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Ciné-Club séance 83 Two Weeks in Another Town (Minnelli 62)

La politique, la musique, le cinéma, les jeux vidéos et la culture en général lorsqu'elle ne traite pas directement de bande dessinée

Re: Ciné-Club BDGest Séance 54 : They Live by Night (Ray 49)

Messagede makidoo » 05/01/2021 10:32

Message précédent :
They Live By Night, Nicholas Ray, 1949

C’est le seul film de ma liste que je n’avais pas vu, et j’ai été agréablement surpris par celui-ci. Car j’ai revu récemment Rebel Without a Cause que j’ai trouvé assez mauvais, et j’avais peur de retrouver ce que je n’ai pas aimé : un jeu qui manque de naturel, très « actor’s studio » et une trame narrative peu crédible.
Film de genre assez classique (le drame d’un couple en cavale), ici, je trouve que la force du film c’est ce couple de jeunes acteurs qui porte tout le film : par son naturel, sa spontanéité et son charme.
Keechie a un côté Girl next Door mais qui au fil du film se révèle avoir un charme fou, par ses sourires, ses rires ou ses chuchotements. Bowie n’est pas en reste, avec ce côté beau gosse juvénile un peu paumé qui ne désire que se sortir de sa condition de malfrat malgré lui. Le couple fonctionne vraiment à merveille, on sent le coup de foudre qui a eu lieu entre eux et qui fait qu’ils ne peuvent faire autrement qu’être ensemble et vivre vite (mariage express et grossesse dans la foulée).
Ce sont encore des gosses qui ne connaissent rien de la vie « normale », la scène dans la voiture est par ailleurs formidable de fraîcheur :

- Je ne sais pas bien embrasser
- Moi non plus
- On apprendra ensemble

Bowie a eu son adolescence volée, il dit à Keechie qu’il aimerait aller au cinéma et lui tenir la main comme l’ont fait des millions d’ados américains avant eux.

Ils ont pour seul horizon une rédemption qui s’avérera impossible, puis le mirage d’une fuite au Mexique dont on se doute à l’avance que ce sera un échec.

Image

Il y a quelques belles scènes : notamment celle, prémonitoire, de Bowie derrière le treillis de la haie, la nuit, qui voit apparaître Keechie pour la première fois dans la voiture. Le passage dans le bus Greyhound, et, comme relevé par le Sergent, des plans filmés d’avion sur les voitures en fuite, qui ajoutent un rythme au film. Les seconds rôles, même s’ils restent assez caricaturaux sont assez crédibles.

Très bonne surprise pour moi en tout cas et un vrai plaisir à la vision de ce film.

4,5/6

Image
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Re: Ciné-Club BDGest Séance 54 : They Live by Night (Ray 49)

Messagede euh... si vous le dites » 05/01/2021 11:27

makidoo a écrit:j’ai revu récemment Rebel Without a Cause que j’ai trouvé assez mauvais, et j’avais peur de retrouver ce que je n’ai pas aimé : un jeu qui manque de naturel, très « actor’s studio » et une trame narrative peu crédible.


La fureur de vivre continue à fasciner à cause du couple mythique James Dean - Natalie Wood mais je partage personnellement ton avis. Je n'ai jamais beaucoup aimé le film alors que Nicholas Ray est pourtant un de mes cinéastes fétiches.
L'avantage de They live by night, c'est que c'est du Ray chimiquement pur, où il peut laisser pleinement libre cours à sa sensibilité d'écorché vif, sans qu'aucune scorie liée à des conditions de production problématiques ne vienne perturber le tournage.
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Re: Ciné-Club BDGest Séance 54 : They Live by Night (Ray 49)

