Coup de gueule contre l'absence totale de culture scientifique et de pensée critique de la part des médias.
une ONG fait beaucoup parler d'elle ces jours derniers à l'occasion de son beau coup marketing sur les "bonbons aux nanoparticules" en plein halloween.
c'est repris par une palanquée de média, comme par exemple :
http://www.lepoint.fr/sante/halloween-g ... 828_40.php(et des dizaines d'autres articles un peu partout)
tous citent le communiqué de presse de l'ONG, sans en changer une virgule la plupart du temps...
-Communiqué de presse du 27 octobre 2016-
# Halloween – Nouvelle enquête d’Agir pour l’Environnement Plus de 100 sucreries contiendraient des #nanoparticules !!!
A l’occasion d’Halloween, Agir pour l’environnement a enquêté pour estimer au mieux la quantité de confiseries contenant des additifs alimentaires susceptibles de contenir des nanoparticules, majoritairement le dioxyde de titane (colorant E171). Le résultat est inquiétant : plus de 100 produits alimentaires destinés aux enfants ont été identifiés dans une quinzaine d’enseignes de supermarchés : bonbons Têtes brulées, Elodie, Fizzy, chewing-gum Airwaves, Hollywood, Freedent, Malabar, confiseries M&M’s, Skittles, gâteaux LU, chocolats Milka, décorations gâteaux Vahiné…
D’après la littérature scientifique, le dioxyde de titane contiendrait aujourd’hui des particules d’un diamètre moyen de 100 à 130 nm, appartenant clairement à l’échelle nanométrique. De fait, des analyses indépendantes publiées en juin par Agir pour l’environnement ont montré que 4 produits alimentaires choisis au hasard contenaient tous des nanoparticules. Ces mesures ont aussi révélé l’ampleur des infractions à la réglementation sur l’étiquetage. Aucun produit alimentaire ne porte la mention [nano] dans la liste des ingrédients, comme l’exige pourtant la réglementation européenne INCO 1169/2011 dès lors qu’une des dimensions d’un matériau produit intentionnellement est de l’ordre de 100nm.
Des scientifiques ont montré que les enfants sont en première ligne : ils consommeraient deux à quatre fois plus de titane que les adultes du fait de leur consommation de sucreries. Sachant que la période d’exposition est capitale pour évaluer les risques et que les enfants sont plus fragiles du fait d’un organisme en plein développement, Agir pour l’Environnement réclame avec force un moratoire sur les nanoparticules qui doit être mis en place de façon urgente, notamment dans les produits alimentaires destinés aux enfants.
L’échelle nanométrique augmente la dangerosité du dioxyde de titane. Les particules de taille extrêmement petite (un milliardième de mètre) ont la capacité de franchir les barrières physiologiques (intestins, cerveau, reins…), de pénétrer dans l’organisme et de s’y accumuler. Des effets toxiques sont documentés : dysfonctionnement de l’ADN, stress oxydatif, réactions inflammatoires, mort des cellules. Classé cancérigène probable 2B par inhalation par le CIRC depuis 2006, l’ANSES a préconisé en 2014 un classement des nanoparticules de dioxyde de titane comme substances dangereuses afin de permettre des mesures de restriction. L'institut sanitaire des Pays-Bas (RIVM) vient d’alerter sur leurs risques pour le foie, les ovaires et les testicules !
« Après le scandale de l’amiante, comment accepter que les enfants soient les cobayes de ces substances dangereuses qui envahissent notre alimentation à notre insu ? N’ayant aucune utilité pour le consommateur tout en leur faisant courir des risques inutiles, un moratoire sur la nano-malbouffe s’impose ! », s’exclame Magali Ringoot, d’Agir pour l’Environnement. « Halloween doit rester une fête… et sans horreurs pour la santé des enfants ! »
Agir pour l’environnement interpelle les industriels afin qu’ils cessent immédiatement d’utiliser du dioxyde de titane, additif qui peut facilement être retiré ou substitué.
bon, passons sur le ridicule de l'accroche du communiqué, à base de # et de !!! virulent.
un peu de fact checking :
D’après la littérature scientifique, le dioxyde de titane contiendrait aujourd’hui des particules d’un diamètre moyen de 100 à 130 nm, appartenant clairement à l’échelle nanométrique.
