
en fait, je n'avais encore jamais vu de film de Jafar Pahani. Premier contact donc, sachant que, bien qu'auréolé d'une palme d'or, ce film n'est, paraît-il, pas son plus fort. la consécration cannoise récompense plus un engagement politique et une cohérence dans la démarche. Reste que ce film est loin d'être un mauvais film, mais je manque de point de comparaison.
Donc, simplement, une nuit, un homme écrase un chien en voiture. Ce simple accident occasionne une panne de sa voiture. Il demande de l'aide à des locaux et l'un d'eux, Vahid, est persuadé de reconnaître en cet étranger Egbhal-la-guibole, son tortionnaire lorsqu'il fut emprisonné dans les geôles du régime. Vahid kidnappe le suspect mais, pas doutant de l'identité de l'homme, décide de demander à d'autres victimes du tortionnaire pour confirmer son impression.
Sous des airs faussement léger, le film représente une charge contre le régime en place et explore les traumas qui traversent la société. Quelques scènes sont particulièrement édifiante comme le passage à l'hopital. Les dialogues distillent une critique acerbe de la dictature.
Sans doute est-ce lié au tournage clandestin, à moins que cela ne fasse partie du style du réalisateur, mais le film se compose de beaucoup de très long plans, parfois en caméra fixe, comme le monologue d'Hamid dans le désert, laissant les autres acteurs hors-champs, même lorsqu'ils tentent d'intervenir. Cela confère au film un rythme assez lent, laissant s'installer les situations et laissant probablement une grande marge d'improvisation aux acteurs et actrices. Cela donne un aspect parfois un peu verbeux au film, mais le cating étant très bon, cela n'est pas dérangeant.
Reste que je me demande quels sont les risques pris par l'équipe, pour ce tournage secret d'un film cririque envers le pouvoir en place, où les actrices tournent sans voile dans des rues où rôdent les gardiens de la révolution. Il semblerait que Maryam Afshari, qui joue la photographe, ne soit toujours pas rentrée en Iran.
Sans doute pas un grand film, mais un bon film, et un film nécessaire pour témoigner de la situation en Iran. La palme honore plus le courage qu'un film formellement exceptionnel, mais le cinéma doit aussi faire preuve de courage...