de star dreamer » 17/07/2007 08:19
Bonjour,
(Petit :siffle: ) commentaire à l'occasion de la sortie de l'album "Daredevil 13 – Le rapport Murdoch".
Cet album, qui constitue la fin de la collaboration "Bendis/Maleev" sur ce personnage, ne m'a pas enthousiasmé comparé à certains arcs dont ils nous avaient gratifiées jusqu'à présent. Mon discours sera donc volontairement incisif, pour contrebalancer les "louanges" que l'on peut lire concernant cette fin de règne sur les forums de comics.
[spoiler]En parcourant les premières pages de la B.D., j'ai eu envie de crier "Encore ??!!", tant ce que lisait me semblait être du réchauffé de déjà-vu…. Ainsi, après "mon ancienne petite amie révèle mon identité secrète", puis "un magnat de la presse révèle mon identité secrète", voici, inédit, "mon pire ennemi révèle mon identité secrète"…
Deuxième constat : Comme c'est la fin de ce scénariste, l'histoire ressemble à un tableau de famille avec tous les copains (et copines…) venus pour marquer l'occasion (sauf Nick Fury ?) et dire dans 20 ans en feuilletant l'album de famille "J'y étais !" Et autant je suis content de voir Milla revenir dans la vie du héros (je l'aime bien), autant certains retours et surtout certaines réactions ou répliques ne semblent pas là pour restituer l'atmosphère que la série avait eu bon ton d'instaurer à travers les derniers arcs. Quelques exemples :
1- Le personnage d'Elektra : A la fin de l'album n°5, ce personnage apparaît délicieusement hors norme, presque irréelle, un fantôme du passé refaisant surface. Et sa rencontre avec Matt était faite de silence quand les mots n'étaient pas nécessaires. Ici, Elektra semble tombée de son piédestal. Elle est humaine et notre héros ne trouve rien de mieux que de lui rentrer dans le lard quand il la "revoit". Elektra est non seulement redevenue une simple femme mais la Main qu'elle dirige désormais n'est jamais qu'une bande de gaillards habillés de noir. On en regretterait le look "ninja" de Frank Miller dans ces œuvres des années 80 avec ses hordes de combattants rendus innombrables par leur anonymat et leur omniprésence. Une part de mystère a été mis au placard : Dommage ! Je dirai d'ailleurs la même chose concernant la "fin" de l'histoire où Matt prend conscience que fuir ne sert à rien. Je suppose que c'est pour mieux gruger le lecteur que ce passage se déroule sans grande originalité, afin de ne pas vendre la mèche… Milla meurt, tuée par le Tireur, Matt tue l'assassin (il peut toujours faire semblant de le faire, depuis le temps…) et finit dans les bras de son ancienne et première amante. Pourtant, quand on sait ce dont il s'agit, on peut s'étonner que les pensées du héros ne soient pas plus présentes tout au long de ce parcours pris à cent à l'heure, car "l'effet de surprise" ne peut ne fonctionner qu'à la première lecture.
2- Ca jacasse beaucoup trop à mon goût et certaines répliques ne sont pas des plus indispensables. Quand on se souvient, toujours dans le superbe album 5, que c'est la Veuve Noire qui pense aider Matt en lui envoyant Elektra pour "surmonter" sa crise, on peut s'étonner de sa réaction lorsqu'elle les retrouve ensemble sur un toit : "Si vous vous êtes remis ensemble, toi et la ninja, je vous tue tous les deux"… Plutôt basique selon moi. Et idem dans l'infirmerie "de nuit", vers la fin. Autre point agaçant ( mais cela fait partie de l'histoire), c'est l'entêtement du directeur du FBI à vouloir la tête de Daredevil. On se croirait dans un épisode de "Civil War" avant l'heure.
3- Les combats : Vous avez sans doute déjà constaté que les dessins des personnages étaient souvent "photographiquement" statiques mais, jusqu'à présent, les quelques combats présentés, plutôt rares dans l'ensemble, évitaient plus ou moins l'écueil de l'action figée, en la présentant d'une manière originale, soit du point de vue scénaristique (d'une manière "personnelle" pour que les coups donnés ou reçus ne soient que la ponctuation d'un discours où le scénariste nous montre que l'affrontement vécu s'inscrit dans la continuité du vécu du héros) ou d'un rendu visuel particulier (la pluie ou l'obscurité nocturne, les découpages ou cadrages particuliers auxquels nous sommes maintenant habitués, etc. ) Dans cet album, plus rempli de combats qu'auparavant, les limites du style graphique sautent aux yeux et on se retrouve avec des scènes d'un conventionnalisme visuel qui jure avec l'ambiance habituelle de la série. Et comme c'est de l'action pour de l'action, la profondeur générale de l'arc s'en ressent.
4- Pour en finir avec Maleev : J'avais déjà constaté (dans le début des "Illuminati") que le style de ce dessinateur ne me convenait pas quand il se lançait dans un rendu visuel "comics coloré". C'est le cas ici d'Iron Fist dont la souplesse féline est passée à la trappe et dont le poing brille comme une lampe de poche (bien sûr, j'ai encore John Byrne en tête. Alors, forcément…) qui en fait un peu les frais. De plus, en dehors de l'aspect figé de certaines situations, les visages des personnages ne sont pas forcément des plus réussis. L'exemple le plus flagrant est celui de Milla sur la "photo souvenir parisienne", vers la fin.[/spoiler]
Voici donc quelques critiques très acerbes sur une fin de série plutôt conventionnelle qui a laissé une partie de sa magie sur le bas-côté pour revenir à un discours moins surprenant ou un peu élimé à force d'être utilisé à outrance. Et si l'album, en lui-même, reste quand même plutôt sympathique, avec de bonnes idées (comme le "piège" tendu par le Caïd à Ben Urich) nous avons déjà eu l'occasion de découvrir que le couple Bendis-Maleev savait créer une atmosphère ou de la profondeur aux personnages dont ils nous contaient les aventures. Ici, on a l'impression qu'il est temps qu'ils passent à autre chose (en l'occurrence SpiderWoman si je me souviens bien).
Note personnelle : 3/5.
Amicalement,
Celui qui rêvait d'une étoile (vachement remonté !)