ArvinSloane a écrit:Vu Hostiles, je m'attendais à quelque chose proche des films de S Peckinpah, en fait c'est une grosse démonstration moraliste en ligne droite sans grande subtilité : trés déçu
les critiques sont massivement élogieuses, je m'en suis rendu compte après coup et ça m'a un peu surpris quand même
bien que je ne sois pas lecteur de Libération(journal pour lequel je n'ai pas de sympathie particulière), leur critique qui tranche avec celles de leurs confrères me paraît être celle qui vise le plus juste
Même la (superbe) musique n'a pas trouvé grâce à tes yeux/oreilles??
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Double shot "arty" ce w-e avec la compagne. Si vous croyez que je vois souvent du cinoche d'auteurs, vous allez être servis
, car j'ai même poussé le délire d'entrer dans l'antre bruxelloise des extrémistes cinéphiles, j'ai nommé Le Nova.
Son choix:
Bitter Flower: Belgo-chinois … où Les Chinoises à Paris. Contre l'avis de son mari une jeune mère Manchoue de famille (de la province au nord de la Corée) viendra en Europe (Paris dans ce cas-ci) pour travailler comme nany auprès de familles des provinces méridionales de la diaspora, désireuse que leur progéniture parlent le mandarin. Mais la paye promise n'est qu'une grosse désillusion et les conditions s'approchent de l'esclavage, donc comme beaucoup d'autres, elle se trouve à survivre en illégale, et devant recourir à la solidarité des consœurs de peines (les dortoirs de marchand de sommeil) et se trouvant à faire le trottoir. Celles qui parviennent t à renvoyer de l'argent ne font qu'alimenter le piège et arrivent des nouvelles. Ainsi, une cousine (qui est poussée par son mari) de notre héroïne arrive et se voit confrontée aux mêmes réalités, évidemment tues à la famille. C'est lors du retour que les choses se compliquent, malgré les fortes améliorations de confort de vie de la cellule familiale. Si les actrices sont convaincantes et crédibles, ce n'est pas tellement la partie centrale (parisienne) du film qui interpelle (encore que…), mais plutôt les conséquences (souvent dramatiques) du retour au pays. Le réalisateur belge est un monomaniaque de la Chine, et il nous livre dans ce premier film une docu-fiction peu divertissante, mais toutefois instructive.
6/10 à tout casser
Les Garçons Sauvages: Où comment mettre en images les récits hallucinés de
William Burroughs sans rendre fou l'auteur (raté) et son audience, pourtant prédisposée et d'office acquise à la cause. Déjà que
Cronenberg s'était (un peu) cassé les dents avec son
Festin Nu (Naked Lunch), tout en ne respectant que très peu le bouquin d'origine. Pour son premier long-métrage,
Bertrand Mandico (un troll des Gobelins à Paris) s'y frotte avec un bonheur incertain pour mettre les délires du Beat Poet en valeur en noir-et-blanc parfois bien flou (les couleurs flashy étant réservées pour les autres délires encore plus délirants et cauchemardesques); mais il semble coller un peu plus à l'esprit de l'histoire, tout en collant ses propres influences cinématographiques et littéraires par-dessus, comme Sa Majesté des Mouches de William Golding, L'île au Trésor, l'île du Docteur Moreau de H. G. Wells.
Pour la trame, cinq gosses de riches jouant à l'Orange Mécanique (Kubrick) se retrouvent devant le tribunal (très champêtre) et se voient condamnés au redressement, sous la conduite d'un vieux capitaine de bateau qui les attachera par le cou, pour leur inculquer les règles, tortures, viols et peines et autres décences du genre. Une mutinerie (rappelant celle du Bounty) échouera tout ce petit monde sur une ile mystérieuse qui sent l'huitre (ou plutôt la moule diront certains à la fin du film). Il se trouve que l'ile était la destination du capitaine Deamon (le flamand Louwyck) et est habitée par une complice (Docteur Séverin, jouée par la glaciale Elina Löwensohn) encore plus illuminée qu'eux, en partie due aux vertus magiques de la nature du lieu, dont elle est la gardienne. Bien que le sexe et le stupre était présent tout au long du film, le milieu du film s'emballe et explose, en explorant tous les délires (on va jusqu' aux thèmes transgressifs et tabous abordés), sans pour autant que ce soit érotique ou pornographique, mais pas vraiment sordide non plus.
Mandigo est parfois maladroit, aussi bien dans sa volonté de "faire queer et weird" (on pense à du Lynch, du Jarmush, Jodorowski ou encore Greenaway de 3è catégorie) que dans les choix des interprètes (les cinq actrices ados sans doute pas suffisamment pros) que dans la volonté de plaire aux minorités sexuelles activistes. Faut vous dire que le cinéaste est en train de devenir (si ce n'est pas déjà fait) une égérie du cinéma queer (dans tous les sens du terme), et qu'il faut déjà être plutôt allumé (dans tous les sens du terme aussi) pour s'embarquer sur une telle chaloupe. Ames sensibles s'abstenir, mais
7/10 pour l'effort d'adaptation de Burroughs qu'autre chose.
Mieux vaut tapis Persan volé que tapis volant percé (Uderzo.... et oui, pas Goscinny)