de Cooltrane » 02/02/2020 11:21
Double - shot hier soir avec ma compagne
Son choix :
Noura Rêve : (Tunisie) Une mère de famille (trois enfants) avec son voyou de mari en taule survit en travaillant dans la laverie d’un hôpital et trompe son petit monde avec un garagiste du coin, tout en ayant entamé une procédure de divorce. Voyou peut-être, mais pas con, le père le comprend vite à sa sortie et force un piège pour tabasser le cocufieur dans son propre garage. Celui-ci pose plainte pour vol avec violence et les emm… reprennent. Rien de très excitant a priori, mais la tension monte graduellement au fur et à mesure pour faire vraiment craindre le gros drame (le crime d’honneur). Les autorités, même si corrompues, veillent. Un casting très crédible, car tous les acteurs sont justes et la mise en scène sobre révèlent un monde arabe toujours aussi machiste et une fin que je n’ai pas vu venir et à interpréter.
En effet, depuis quelques années, les cinéastes de la moitié sud et est de la Méditerranée (du Liban au Maroc) dénoncent les abus maritaux, alors que la Tunisie est perçue dans le peloton de tête, ayant presque réussi son « printemps ». Noura Rêve ne fait pas dans le manichéisme facile pour autant, car les trois rôles principaux ont leur part d’ombre, et qu’il n’est pas vraiment question du poids de la religion, du traditionalisme et de l’obscurantisme, ni même d’une réelle violence physique maritale (elle est plus psychologique), juste une imposante masculinité ayant peur de perdre sa place. 6.5/10
Mon choix :
La Llorona : (Guatemala) Il s’agit d’une légende à propos d’une femme qui noie ses enfants dans un moment de désarroi et dans le désespoir, pleure à leur recherche. Le thème de l’eau reviendra régulièrement dans le film. 30 ans après le génocide guatémaltèque (peu médiatisé à l’époque), on arrive au procès de son principal artisan (dont la santé physique et mentale chancelle), et si celui-ci parvient à se désempêtrer (corruption oblige), il est confiné dans sa grande propriété de banlieue, cernée par des manifestations bruyantes constantes, jour comme nuit. Tous le staff maya de la propriété sauf la gouvernante (qui semble avoir un statut à part) remet d’un coup sa démission, laissant le général et sa famille désemparée, à la recherche d’autres employé(e)s de maison. Sa femme ultra-calotine soutient aveuglément les actions passées de son mari, la fille adulte (médecin dans un hopital) commençant à se poser des questions, et sa gamine ne réalisant pas encore tout le drame. Arrive une nouvelle servante maya, l’énigmatique et belle Alma (Mercedes Coroy, déjà en vue dans Ixcanul), qui jette le trouble dans la maisonnée et déstabilise le vieux connard.
Le troisième long métrage de Bustamente - après un répétitif Ixcanul dénonçant l’état actuel de la population maya, puis Temblores dénonçant les répressions religieuses de toutes sortes – La Llorona s’attaque au génocide qualifié d’ethnique, mais que l’accusé principal (le général) préfère qualifier de purge politique. Pour rappel, on est au début des 80’s avec les dictatures meurtrières Salvadorienne, Nicaraguayenne, etc., toutes soutenues par une CIA toujours dans son délire anti-communistes, du style les fameux Contras. Le mélange de thriller politique se marrie fort bien avec le coté fantastique des croyances surnaturelles mayas, et l’on en ressort pas indemne, tellement le tout est très fort et envoutant. On n’est pas loin d’une œuvre majeure, ce film méritant autant par sa dénonciation que son lyrisme légèrement fantastique. 8.5/10
Mieux vaut tapis Persan volé que tapis volant percé (Uderzo.... et oui, pas Goscinny)