Messagede jolan » 05/01/2021 17:51

They Live by Night (Les Amants de la Nuit) - Nicholas Ray - 1949

Comme je n'ai pas grand chose à en dire, j'ai lu vos avis, et je n'ai pas grand chose à rajouter.
C'est en effet un film plaisant, une romance sur fond de film noir, sur une trame classique, mais bien écrit, bien construit, bien réalisé, bien interprété. En tout cas efficace, et j'ai trouvé d'une belle modernité pour l'époque.
Les seuls moments qui m'ont dérangé dans la réalisation sont les tentatives de plans originaux à la grue sur les voitures (non, ce n'est pas filmé par avion, à la limite par hélicoptère lorsqu'ils arrivent à la grande pancarte où ils laissent le jeune Bowie puisqu'on voit de grandes bourrasques de vent), intéressants mais au final bien trop balbutiants.
Le deuxième aspect qui me dérange tient au scénario et à la jeunesse du personnage principal, qui fait tout (mais vraiment tout) pour ruiner sa cavale et causer sa/leur perte, au lieu de fuir tranquillement avec son argent et sa belle. Il faut user bien de rouages sommaires si on veut faire un film, si chacun agissait intelligemment il n'y aurait plus d'histoires possibles.
Mais on voit bien que plus il peuvent s'émanciper plus ils redeviennent des enfants, plus ils tendent vers l'âge adulte, avec la révolte, la cavale, le mariage, puis ils redeviennent de petits bébés innocents, qui ne savent pas embrasser (on ne parle évidemment pas du reste, si ce n'est qu'un enfant va naître, c'est du rapide), qui retournent sur des lieux de vacances d'enfance, qui veulent se faire des cadeaux de Noël, qui ne peuvent vivre l'un sans l'autre comme de jeunes oisillons tombés du nid.
Je crois ne pas connaître la jeune actrice, c'est en tout cas la belle surprise du film, je vais fouiller voir ce qu'elle a fait d'autre. Le jeune acteur on l'a vu chez Hitchcock, où il était d'ailleurs bien moins convaincant. J'ai cru que là aussi son jeu me dérangerait, et en fait pas du tout, là il est très bon, naturel, et donc fort convaincant, le rôle lui convenant mieux, ou le réalisateur sachant mieux le diriger (puisque tous les comédiens jouent bien).

3/6

Pour ce qui est du titre, certes ils vivent cachés (beaucoup de scènes de nuit) et ne se déplacent en voiture que de nuit pour ne pas se faire arrêter, mais c'est juste évoqué une seconde ou deux. Peut-être cette expression vaut-elle pour les gangsters en général ? J'aime mieux le titre français pour une fois.
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Re: Ciné-Club BDGest Séance 54 : They Live by Night (Ray 49)

Messagede sergent latrique » 06/01/2021 12:49

Pour la prise de vue aérienne, il s'agirait de prises en hélicoptère, ce qui explique le vent fou et qui serait une première au cinéma de fiction (d'après ce que j'ai pu trouver comme info).
Pour le titre They live by night, je suis pas spécialiste de l'argot américain, peut-être un sens autre ? j'ai lu sur un autre site que ce serait synonyme dans le film noir de "live by you own rules" (?)
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Re: Ciné-Club BDGest Séance 54 : They Live by Night (Ray 49)

Messagede jolan » 06/01/2021 17:23

Oui, pour la scène où ils arrivent à la pancarte.

Mais pour les autres scènes de voiture, ça doit être une grue, elle-même posée sur un véhicule.

EDIT : Ah non j'ai revu la scène, pas de grue, donc hélico pour les deux scènes "aériennes".
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Re: Ciné-Club BDGest Séance 54 : They Live by Night (Ray 49)

Messagede jolan » 07/01/2021 22:59

Y en a qui bandent à part ou quoi ?

[:fantaroux:2]
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Re: Ciné-Club BDGest Séance 54 : They Live by Night (Ray 49)

Messagede lobo » 08/01/2021 12:46

They Live by Night (Ray, 1949)
Bien aimé ce début à la grue ou à l'hélico, et cette ambiance du début à la James Cain voire à la Faulkner. Avec ce côté ellipses du scénario. J'ai été fasciné par l'étrange beauté de Cathy O'Donnel qui ne m'avait pas frappée dans Ben-Hur, mais qui là est troublante, c'est presque une enfant alors qu'elle a déjà 25 ans ?!? Il y a une grande poésie, je trouve, dans leur cavale, mais c'est tellement cruel de voir ce bonheur innocent dont on sait qu'il est condamné, que j'ai eu du mal à le supporter lors de cette deuxième vision à quelques semaines de distance.J'apprends que c'est le premier film de Nicholas Ray. C'est quand même assez fort.
4,5/6
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Re: Ciné-Club BDGest Séance 54 : They Live by Night (Ray 49)

Messagede makidoo » 08/01/2021 17:07

lobo a écrit:J'ai été fasciné par l'étrange beauté de Cathy O'Donnel

N’est-ce pas ?
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Re: Ciné-Club BDGest Séance 54 : They Live by Night (Ray 49)

Messagede euh... si vous le dites » 09/01/2021 13:18

They live by night - Nicholas Ray (1949)

