de jolan » 11/12/2020 03:57
L'Ange ivre – Akira KUROSAWA – 1948
Une sorte de parabole sur un pays rongé de l'intérieur par les yakuzas (ici la tuberculose qui tue le jeune homme qui règne sur le quartier, et le marais putride au milieu des maisons). Ou bien simplement une histoire sans réelles intentions. De toute façon, l'histoire n'a que peu d'intérêt.
Chacun joue un rôle dans cette vie qu'ils ne maîtrisent pas : le docteur soigne des malades, alors qu'il ne pense qu'aux femmes et à l'alcool. Le jeune homme joue au caïd mais en fait il est terrifié par sa mort prochaine et accepte rapidement - mais pour un temps seulement - de changer de mode de vie pour survivre. Les hommes qui tuent et les hommes qui soignent quoi. Les femmes ne sont guère épargnées, qui fuient leur ancien tortionnaire ou qui se donnent au plus offrant, à celui qui détient le pouvoir. Bref, un film qui joue un peu aux films noirs américains, mais qui n'y parvient évidemment jamais (horrible scène avec la chanteuse).
Il est vrai que le jeu passe de la douceur la plus contenue et la discrétion la plus polie aux emportements les plus criards et hystériques de ces personnages masculins rustres et minables, et qu'il y a peu de place pour la nuance dans le jeu des comédiens. Une sorte de comportement japonais qui me choque à chaque film, comme je le relevais pour les films d'Ozu. Un peu pareil pour le maquillage simiesque du jeune yakuza malade, bien trop marqué. Mais de bons moments de Mifune dans ce film, en particulier lorsqu'il va chez le docteur, ivre.
Qui est l'ange ivre du titre, sans doute les deux personnages principaux. L'un ange par sa bonté, son humanisme, et l'autre par sa mort en pleine jeunesse. Ivres, ils le sont tous les deux, d'alcool, de femmes, et de vie. Mais pas de la même façon, ni dans le même but. Peut-être d'abord le docteur qui nous semble plus juste, puis le film se focalise davantage sur le jeune yakuza condamné, et c'est peut-être lui le véritable ange.
La musique est un peu envahissante, et c'est étrange, elle est composée de variations sur deux thèmes tirés de « La Méditation de Thaïs » de Massenet et de « La Mer » de Debussy (comme dans "Portrait of Jennie" sorti l'année suivante). Et bien sûr le gars qui joue Okada ne sait ni jouer de guitare ni bien faire semblant d'en jouer...
Amusant de ridicule le duel final entre le vieux et le malade, où les deux hommes essoufflés par la vieillesse ou la maladie finissent par se battre en glissant sur de la peinture, à la manière d'une farce de vieux film pas drôle genre Laurel et Hardy.
Un film qui ne m'a pas vraiment marqué, mais qui ne m'a pas totalement déplu non plus. C'est juste que je n'ai probablement pas su y voir grand chose. Côté réalisation, j'ai surtout vu quelques plans ambitieux mais un peu chaotiques. Le reste est convenable. Sans plus.
2,5/6
Je vais maintenant lire vos critiques pour comprendre ce que j'aurais dû voir.
Jolan, le gars qui n'a le droit de ne rien dire, sinon ses posts sont supprimés illico par Nexus.