Mirdhynn a écrit:Sinon il y a aussi "gourmand" dans les émissions culinaires. "ça va être un plat très gourmand"
Non, le mec qui va le déguster sera sûrement gourmand mais le plat sera très bon, pas "gourmand"
Mouais...
Faudra voir si ça se développe dans la durée ou si c'est juste un effet de mode mais cela n'a rien d'exceptionnel que de nouvelles acceptions se développent pour certains mots.
On peut certes reprocher à cette acception d'étendre l'adjectif "gourmand" de personnes à des objets mais ça ne me choque pas vraiment.
La langue, c'est quelque chose de vivant.
Des sens et des mots vieillissent. Des sens et des mots se créent.
La langue appartient à ceux qui l'utilisent. Et elle est assez robuste. Elle survivra aux excès en s'adaptant avec souplesse aux nouveautés et aux nouvelles générations.
Par ailleurs, un plat "gourmand", ça n'a pas vraiment le même sens qu'un plat "très bon".
"Malaisant" a fait son entrée au dictionnaire donc il est tout à fait correct de l'utiliser.
On peut trouver le mot et son emploi agaçant mais on ne peut pas reprocher au mot de ne pas posséder une signification assez claire (ce qui n'est pas toujours le cas des nouveaux mots).
Personnellement, "malaisant" ne m'agace pas.
Un mot comme "disruptif", sa signification est également très claire mais ce type de mots est tellement utilisé pour tout et n'importe quoi par des gens qui manient une espèce de novlangue insupportable que ça en devient complètement insupportable. C'est vraiment représentatif de la start-up nation dans ce qu'elle a de plus exécrable.
"Résilience", ça m'énerve parce que c'était un mot que j'utilisais régulièrement avant qu'il ne devienne à la mode et que son sens se dilue dans le n'importe quoi. A la base, c'est un chouette mot.
Les trucs avec "sur", ça ma fait sourire plus que ça ne m'agace.
Les "du coup", "en vrai" et autres, j'en bouffe à grosses louches à longueur de journées (faites des enfants qu'ils disaient).
A l'oral, je fais avec. Ca me fait plutôt sourire.
Je pense qu'on avait aussi nos tics de langage quand on était jeunes et que ça devait aussi heurter nos parents.
C'est pas bien grave. Et ce n'est pas ça qui empêche nécessairement de posséder par ailleurs un vocabulaire assez riche.
Ceci dit, si ça se retrouve à l'écrit, c'est plus problématique.
Personnellement, les trucs qui me gonflent, c'est les gens qui, par exemple, utilisent des verbes comme solutionner au lieu de résoudre. "Solutionner", je comprends bien que c'est plus facile à conjuguer que résoudre mais c'est vraiment abominable.
On a chacun ses agacements, je suppose.
"Ca ne résout pas vraiment l'énigme, ça y rajoute simplement un élément délirant qui ne colle pas avec le reste. On commence dans la confusion pour finir dans le mystère."
Denis Johnson - "Arbre de fumée"