Faux.
une nanoparticule est un matériaux dont au moins 50% des particules ont une dimension entre 1 et 100 nanomètres (entre 1 millième et un dixième de micron, pour ceux qui situent mal). Donc non, pas de bol, mais entre 100 et 130 nm, c'est clairement pas l'échelle nanométrique. de peu, mais c'est raté.
bon, le hasard à bon dos, il suffit de savoir lire une étiquette vu que c'est écrit dessus. et ils ont trouvés quoi ? des agglomérats de l'ordre du micron, composées de particules indissociées d'un diamètre moyen de 130 à 180 nm. toujours pas de nanoparticules, et même de moins en moins vu qu'au maximum c'est 16 % de particules de TiO2 < 100nm qu'ils ont trouvés dans les produits testés. Et une infime part seulement n'est pas agglomérées.
mais ça n'empêche pas l'étude de conclure que la totalité du dioxyde de titane présent dans les produits est sous forme nano.
(dans chacun des tableaux, ils assimilent la totalité du titane présent à du nano, sans tenir compte du % de particules réellement < à 100nm. une petite escroquerie intellectuelle de plus)
Ces mesures ont aussi révélé l’ampleur des infractions à la réglementation sur l’étiquetage. Aucun produit alimentaire ne porte la mention [nano] dans la liste des ingrédients, comme l’exige pourtant la réglementation européenne INCO 1169/2011 dès lors qu’une des dimensions d’un matériau produit intentionnellement est de l’ordre de 100nm.
encore raté (caramba) !
premièrement, les particules primaires sont légèrement au dessus de l'échelle nano, donc ne nécessitent pas de déclaration, deuxièmement les agglomérats sont exclus de la réglementation dès lors qu'ils ne présentent pas le comportement d'une NP.
Les particules de taille extrêmement petite (un milliardième de mètre) ont la capacité de franchir les barrières physiologiques (intestins, cerveau, reins…), de pénétrer dans l’organisme et de s’y accumuler. Des effets toxiques sont documentés :
vrai (les études ne sont pas absolument affirmatives, la quasi totalité semble éliminée par les urines, mais des accumulations pourraient exister à long terme) mais argument biaisé, on parle ici de véritables nanoparticules, dix à quinze fois plus petites que les particules utilisées comme pigment. (c'est utilisé comme catalyseur pour capter les nitrites par exemple, ou pour les enduits anti-pollution, ou comme absorbeur UV dans les crèmes solaires)
Classé cancérigène probable 2B par inhalation par le CIRC depuis 2006
archi-faux.
cancérigène probable, c'est 2A, et la réglementation est absolument sans commune mesure avec celle des 2B, cancérigène
possible. Possible, ça veut dire qu'il y a une suspicion observée sur l'homme non corroborée par les tests cliniques sur l'animal, ou, comme c'est le cas ici, une étude clinique sur les animaux non corroborées par les observations sur l'homme.
à titre d'exemple, le DDT, les vapeurs d'essence, mais aussi la suie, le café, l'aloé vera, sont classés cancérigène 2B...
et dans ce cas précis, l'étude du CIRC est assez controversée, la concentration de dioxyde de titane dans l'air que respiraient ces rats était telle qu'un quidam ne verrait pas sa propre main à 5 cm de son visage. et dans la même étude, nulle trace de cancer pour des concentrations inférieures. nettement plus documentée, en revanche, les observations de la médecine sur les travailleurs des usines de TiO2 (notamment aux US en en Allemagne) : depuis plus de 100 ans que cette industrie existe, pas la moindre trace de surmortalité, alors que ce même type d'étude avait permis de mettre en évidence les dangers de l'amiante, par exemple.
et puis le risque d'inhalation est nul sur un colorant alimentaire.
Agir pour l’environnement interpelle les industriels afin qu’ils cessent immédiatement d’utiliser du dioxyde de titane, additif qui peut facilement être retiré ou substitué.
bonne idée ! substituons ! voyons voir, pigment blanc, qu'est-ce qu'on a en magasin... le blanc de zinc, oui mais c'est transparent, va falloir en mettre des tonnes, ça va pas faciliter la digestion. ah, j'ai ! le blanc de plomb. cette bonne vieille céruse. et puis là, c'est toxique par inhalation et par ingestion, les études n'auront même pas besoin d'être bidonnées pour faire peur au chaland.
c'est la première fois que je me lance dans ce genre de fact-checking, parce que l'intitulé m'a interpelé sur un sujet que je connais bien, mais c'est vachement flippant de voir que les lobbys des écologistes semblent tout aussi douteux que ceux des industriels.
quant aux seuls qui pourraient faire la part des choses, les médias qui rapportent ces trucs, ils sont les plus à blâmer par leur totale apathie intellectuelle vis à vis des faits qu'ils exposent.