J'étais en mode sous marin cette semaine, donc je profite d'une première soirée de week-end pour revenir dans le sujet et poster ma note sur shock corridor
Shock corridor Samuel Fuller (1963)
J'avais gardé finalement peu de souvenirs de ce film vu il y a fort longtemps. Je me souvenais très bien des fous dans l'asile, du type qui chante Figaro par exemple mais plus trop de l'histoire.
Un des aspects notables dans ce film, est qu'on imagine un budget étriqué pour sa réalisation, NB filmé sur trois ou quatre plateaux de décors (bureaux, couloir, scène et vestiaire du cabaret) tout reste
enfermé entre quatre murs à part le couloir et ces incrustations de films documentaires ou de reportages.
L'histoire qui est annoncée comme une enquête journalistique et policière avec en vue un prix de reportage se revèle un support pour un sujet plus critique sur la société américaine du milieu du XX°
L'enquête se réduit à la simple question Qui a tué Sloan ? On fait mieux comme reportage sensationnel. Et la réponse n'apporte pas grand chose, un infirmer dont le nom est donné par le troisième larron.
Les témoins se succèdent comme à la parade et dans un éclair de lucidité soudain répondent tout naturellement à cette fameuse question en dévoilant l'un après l'autre une partie du puzzle.
On comprend alors que chacun va dénoncer ce monde perverti, pas seulement le traitement inadapté en psychiatrie où on trompe facilement des médécins prompts à vous enfermer, mais surtout les travers de l'Amérique,
la guerre (froide) et l'endoctrinement communiste anti-communiste, la ségragation et le danger des armes nucléaires. Tout ce qui balise la société américaine après la guerre et jusque dans les années 70
Je pense qu'il y a peut-être aussi une certaine nostalgie d'une Amérique plus ancienne (le soldat se réfère à la guerre de sécéssion et l'ancien étudiant noir à Mark Twain sur le Mississippi)
Enfin, tout cela a déjà écrit par Jolan.
Quelques scènes sont plus réussies que d'autres, les liens entre John Barrett et sa copine qui finissent par se confondre avec les rôles joués sont plutôt plausibles, les monomanies de certains enfermés, même si on est à des années lumières d'un vol au dessus d'un nid de coucou
Je ne comprends pas trop à quoi sert la scène des nymphos. A mettre un peu de piquant sexuel dans le film ? Dans ce cas c'est plutôt raté. La scène de la pluie et de l'orage final (tourné une seule fois à la fin car les décors seront
inutilisables ensuite d'après ce que j'ai pu lire) est plutôt réussi au contraire.
Reste un sentiment mitigé sur la fin du film et ce basculement dans la folie de Barret qui parait profond et un peu trop rapide à mon goût.
Le fait de recevoir des électro chocs serait l'explication de ce changement radical qui effraie même le rédacteur en chef du journal.
Cependant, j'ai du mal à croire qu'un type totalement sain d'esprit bascule à ce point et sans retour possible (il a l'air vraiment atteint dans la scène finale) devienne aussi malade dans ces circonstances (il n'a pas eu de lobotomie par exemple), mais je ne suis pas psychiatre...
Ma note 3/6