de sergent latrique » 22/02/2022 10:29
Il deserto rosso - M.Antonioni (1970)
Sans doute qu'Antonioni, Michelangelo de son prénom a hérité aussi du talent de son illustre compatriote de la Renaissance italienne, car il a le sens de la composition et des couleurs.
Pour ce premier essai de la couleur, il ne se vautre pas dans la saturation ou l'orgie, mais joue avec les teintes dans des décors qui ne sont pas prédéstinés à être beaux ou attirants, zones industrielles, usines, maisons vides ou cabanes délabrées, vapeurs, fumée toxiques, usines impersonnelles, cargos et zones portuaires, terrains vagues. Pour cela, il a une maitrise de la caméra et des compositions.
On est clairement dans l'opposé d'un Ettore Scola et de la comedia dell'arte. Tout est d'acier, de pierre, et de vapeur, y compris la bande son avec ses notes aigrelettes, métalliques qui donnent une ambiance futuriste toute droit sortie d'un film de science fiction.
Au milieu de cet environnement, une femme, perdue, angoissée, en perte de repère, qui se raccroche à sa famille, son mari, son jeune fils, son commerce (elle ne sait pas vraiment lequel) ou ses amis, son amant d'un jour dans une espère de juxtaposition de fragments de vie.
On peut imaginer que ces quelques scènes plus gaies vont la remettre dans une dynamique plus vivante, mais rien ne ressort de ces étreintes futiles, bien filmées là aussi, avec un réalisme sans fioriture. Plus seule que jamais après les mirages d'une construction rationnelle qui pourrait donner un sens à sa vie, elle constate à la fin du film, que celle-ci ne se résume qu'à tout ce qu'il lui arrive (un truc du genre tutto quello che me capita e la vita mia)
Mon ressenti est cependant mitigé, car si esthétiquement, le film est réussi, chaque plan est etudié, pensé, beau même quand il s'agit de filmer un tas de poussières de charbon ou une cheminée d'usine, cette volonté d'éclater un récit, ou plutôt de ne pas avori de récit mais une vision de la vie de cette femme donne une lenteur et peut lasser le spectateur. Les acteurs sont conformes dans leur interprétation à ce qu'on peut en attendre et Monica vitti en premier lieu.
C'est le genre de film qui peut diviser entre les fervents partisans et ceux qui n'adhèrent pas et sur lequel on pourrait débattre pendant des heures.
Je mets la note moyenne de 3,5/6 car malgré le talent, ce n'est pas le genre de film qui me fait baver.
Halte au massacre Organisasi Papua Merdeka