Combien possédez-vous de Bandes dessinées ?

[LEAUTAUD]

Message précédent :
Quand je parle de cotation en 1976 , il faut comprendre prix de ventes pratiqués par les libraires spécialisés de l'époque ( j'ai gardé leurs courriers ), ou les collectionneurs , car il n'existait pas encore d'argus . Un exemple: je recherchais CHLOROPHYLLE CONTRE LES RATS NOIRS , prix 400 frs ( ça me paraissait énorme !) .J'ai payé ce prix car je voulais ardemment relire cette magnifique histoire qui avait enchanté ma jeunesse.C'était le prix de mon plaisir .

[Croaa]

J'ai payé ce prix car je voulais ardemment relire cette magnifique histoire qui avait enchanté ma jeunesse.C'était le prix de mon plaisir .

Si tu avais trouvé le même objet à 10 frs. Aurais-tu eu le même plaisir ?
Le plaisir vient d'où pour toi ? Du fait de dépenser un forte somme pour posséder un objet qui a une grande valeur pécunière ? Ou de lire un album qui t'apporte du plaisir en fonction de son contenu (de sa nostaligie éventuelle) ?

Je ne vois pas d'opposition entre notre soit disant "innocence" et "ton grand sens de la vérité sur ce que doit être un collectionneur".
Seulement deux raisons différentes de collectionner.

[LEAUTAUD]

Dépenser une forte somme pour acquérir les albums que je n'avais qu'une chance infime de dénicher à 10 frs n'a JAMAIS été un plaisir pour moi, mais plutôt une contrainte . C'est pour satisfaire mon plaisir de LECTEUR que je devais passer sous les fourches caudines du marché de l'époque . J'ai mis des années à pouvoir enfin relire les Jerry Spring , Tif et Tondu , Timour , Chlorophylle , Valhardi , Marc Dacier ,etc...dont les séries complètes n'étaient plus au catalogue , voire totalement abandonnées .
Jamais l'aspect financier n'a constitué pour moi une " raison de collectionner" . Mon seul objectif était , et reste , de satisfaire ma passion de lecteur de Bandes Dessinées . Mais , que je le veuille ou non, la question du coût d'achat a toujours été présente , ne serait-ce que pour opérer des choix . Fallait-il acquérir les 8 albums de Jari édités par Bédéscope , ou, pour la même somme, acheter Jari et le champion qui n'était disponible qu'en EO du Lombard ? L'alternative était hautement financière, mais mon souci, mon désir, était de retrouver mes chers héros et leurs palpitantes histoires . EN FONCTION DE MES MOYENS.
Ensuite, au fur et à mesure que mes étagères s'alourdissaient , la question du prix des albums acquis devenait secondaire , mais , croyez-moi, jamais totalement chassée de mon esprit . Je reste persuadé que ce paramêtre financier est constitutif de l'état de collectionneur, à différents degrés certes: de la basique gestion du budget d'achat ( voire vente ou échange) , qui est apparemment le cas de CROAA et CDMDU ,au thésaurisateur obsessionnel ( que je ne suis pas !).
Il se trouve que l'objet de notre passion commune a un prix . Les faits sont têtus, disait Oulianov .

[zourbi le grec]

Je ne suis pas collectionneur, juste fan de bd mais les années passants, j'ai constitué de fait une petite collection dont certaines bd sont surement cotées (j'ai jamais vérifié). J'ai toujours refusé de considérer mes bd d'un point de vu financier car je pense que cela fausse la relation que l'on a avec la bd dont je ne reconnais que la valeur artistique ou sentimentale. Qu'on le veuille ou non, cette catégorie de "collectionneurs" ou fans, existe et elle n'est pas quantité négligeable.

[zemartinus]

Collection ne rime pas forcément avec dépenses. Cela est le cas pour certains domaines comme la bande dessinée ou les timbres, mais moi par exemple quand j'étais gamin je collectionnais les capsules des bouteilles de bière (sans consommer bien entendu) ou les cartouches usagées de fusil de chasse que je trouvais à la campagne, et je n'ai pourtant jamais déboursé un seul centime.

