieu de 105)
Je confirme. Les prix annoncés dans le matériel envoyé aux libraires sont faux.
Intéressement ce découpage.
Les 10 % droits d'auteur et les 17 % de prix de revient me paraissent logiques.
Par contre, les 40 % concernant le commerce (marge libraire) sont peu détaillés. Je ne vois pas malice mais je pense que le terme commerce englobe beaucoup d'aspects.
Certains ont commencé à être abordés (comme les invendus) mais les éclaircissements d'un professionnel (il y a beaucoup de libraires sur ce forum ) seraient les bienvenue.
Effectivement, il y a de quoi détailler. Déjà, ces répartitions indiquant des marges sont toujours trompeuses parce que marge et bénéfice sont deux choses très différentes. Celui qui ne fait pas cette différence voit les chiffres et se dit "Waouh ! Le commerçant se met 40% dans la poche". Evidemment, c'est très différent. Sinon les libraires ne seraient pas aussi mal payés. A part ça :
* 40%, c'est pour la grande distribution et/ou les chaînes et/ou les libraires spécialisés (et dans ce dernier cas, même pas tous, ça dépend de leur CA). Perso, une remise de base de 40%, que ce soit en BD ou tout autre type de livre, même pas en rêve. En BD, chez les éditeurs ou groupes spécialisés (dont Dupuis, donc), notre marge est de 30%. La plus basse d'à peu près tout ce qu'on vend. Chez les éditeurs non spécialisés (Futuro/Gallimard, Actes Sud, Seuil, Flammarion etc.), elle tourne à 34/35%.
* De ces 30% que nous font MDS ou Hachette (Dupuis, Dargaud, Delcourt, Soleil, Lombard etc.), il faut déduire les 5% des clients qui ont une carte de fidélité. On n'est déjà plus qu'à 25%.
* Après, il y a tous les frais généraux, qui dans le tableau Dupuis sont détaillés... pour Dupuis seulement. Mais bizarrement pas pour le commerçant. A commencer par le transport, et dans les 2 sens s'il y a retour. Et puis tout le reste : loyer, électricité, téléphone, logiciels (avec abonnements aux bases de données), comptable, compte bancaire, frais carte bleue (à chaque transaction), sacs, papier cadeau, etc.
A l'arrivée, pas étonnant que beaucoup de libraires se reconvertissent en commerciaux dans l'édition. Un libraire très qualifié avec 16 ans d'ancienneté gagne en moyenne 1,6 fois le SMIC. http://www.centrenationaldulivre.fr/IMG/pdf/Resume_Etude_Librairie_SLF-SNE-MCC_def_070330.pdf.
Ce qu'il faut garder en tête aussi, c'est que la BD est la plus grosse machine commerciale de l'édition en France. Les plus gros tirages moyens, le réseau de librairies spécialisées le plus étendu, le seul type de livre à être collectionné en masse, le plus grand nombre de gros acheteurs (lié aussi au fait qu'une BD se lit très vite), le seul type de livre accompagné de produits dérivés à forte marge vendus au même endroit que les livres en question.
Toutes ces spécificités font que les éditeurs/distributeurs BD n'ont rien à carrer du petit millier de libraires indépendants français et axent toute leur politique commerciale (remises, opés, représ etc.) sur la GD et le réseau spécialisé. Alors que ce petit millier de libraires indés leur fait pourtant une part non négligeable de leur CA. Bref, dans notre cas de libraire généraliste doté d'un bon rayon BD, diversifié et bien suivi, la BD est le produit le moins rentable.