Bon, je vous préviens, je ne vais pas être nécessairement très objectif.
J'adore ce film. Je l'aime toujours plus à chaque fois que je le vois.
They live by night, comme L'aurore de Murnau, fait pour moi partie des films parfaits qui reposent sur un argument d'une très grande simplicité mais traité avec une grâce extraordinaire : ici, un homme et une femme s'aiment dans un monde qui n'est pas fait pour eux.
Les péripéties du film de genre sont bien troussées et donnent au film un rythme qui ne faibit jamais et qui entraîne inexorablement le couple vers une destinée fatale mais on ne s'éloigne pour autant jamais du coeur du film.
Parce que ce qui me frappe chaque fois avec ce film, c'est la sincérité de l'empathie de Nicholas pour son couple de personnages. On n'y trouve pas le moindre gramme de cette distanciation cynique courante dans le film noir. Il y a une douceur dans la manière dont Ray traite et filme le couple, une douceur qui rend à merveille la beauté des sentiments qu'ils éprouvent l'un pour l'autre et qui les isolent pour un temps de la dureté du monde.
Ray filme en osmose parfaite avec un Farley Granger très convaincant et une Cathy O'Donnell fabuleuse.
C'est le premier film de Nicholas Ray, l'écorché vif romantique, et c'est peut-être son plus beau, celui où il est le plus libre d'être lui-même, sans les concessions face aux exigences des studios qui lui feront tant de mal dans sa carrière.

Ma note : 6/6 évidemment
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Re: Ciné-Club BDGest Séance 54 : They Live by Night (Ray 49)

Messagede lobo » 09/01/2021 16:11

ce qui me frappe chaque fois avec ce film, c'est la sincérité de l'empathie de Nicholas pour son couple de personnages. On n'y trouve pas le moindre gramme de cette distanciation cynique courante dans le film noir. Il y a une douceur dans la manière dont Ray traite et filme le couple, une douceur qui rend à merveille la beauté des sentiments qu'ils éprouvent l'un pour l'autre et qui les isolent pour un temps de la dureté du monde.

Oui, c'est vrai. Moi, à la deuxième vision, connaissant la fin, j'ai trouvé les images de ce bonheur (les photogrammes de makidoo !!) difficiles à supporter. Bien sûr, esthétiquement ça ne pouvait finir que comme ça, mais j'aurais tellement aimé les voir passer la frontière mexicaine... Le ciné, ça sert aussi à ça, à échapper un temps à la dureté du monde... Quoique ce Bowie, c'est vraiment l'inadapté absolu, il n'aime ni les chevaux, ni le golf, ni danser, il ne pouvait pas aller bien loin
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Re: Ciné-Club BDGest Séance 54 : They Live by Night (Ray 49)

Messagede makidoo » 09/01/2021 19:12

lobo a écrit:Quoique ce Bowie, c'est vraiment l'inadapté absolu, il n'aime ni les chevaux, ni le golf, ni danser, il ne pouvait pas aller bien loin

Mais...mais... mais...c’est moi ça :shock:
Cela dit je ne suis pas aller bien loin non plus :-D
Très bon film en tout cas et excellente direction d’acteurs, un des plus beaux couples de cinéma qu’il m’ait été donner de voir.
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Re: Ciné-Club BDGest Séance 54 : They Live by Night (Ray 49)

Messagede jolan » 09/01/2021 19:34

Bon, Olaf a voté donc il nous fera peut-être son compte rendu de visionnage.

En attendant : Séance 54 : They Live by Night (Ray 49) = 4,4

On peut passer à la séance Brasseur 8-)
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Re: Ciné-Club séance 55 spéciale Claude Brasseur : Bande à part

Messagede euh... si vous le dites » 09/01/2021 22:45

Le lien vers Bande à part :

"Ca ne résout pas vraiment l'énigme, ça y rajoute simplement un élément délirant qui ne colle pas avec le reste. On commence dans la confusion pour finir dans le mystère."
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Re: Ciné-Club séance 55 spéciale Claude Brasseur : Bande à part

Messagede jolan » 09/01/2021 23:08

Tsaingkse ;)
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Re: Ciné-Club BDGest Séance 54 : They Live by Night (Ray 49)

Messagede Olaf Le Bou » 11/01/2021 09:09

jolan a écrit:Bon, Olaf a voté donc il nous fera peut-être son compte rendu de visionnage.


regardé le film cet aprème, bien apprécié dans l'ensemble mais pas totalement emporté non plus, sans trop bien savoir pourquoi. Je pense n'avoir pas été aussi sensible qu'attendu au charme de l'actrice, par contre bluffé par la qualité de jeu de Farley Granger. Un peu décontenancé aussi par ce road-movie qui semble tourner en rond, les fuyards font du sur-place au lieu de tracer la route, c'est agaçant. Très bons dialogues en revanche, et techniquement c'est solide, pas daté du tout.

