de Thierry_2 » 21/03/2019 11:17
quelques soirées VOD
A star is born J'avais bon espoir, sans m'attendre à des merveilles. Mais mon âme de midinette espérait un drame un peu larmoyant mais bien foutu. Bradley Cooper et Lady Gaga son convaincants. Sam Elliot, en une scène, démontre quel monstre d'acteur il est. La première demi-heure est prometteuse. Et puis ? Bradley Cooper démontre qu'il filme Bradley Cooper comme personne. Qu'il sait quel est le meilleur profil de Bradley Cooper, quel éclairage met le plus en valeur les yeux bleus de Bradley Cooper. Mais côté scénario, on est dans le grand vide. Il y a quelques idées vaguement survolées, mais rien n'est exploité, comme si tout ce qui intéressait Bradley Cooper était de filmer l'histoire d'amour, mais en retirant tout ce qui tourne autour (et empêche de faire des gros plan de Bradley Cooper). Cousu de fil blanc et indigeste.
Chacun pour tous inspiré par le scandale de l'équipe espagnole de basket pour déficient intellectuels des JO de 2000 (2 déficients mentaux seulement sur 10 et une médaille d'or retirée depuis, au profit de la Russie malgré des soupçons de fraude chez eux aussi), on est dans le feel good movie, la comédie sur des bras cassés qui se lancent dans un truc improbable et qui réussissent contre toute attente. C'est la présence de JP Daroussin au générique qui m'a fait regarder. Daroussin en roue libre sera toujours bon. Il y a aussi Camelia Jordana qui se débrouille, Amhed Scylla fait ce qu'on attend de lui. Reste que le fond du film repose sur une tricherie assez pourrie. Pour sauver ses subventions, l'entraineur de l'équipe handisport de basket "déficients mentaux" engage des joueurs "valides" pour aller aux JO de Sidney. Quiproquos, amours contrariées, cohabitation parfois difficile entre les 2 athlètes légitimes et les autres... tout est attendu, classique mais conserve un vernis bon enfant. Mais la fin du film devient presque abjecte lorsque, lors de la finale, nos sympathiques tricheurs découvrent que les méchants adversaires ont probablement triché aussi. Bande de salopards de russkofs, incapable de tricher éthiquement comme nous, les gentils français. Drôle de film, qui joue la carte de la sympathie, et s'en tire pas trop mal si on fait abstraction du fait qu'il s'agit d'une triche quand même assez honteuse.
BlacKkKlansman film politique en diable, qui n'avance pas caché. Basé sur l'histoire vraie de Ron Stallworth, policier noir qui a organisé l'infiltration de l'antenne du Ku Klux Klan de Colorado Springs dans les années 70, ce film n'hésite pas à lancer des piques nombreuses et appuyées à la situation actuelle (petites phrases bien senties, détournement de slogans). Ecriture brillante, mise en scène au cordeau (le montage parallèle entre la cérémonie du KKK et la réunion des activistes noirs est excellent), acteurs excellents... le film est drôle, impertinent et chargé de sens. le scénario est visiblement très fidèle à la réalité. Les concessions à l'efficacité narrative sont assez rare. Le personnage de Patrice est complètement inventé, mais l'anecdote de la photo est partiellement véridique (mais a eu lieu après la fin de la mission d'infiltration, lors d'une autre visite de David Duke). On s'achemine vers ce qui pourrait sonner comme une note positive... sauf que c'est le moment que choisit Spike Lee pour nous ramener à la réalité. Cela ne dure que quelques minutes mais cela suffit pour laisser une goût amer. Voir des suprémacistes défiler en beuglant "Jews will not replace us" (remplacer "jew" n'importe quel autre groupe ethnique ou religieux, l'effet est le même) reste un spectacle révoltant. Mais ce n'est pas le plus révoltant dans ces dernières images. Cette fin est un uppercut et si vous n'avez pas vu le film, je vous en laisse la surprise. Parce que le film en vaut plus que la peine.
Des 3 films ci dessus, il vaut mieux voir 3 fois BlaKkKlansman et faire l'impasse sur les 2 premiers.