[Croaa]

Dépenser une forte somme pour acquérir les albums que je n'avais qu'une chance infime de dénicher à 10 frs n'a JAMAIS été un plaisir pour moi, mais plutôt une contrainte . C'est pour satisfaire mon plaisir de LECTEUR que je devais passer sous les fourches caudines du marché de l'époque . J'ai mis des années à pouvoir enfin relire les Jerry Spring , Tif et Tondu , Timour , Chlorophylle , Valhardi , Marc Dacier ,etc...dont les séries complètes n'étaient plus au catalogue , voire totalement abandonnées .
Jamais l'aspect financier n'a constitué pour moi une " raison de collectionner" . Mon seul objectif était , et reste , de satisfaire ma passion de lecteur de Bandes Dessinées . Mais , que je le veuille ou non, la question du coût d'achat a toujours été présente , ne serait-ce que pour opérer des choix . Fallait-il acquérir les 8 albums de Jari édités par Bédéscope , ou, pour la même somme, acheter Jari et le champion qui n'était disponible qu'en EO du Lombard ? L'alternative était hautement financière, mais mon souci, mon désir, était de retrouver mes chers héros et leurs palpitantes histoires . EN FONCTION DE MES MOYENS.
Ensuite, au fur et à mesure que mes étagères s'alourdissaient , la question du prix des albums acquis devenait secondaire , mais , croyez-moi, jamais totalement chassée de mon esprit . Je reste persuadé que ce paramêtre financier est constitutif de l'état de collectionneur, à différents degrés certes: de la basique gestion du budget d'achat ( voire vente ou échange) , qui est apparemment le cas de CROAA et CDMDU ,au thésaurisateur obsessionnel ( que je ne suis pas !).
Il se trouve que l'objet de notre passion commune a un prix . Les faits sont têtus, disait Oulianov .

Je pense que le problème est que tu associes coût d'achat à valeur de la BD. C'est un fait, c'est lié. Seulement, si le coût d'achat est une contrainte que l'on est obligé d'accepter la contrainte de la valeur pécunière de la BD, elle, personne ne t'oblige à l'accepter.
L'objet à un prix au moment de l'achat, oui, mais après libre à toi de continuer à ressentir comme une contrainte ce prix qui évolue ou pas. Personnellement je pense m'en être affranchie.

[Croaa]

mais moi par exemple quand j'étais gamin je collectionnais les capsules des bouteilles de bière (sans consommer bien entendu) ou les cartouches usagées de fusil de chasse que je trouvais à la campagne, et je n'ai pourtant jamais déboursé un seul centime.

Et je suis sûr que tu devais trouver beaucoup de capsule de bierre à côté des cartouches usagées.

[LEAUTAUD]

C'est vrai , nous aimons les albums que nous choisissons , et nous reconnaissons à ces objets magiques une valeur artistique ou historique . Nos auteurs de prédilections sont partie prenante du marché de leurs oeuvres , pour certains à leur corps défendant , pour d'autres avec leur active participation , éditeurs, diffuseurs , libraires , galéristes, etc... et finalement les acheteurs réjouis et émus que nous sommes, tous nous avons AUSSI ce rapport marchand à l'oeuvre d'art dans l'acte d'achat. Qu'ENSUITE , et dans l'unique hypothèse d'une collection sans transactions ultérieures ( ni ventes, ni échanges) nous soyons des esthètes uniquement préoccupés de nos rapports sentimentaux, artistiques et intellectuels avec l'objet de notre passion, cela se conçoit bien
, comme tu l'exprimes Zourbi le Grec , pour une part non négligeable des collectionneurs, petits et grands.
Contempler , parcourir , rêver , sans interposer le prisme de la valeur entre notre regard et nos albums , je le pratique . L'armée au garde à vous de mes Lombard dos toilé , ou de mes dos ronds Dupuis, dont se détache à ma guise telle ou telle histoire , est un plaisir renouvelé qui s'offre à ma vue . Voisinent ainsi l'anarchiste Gaston et le preux Timour , et tous m'invitent silencieusement à la relecture , que je pratique beaucoup sur les séries classiques( mais pas seulement, car je suis un inconditionnel de Alberto Breccia ,pour ne citer que lui) .
Mais au-delà de cette " tare" originelle ( l'acte d'achat et tout ce qui s'y attache) , j'avoue aussi me réjouir en tirant de son étagère
un album de valeur , tel ce SOS METEORES , jamais ouvert à plat(trop fragile car collé et non cousu) , le manipuler précautionneusement , le humer ( odeur Lombard légèrement farineuse), et me dire AUSSI que c'est un objet artistique de grand prix!Puis , je relis l'histoire dans une réédition . Mon plaisir est alors complet.