un 4/6 pour moi.
Prenez un cercle, caressez-le, il deviendra vicieux

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Re: Ciné-Club BDGest Séance 54 : They Live by Night (Ray 49)

Messagede jolan » 11/01/2021 17:34

Alors ça fera :

Séance 54 : They Live by Night (Ray 49) = 4,2
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Re: Ciné-Club séance 55 spéciale Claude Brasseur : Bande à part

Messagede makidoo » 12/01/2021 15:55

Bande à Part, Godard, 1964
Bon, je n’ai pas grand chose à dire sur ce film que je n’ai pas aimé.
On a l’impression que Godard n’avait pas grand chose à raconter non plus et que ça se voit.
Les acteurs jouent mal (seul Samy Frey arrive péniblement à tirer son épingle du jeu), ou sont mal dirigés, ou les deux.
Le son est épouvantable, il m’a été très pénible de regarder ce film également à cause de ça. Les dialogues sont parfois inaudibles à cause du son environnant trop fort.
Alors oui il y a LA scène du bar, avec cette vraie minute de silence et cette danse synchronisée. Mais c’est un peu maigre pour trouver un intérêt à ce faux polar. Godard en casse les codes, ok, mais pour dire quoi du coup ?

1,5/6

Juste rigolo de voir que Ledru-Rollin il y a presque 60 ans n’a pas vraiment changé, avec son Monoprix qui fait l’angle et le passage « à l’ours » rue du Faubourg Saint-Antoine (où ont lieu les cours d’anglais).

Image

Le passage pris en photo aujourd’hui même.
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Re: Ciné-Club séance 55 spéciale Claude Brasseur : Bande à part

Messagede euh... si vous le dites » 12/01/2021 18:49

makidoo a écrit:Bande à Part, Godard, 1964
Bon, je n’ai pas grand chose à dire sur ce film que je n’ai pas aimé.
On a l’impression que Godard n’avait pas grand chose à raconter non plus et que ça se voit.
Les acteurs jouent mal (seul Samy Frey arrive péniblement à tirer son épingle du jeu), ou sont mal dirigés, ou les deux.
Le son est épouvantable, il m’a été très pénible de regarder ce film également à cause de ça. Les dialogues sont parfois inaudibles à cause du son environnant trop fort.
Alors oui il y a LA scène du bar, avec cette vraie minute de silence et cette danse synchronisée. Mais c’est un peu maigre pour trouver un intérêt à ce faux polar. Godard en casse les codes, ok, mais pour dire quoi du coup ?

1,5/6


Je suis complètement d'accord avec toi, mais moi j'aime beaucoup le film.
Avec Le mépris, Godard avait rabattu le clapet de ses nombreux détracteurs qui prétendaient qu'il était incapable de faire un film. Il n'a dès lors plus rien à prouver à personne. Mais sa relation avec Anna Karina bat de l'aile et Karina n'est pas bien dans ses bottes. Il décide donc de tourner très rapidement un film pour elle, avec un tout petit budget .
Pour cela, il jette son dévolu sur un petit roman de gare paru à la Série Noire. En fait, il se contrefiche de ce livre et de son histoire, c'est juste pour donner une vague ossature à son film.
A partir de cela, il va broder des séquences improbables en les empilant les unes sur les autres de manière assez lâche.
Bande à part est certainement le film le plus relâché de Godard, le plus consciemment désinvolte.
Ce n'est pas un grand film et ça n'a jamais eu vocation à l'être. Mais c'est justement ça qui pour moi lui donne un charme particulier et qui irritera beaucoup de monde sur le mode "tiens ,v'là encore Godard qui se fout de notre gueule".
Mais paradoxalement, c'est aussi peut-être le Godard de cette époque dont je garde le plus vivement en mémoire de nombreuses images et séquences. Toute la scène du café avec la danse évidemment, le record du monde de la visite du Louvre, Karina qui fredonne Aragon dans le métro (magique), ou des trucs typiquement godardiens avec le jeu sur les textes à l'écran (station Libertés, Garder ses yeux d'enfant dans les toilettes) ou aussi le jeu sur le commentaire en voix-off.
C'est un film dérisoire, largement improvisé à partir de trois fois rien. Ca donne un assemblage improbable et bordélique qui rend pour moi le film vraiment jubilatoire alors qu'il en agace beaucoup d'autres.

