Canicule ( Ybes Boisset, 1984)De nos jours, en France, dans la Beauce. Traqué par la police à la suite d'un hold-up sanglant, un gangster américain vient se réfugier dans une ferme occupée par une famille passablement abrutie.Il a des films sur lesquels on tombe comme ça au hasard dont la couverture, le casting, le sujet nous font nous demander : pourquoi n'ai je jamais entendu parler de ce film ? " On appréhende. On se dit que si ce film est tombé aux oubliettes du monde cinéphile, c'est qu'il doit y avoir une raison. On se lance quand même et on découvre un O.F.N.I. Merci à la collection Make my day dirigé par Jean-Baptiste Thoret qui permet depuis quelques temps de découvrir quelques objets méconnus dignes de curiosité.
Attention le film est loin d'être parfait. On est parfois proche du cinéma bis et certains y voient même un nanar. Si tous les nanars pouvaient avoir cette qualité. Il y a quand même des images ( ce "bateau perdu dans un champ e blé) et des scènes qui restent en tête.
Commençons par le point fort : la casting. Lee Marvin qui joue dans un film français, cela sort des sentiers battus. A cela s'ajoute une galerie de gueules du cinéma français. Victor Lannoux et Jean Carmet dans le rôle de bouseux alcooliques, obsédés sexuels, violents. Bernadette Lafont dans le rôle d'une crasseuse nymphomane. Miou Miou dans le rôle de la belle perdue chez les ploucs mais pas si gentille que ça. David Bennent ( le gamin du tambour) avec sa tronche si bizarre. A cela se rajoute Jean Claude Dreyfus et Henri Guybet dans le rôle de flics.
Puis il y a le cadre : le bocage de la Beauce et ses immenses fermes isolées offrant un cadre pour les dégénérés n'ayant rien à envier à Delivrance. Voir Lee Marvin courir dans ses immenses champs de blé pourchasser par des hélicoptères reste une image forte.
Il imagine trouver un refuge dans cette ferme perdue au milieu de nulle part. Il n'y trouvera que violence.
Le film adapte le roman éponyme de Jean Vautrin. Je n'ai pas lu le roman mais la bd adaptée par Baru. Le film lui est supérieur.
Les dialogues sonnent souvent trop cinéma bis mais le plaisir de voir cette figure américaine archétypale du gangster luttant et se débattant contre nos ploucs surpasse les nombreux défauts. Le film ose le violence frontal, le cul, les meurtres gratuits, un enfant voleur, obsédé qui va au bordel.
Il y aussi ce très beau final assez immoral.
Une surprise.