[Croaa]

Chacun trouve son plaisir où il le souhaite. Pas de soucis là-dessus.
Par contre je pense qu'il est important que on ait conscience que ce qui compte pour nous ne le soit pas forcément pour les autres.
Pour faire un parallèle avec ton plaisir d'ouvrir un album de valeur, j'ai plus de plaisir à ouvrir l'album des crayonnés du "Vent dans les saules" de Plessix que le 1er tome en EO de Sillage qui pourtant à une cote 2,5 fois plus importante et j'aurai plus de "chagrin" (si je peux en avoir) de voir disparaitre le 1er plutôt que le deuxième même si la somme nécessaire à son rachat est moindre. D'ailleurs en cas de disparition du Sillage, je me rachèterais sans aucun doute une réédition.

[LEAUTAUD]

Après ces longs et intéressants (en tous cas pour moi) échanges fournis sur ce qui nous amène a collectionner et la façon dont nous en ressentons les effets , je m'engage à faire connaître, dés le boulot de classement terminé , le nombre de Bandes Dessinées que je possède , thème du topic . Pour le moment , c'est encore en cartons suite à un déménagement , 600 cartons d'albums , revues, livres et vieux papiers , j'ai fait de nombreux voyages avec camionnettes de location pour transférer le tout , n'ayant pas souhaité confier cela à un déménageur -( toujours ce problème de valeur: un p'tit coup sur le carton des Spirou et hop! moins 50% )

[LEAUTAUD]

Tout de même, je tiens a remercier pour cet échange ( mon 2ème sur BDGEST , et mon premier sur un forum du net, car jusqu'ici j'ai toujours privilégié l'épistolaire sur support papier ) CROAA , FAUCON , CDMDU , ZOURBI LE GREC , DIGNUS EST INTRARE , ZEMARTINUS, et les autres intervenants qui ont participés : cette nouvelle ( pour moi) expérience de communication me donne envie de persévérer .Je n'ai pas encore assimilé tous les codes mais ça viendra . A bientôt et encore merci .

[Croaa]

Merci aussi pour les échanges.

Tiens, tant que j'y suis, un autre avantage de ne pas prendre en compte la valeur des BD. Mes cartons de BD, ce sont les déménageurs qui les portent.

[Choci Loni]

Merci aussi pour les échanges.

Tiens, tant que j'y suis, un autre avantage de ne pas prendre en compte la valeur des BD. Mes cartons de BD, ce sont les démangeurs qui les portent.

Je suppose que tu veux dire déménageurs
et que les albums qui ont de la valeur sont placés dans un coffre.

[Croaa]

Je suppose que tu veux dire déménageurs
et que les albums qui ont de la valeur sont placés dans un coffre.

Corrigé, en effet.
Par contre pour l'aspect valeur, je pense que tu n'as pas du lire nos échanges plus haut.

[zourbi le grec]

Tout de même, je tiens a remercier pour cet échange ( mon 2ème sur BDGEST , et mon premier sur un forum du net, car jusqu'ici j'ai toujours privilégié l'épistolaire sur support papier ) CROAA , FAUCON , CDMDU , ZOURBI LE GREC , DIGNUS EST INTRARE , ZEMARTINUS, et les autres intervenants qui ont participés : cette nouvelle ( pour moi) expérience de communication me donne envie de persévérer .Je n'ai pas encore assimilé tous les codes mais ça viendra . A bientôt et encore merci .

Bienvenue sur le forum et content de savoir que cette forme de communication épisto-numérique te séduit.
J'aime assez le lyrisme et le caractère imagé de ta "prose"

Dans un message précédent, tu qualifiais d'esthétique le rapport uniquement artistique et sentimental, à la bd et je ne suis pas tout à fait d'accord. Ce que je voulais exprimer, c'est que la mentalité de l'époque à tendance à privilégier la valeur commerciale ou spéculative des objets (dont les bd) au détriment des autres valeurs et cela fausse un peu la relation à la bd (à mon avis). J'ai envie de conserver mon regard d'enfant complètement étranger à la valeur monétaire de la bd. Par exemple, j'ai découvert la bd avec les albums familiaux et notamment des EO de Tintin et Spirou du début des années 50 qui sont maintenant dans un état épouvantable suite au rude traitement de plusieurs générations d'enfants et cela ne me dérange pas car ces bd ont apporté des heures de plaisir aux gamins et c'est le principal.