Bon sinon, j'ai aussi une expérience personnelle qui me rend le film très cher.
Bande à part, c'est le premier Godard que j'aie vu, quand j'étais ado en rhéto (l'équivalent belge de terminale en France, je pense). J'avais un prof de français très anticonformiste (dans un établissement catho bien propre sur lui, il était considéré par beaucoup comme un individu extrêmement dangereux). Beaucoup dans la classe le détestaient mais il va de soi que, moi, je l'aimais beaucoup. Le gars, genre, à son examen oral, il mettait des points pour l'originalité des réponses. Beaucoup d'élèves étaient complètement perdus. Moi, j'adorais et je lui fourguais des réponses remplies d'idées délirantes pêchées dans mes lectures de bouquins de science-fiction.
Et on a vu Bande à part dans le cadre de son cours. Après, il nous a fait découvrir Resnais, Rivette mais aussi les bd de Fred, des bouquins de Duras, la philo de Gilles Deleuze, la musique de Thiéfaine,... Genre, le mec qui te met le cerveau à ébullition.
Mais tout est parti de Bande à part en début d'année, vu pendant un temps de midi au lieu d'aller en récréation.
Je me souviens encore aujourd'hui du choc que m'avait procuré ce film, du champ des possibles qu'il avait ouvert en moi qui ne connaissait rien à l'époque du "cinéma d'auteur" (ni même du cinéma tout court - j'habitais à l'époque dans un bled complètement perdu avec aucune possibilité d'aller au cinéma). Le cinéma franchouillard à la télé m'emmerdait déjà profondément. J'étais juste un petit gars qui bouffait des bouquins de sf au kilomètre et qui tout d'un coup se prenait un trip avec ce truc bizarroïde de Godard. C'était du style "Putain, le mec, il peut faire une minute de silence dans un film !!!!", ça se fait, ça?, c'est quoi ce machin ?"

Depuis, j'ai revu plusieurs fois ce Bande à part.
Je comprends qu'on trouve le film à chier, je comprends qu'on trouve que Godard se fout de la gueule du spectateur avec un truc fait très largement par-dessus la jambe mais personnellement, je trouve toujours autant de charme à ce film.
Alors oui, parmi les karinades godardiennes, je préfère Pierrot le fou, Vivre sa vie ou surtout Alphaville mais Bande à part aura toujours une place à part.

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Re: Ciné-Club séance 55 spéciale Claude Brasseur : Bande à part

Messagede makidoo » 13/01/2021 11:41

euh... si vous le dites a écrit:C'est un film dérisoire, largement improvisé à partir de trois fois rien. Ca donne un assemblage improbable et bordélique qui rend pour moi le film vraiment jubilatoire alors qu'il en agace beaucoup d'autres.

Pourquoi l’avoir fait alors ? Il était obligé ? :D

Après je comprends ton point de vue avec ce que tu racontes sur ce film, mon moi adolescent anticonformiste et avide de nouveautés aurait certainement trouvé ça génial.
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Re: Ciné-Club séance 55 spéciale Claude Brasseur : Bande à part

Messagede euh... si vous le dites » 13/01/2021 12:27

makidoo a écrit:Pourquoi l’avoir fait alors ? Il était obligé ? :D


Faire un film pour remonter le moral de son amoureuse, c'est une bonne raison, non ?
Et puis, dire aux pisse-froid, "je vous ai fait un film propre sur lui avec Le mépris mais là, je fais ce que je veux et je vous emmerde à l'avance en sachant que vous allez trouver ça consternant", c'est sympa aussi, non?
C'est potache, c'est dérisoire. Mais Godard, c'est toujours un peu potache et dérisoire. Et libre.


Après je comprends ton point de vue avec ce que tu racontes sur ce film, mon moi adolescent anticonformiste et avide de nouveautés aurait certainement trouvé ça génial.


Contrairement à ce que préconise le film, tu n'as pas "gardé tes yeux d'enfant". ;)
Le côté provocant à l'époque est évidemment largement émoussé, mais Bande à part reste à mon sens encore aujourd'hui un film profondément ludique pour qui se laisse prendre au jeu.
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Re: Ciné-Club séance 55 spéciale Claude Brasseur : Bande à part

Messagede makidoo » 13/01/2021 16:36

euh... si vous le dites a écrit:Contrairement à ce que préconise le film, tu n'as pas "gardé tes yeux d'enfant". ;)

Oui,voilà, ça ne peut être que ça :siffle: :-D
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