Apportez moi la Tête d'Alfredo Garcia Sam Peckinpah - 1974
Un tantinet déçu, au vue du pitch m'attendait à un truc plus trépidant et plus orienté action du coup la première heure limite lancinante m'a bien surpris ( on part faire un picnic tranquille puis les emmerdes vont arriver et la violence va monter crescendo ), bon c'est pas chiant mais c'est pas du très grand Peckinpah, la petite histoire d'amour fonctionne plutôt bien avec ce couple loin d'être des plus glamour..
On suit donc ce couple à la recherche de la tête de Alfredo Garcia pour empocher les 10000 dollars de prime et dans cette quête Benny ne croisera que des crapules pire que lui : violeurs, homme de main ( dont un qui s'appelle Fred C. Dobbs en clin d'oeil au chef d'oeuvre de Huston ), petit truand et enfin grand patriarche sans coeur, même si on est dans le Mexique aride des 70's, ici on a une nouvelle fois droit à un western crépusculaire ou tout les personnages ( ou presque ) sont sans foi ni loi et tue par appât du gain ou par vengeance.
Un nouvelle fois la femme a un comportement plutôt ambigu lors d'une scène de viol comme dans
Chien de Paille, puisque c'est elle qui prend l'initiative :
, alors c'est plutôt subtil comme traitement mais clairement on se pose des questions quand on voit cette scène, pourtant Isela Vega est un des personnages féminin les plus positif d'un film de Peckinpah, son amour pour Benny on y croit, la déclaration d'amour au pied de l'arbre est même une des plus belles scène de Peckinpah :
, elle essaye de lui faire prendre le bon chemin, parce que bon Peckinpah et les femmes y aurait de croire en écrire rien que dans ce film la première femme qu'on voit est humilier publiquement par son père et la seconde se prend un coup de coude dans la tronche, en gros chez Peckinpah les femmes c'est toutes des salopes
, comme dans
Guet Apens on suit donc un drôle de couple qui va avoir de drôle d'emmerdes.
La seconde heure plus violente et sans concession nous rappelle que Peckinpah est un cinéaste profondément nihiliste, que chez lui tout est toujours sale rugueux et sanglant, que la violence est une partie intégrante de son cinéma où les hommes sans foi sont près à tout pour une cause, si l'espace de 2 secondes on pense que Benny va sortir on est vite rappelé à l'ordre quand on voit la horde de garde ouvrir le feu, comme dans Chien de Paille, le final est cathartique.
Niveau mise en scène j'ai trouvé ça moins bluffant que ses autres grands film, alors on a bien quelques ralenti ( sur les voitures arrivant a plein vitesse notamment ) et des gunfight surdécoupé ( pour l'époque ) mais c'est pas aussi flamboyant que d'habitude et c'est pas aussi violent que d'habitude ( Chien de Paille ou Wild Bunch sont plus corse à ce niveau ), par contre la fin a un coté lyrique très réussit.
Et pis quel plan final typiquement Peckinien avec ce canon de mitraillette et le nom de Bloody Sam qui s'affiche, un plan qui a lui seul peut résumer le cinéma de Peckinpah :
.
Warren Oates fidèle du réalisateur trouve ici enfin un vrai premier rôle ( Peter Falk était envisagé au départ pour le rôle mais il n'a pas pu se libérer du tournage de Columbo ), jusque là chez Peckinpah il était cantonné à des seconds rôle et il se révèle plus que convaincant dans son rôle de anti héros losers, petit brigand pas bien malin, désabusé, cynique et qui va petit à petit adopter une fuck you attitude qui va le conduire à sa perte lors d'un baround d'honneur de toute beauté sorte de rédemption pour le personnage :
et malgré que ce personnage ai rien pour lui on s'attache à lui ici c'est vraiment son meilleur rôle, celui où son talent évident est le mieux mis en valeur, le reste du casting est composé d'acteur peu connu à part bien entendu Kris Kristofferson qui a ici un petit rôle ( plutôt marquant d'ailleurs ), enfin parait Sela Vega était une star mexicaine à l'époque, en tout cas elle s'en sort très bien dans un rôle pas facile ( un rôle au début envisagé pour Aurora Clemente alors compagne de Peckinpah ), le reste du casting est composé de bonne tronche de truands patibulaire et c'est du tout bon.
Si l'influence de ce film semble évidente sur Tarantino et son
Kill Bill notamment, on pense évidemment aussi à Miller et Sin City pour cette séquence ou Oates parle à la tête, de l'humour noir qu'on a pas l'habitude de voir chez Bloody Sam.
Même pas dans mon top 5 Peckinpah ( y a que Un Nommé Cable Hogue que j'ai pas encore vu ), enfin ça reste un bon petit film un peu atypique mais on est loin des claques de Wild Bunch ou
Pat Garrett mais si on aime le cinéma noir de Peckinpah on ne peut que aimer ce film, d'ailleurs si on devait faire un classement des réalisateurs les plus nihilistes, Peckinpah serait tout en haut d'ailleurs ses films reflètent vraiment sa personnalité.
Ne pas aimer Peckinpah c'est juste ne pas aimer le cinéma.
7,5/10