[LEAUTAUD]

Merci Zourbi pour ton commentaire sympa , ça me fait vraiment plaisir.
Je t'envie cette façon d'aimer la lecture d'un album quelque soit son état . Je n'y parviens plus vraiment.Même si je suis toujours heureux de voir un enfant plonger dans la lecture d'une Bande Dessinée , ce qui est l'essentiel. Qu'importe le flacon pourvu qu'on ait l'ivresse ?
J' ai été à rude école sur ce terrain. Mes grands parents, mes parents aimaient les livres qu'il fallait traiter avec soin ( moins pour les albums).Et j'ai reproduit ce modèle avec mes deux filles, elle-même devenues soigneuses dans la manipulation ( évitons les interprétations : soigneuse dans la manipulation n'est pas leur métier , ici prends place un smiley que je ne sais toujours pas comment inscrire, je le remplace donc par une onomatopée : arf ! ou au choix : ourgl !).
Et puis , jeune collectionneur peu exigent sur l'état au début , je suis tombé sur un copain malade de l'état neuf qui m'a convaincu de n'acheter que du très bon état au minimum, c'était il y a longtemps bien avant que les argus valorisent selon l'état . Voir un album sans dos me navre, je souffre . Mais nous sommes pétris de contradictions: jamais je ne me séparerai des rares albums de mon enfance qui , moultes fois prétés,sont devenus des épaves émouvantes ( j'ai un Chick Bill, LES CAROTTES SONT CUITES, offert pour mes 8 ans , qui s'est transformé en porte-folio effrangé , j'y tiens beaucoup tel qu'il est) . Un album de Bande Dessinée est un bel objet , ce qui ajoute au plaisir de la lecture , mais, et je suis d'accord avec toi, l'essentiel c'est quand même l'histoire . Chick Bill et Dog Bull échapperont-ils aux terribles Rabatjoie ? Suspense...

[DIGNUS EST INTRARE]

Merci également à toi, Leautaud, pour cet échange constructif, intelligemment argumenté et subtilement écrit. Digne de ton homonyne écrivain.
Et si je puis me permettre, que la BD nous procure plaisir et ivresse quelque soient les motivations de chacun.

[zourbi le grec]

Merci également à toi, Leautaud, pour cet échange constructif, intelligemment argumenté et subtilement écrit. Digne de ton homonyne écrivain.
Et si je puis me permettre, que la BD nous procure plaisir et ivresse quelque soient les motivations de chacun.

C'est beau, cette communion œcuménique dans l'amour de la bd, on voit que c'est bientôt Pâques

[Croaa]

Il n'est pas incompatible de ne pas attacher d'importance à la valeur pécunière d'un livre et pourtant le respecter.
J'essaye de faire comprendre à mes enfants qu'un livre cela se respecte (les autres choses aussi d'ailleurs) et ce n'est pas aprce qu'il coute un certain prix mais parce qu'il représente quelque chose. Un travail fourni, par exemple.
Au même titre que je leur apprend à finir leur assiette ou à ne pas jeter de détritus par terre. Cela fait partie de l'éducation que j'ai reçu et qu'il est indispensable de transmettre à mon avis.

[LEAUTAUD]

Avec la crise c'est finir les détritus par terre qui nous guette ! La dernière chose qu'on machera en famille ce sera ma collection , en commençant par les Michel Vaillant, ce chantre de la productivité et de la compétition ( quand je pense que j'ai tous les albums jusqu'au Prince Blanc, et j'ai aussi les Buck Danny complets , quand je disais qu'on était dans la contradiction...)

[LEAUTAUD]

Léautaud je l'ai choisi parce que j'ai passé l'été dernier à lire les 19 tomes de son innénarable Journal , tordant, agaçant, jouissif , un vrai amoureux du verbe. Il était secrétaire au Mercure de France . Dans la Bande Dessinée je ne vois que Yvan Delporte comme lointain cousin, secrétaire chez Dupuis .Léautaud a fait connaître Appolinaire, et Delporte a soutenu Franquin , ça se vaut !