Batman : The Dark Knight, volume 2 : Cycle of violence, scénario de Gregg Hurwitz, dessins de David Finch, DC Comics, 2013.
Ce recueil regroupe les numéros 10 à 15 de la série régulière ainsi que le numéro 0.
Le premier volume,
Knight Terrors était surtout appréciable pour le dessin de Finch qui s'essayait à nouveau (après Goden Dawn) à l'art difficile de l'écriture d'un scénario. De ce tome, on gardera en mémoire les magnifiques planches, mais le scénario dans lequel Batman affrontait (comme dans Hush d'ailleurs) tous ses adversaires jusqu'à trouver le marionnettiste derrière ces pantins (en l'occurrence Bane) était très léger.
Pour cet arc, la DC a adjoint à Finch, l'écrivain Greg Hurwitz qui avait signé un superbe et sombre scénario pour la DC,
Penguin Pain and Prejudice, récemment traduit par Urban.
Gotham ne connaît pas la paix. Pendant que Bruce drague une ravissante pianiste, une série de kidnapping épouvante la cité. Les enfants enlevés n'ont aucun lien, ne sont pas riches, on ne demande pas de rançon. Au bout d'un certain temps, ils sont retrouvés, amaigris, terrorisés et gravement atteints dans leur esprit...
Le coupable est assurément l’Épouvantail. Batman doit vite le retrouver car une petite fille vient d'être enlevée à son tour...
Plutôt que de se lancer dans le l'action gratuite et finalement vaine, Hurwitz présente au lecteur, en miroirs parfaits, les psychologies des deux ennemis.
Jonathan Crane est un enfant martyr, servant de défouloir à un père sadique, alcoolisé et brutal. Devenu adulte et diplômé en psychiatrie, il commença a étudier la peur et ses mécanismes et comment la susciter et la contrôler. D'enfant martyr, il devint à son tour un bourreau...
Batman fut marqué par la perte de ses parents, la peur qu'il a ressenti le jour de leur assassinat ne l'a pas transformé en monstre, elle l'a aidée à avancer ; même s'il est toujours terrorisé à l'idée de perdre quelqu'un (comme Jason ou Damien).
Comme l'épouvantail, Batman terrorise, par son costume et ses postures, ses adversaires, mais son but n'est pas de juguler ses propres névroses en rendant les autres fous comme le fait le docteur Crane avec ses patients involontaires... Il veut la justice et faire en sorte que les braves gens n'aient plus peur des truands. Désormais ce sont les truands qui ont peur...
Hurwitz, superbement aidé par un Finch au meilleur de sa forme, dans une ambiance sombre et macabre (il faut voir l'Epouvantail se lier les lèvres au moyen d'une aiguille et d'une ficelle...), nous montre l'affrontement entre ces deux êtres si proches au fond.
Crane, en dépit de sa cruauté et de sa folie nous est montré avec une réelle empathie au travers des yeux de la fillette enlevée qui perçoit que son ravisseur, pour devenir ainsi, a dû beaucoup souffrir dans sa vie... Cette attitude désarme Crane et réveille des sentiments humains qu'il pensait morts.
L'affrontement avec Batman n'en sera que plus dramatique...
Un très bon tome, un peu gâché par un numéro zéro présentant pour la énième fois les origines du Batman, l'histoire de Joe Child mais en pas bien. Mais bon, ne vous arrêtez pas à ces quelques pages, car on tient une très bonne histoire, en un seul volume, du Batman.
Daredevil, volume 1, scénario de Marc Waid, dessins de Paolo Rivera, Emma Rios, Marcos Martin, Kano, Koi Pham, Marvel, 2013.
Il s'agit d'une édition deluxe (le format est légérement plus grand que celui d'un hardcover classique) de la série mensuelle reprenant le contenu des deux premiers tomes du relaunch de Daredevil, soit les numéros 1 à 10 de la série mensuelle, le numéro 577 de Spider-Man, ainsi que le numéro 10.1. de Dardevil.
Après les longs runs dépressifs et sacrément sombres de Bendis puis de Brubaker, Waid semble décider à redonner un peu de bonne humeur au plus célèbre des héros aveugles.
Pourtant, s'il brille dans ses activités héroïques (dans le premier numéro il déjoue une tentative d’enlèvement au cours d'un mariage devant unir deux clans de la pègre New-yorkaise, ses activités professionnelles sont délicates : malgré ses dénégations, il reste Daredevil dans l'esprit des gens et il se retrouve à chaque procès dans la position plus qu'inconfortable de prétendre conserver une éthique d'avocat alors que la nuit on le soupçonne de violer les droits élémentaires des personnes en les pourchassant et en les interrogeant de manière musclée...
Doit-il cesser de plaider au pénal et passer à d'autres affaires comme lui demande Foggy ? Un jeune homme aveugle se présente alors au cabinet, il aurait été licencié de façon injuste, n'est-ce pas là une bonne idée de reconversion juridique ?
Et voilà la ravissante Black Cat accusée (à tort ?) de vol et sous les verrous, elle va avoir besoin de Matt et de Daredevil aidé par le Spider-Man pour le coup.
Les récits s’enchaînent vite : l'Homme taupe a volé, par en dessous forcément, des cadavres dans un cimetière : pas de chance pour lui, il a dérobé les ossements du père de Matt.
On l'aura constaté, le ton est plus gai, souvent ironique chambrant avec respect les runs précédents, et très, très coloré : en témoigne les palettes des dessinateurs qui tous rendent lumineux et chatoyant l'univers du Diable de Hell's Kitchen.
Ce run, inauguré par Waid, n'en demeure pas loin annonciateur de tragédies possibles à venir. On sent que les rapports entre Nelson et Matt se détériorent de jour en jour. Dardevil en s'attaquant sans le vouloir l'AIM (allié à l'Hydra) a peut-être déclenché une catastrophe.
Mark Waid réalise ici un excellent travail. Son Daredevil est différent de ceux de Bendis et de Brubaker : moins sombre, plus fun, capable de rester malin et intelligent. C'est un régal.
Ce premier volume deluxe, vendu à un prix accessible (25 euros environ), reprend les deux premiers tomes, il permettra aux retardataires d'entrer dans la nouvelle vie de Matt.
Plexiglot écrit :
Quant à Romita, ça fait plaisir de le voir remonter le gouffre...
On va dire qu'il est encore en convalescence, mais que son êtat s'améliore !