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Ciné-Club séance 83 Two Weeks in Another Town (Minnelli 62)

La politique, la musique, le cinéma, les jeux vidéos et la culture en général lorsqu'elle ne traite pas directement de bande dessinée

Re: Le Ciné-Club - Séance 21 "Fallen Angel" 1945

Messagede jolan » 08/01/2020 22:12

Message précédent :
Fallen Angel – Otto PREMINGER – 1945

Comme d'habitude, le titre original est bien plus juste. C'est vrai qu'à certains moments on pense aux précédents films du ciné-club, aux anges déchus de « The Tarnished Angels », à la scène d'introduction de « Kiss me Deadly », à « Letters to Three Wives » pour les personnages de femmes provinciales et en particulier celui de Linda Darnell dont elle est une très proche sœur. Ou à d'autres films noirs de l'époque, comme « The Killers ».

Premièrement, sur le plan formel, le film est d'une esthétique très plaisante, nocturne, en clair-obscur, très travaillée (le même chef op que pour « Laura » tourné peu avant), qui lui donne un cachet supplémentaire. Il y a tout le long du film de jolis mouvements de caméra, de jolis plans ambitieux, et même des plans-séquences très intéressants, qui lui confèrent une certaine modernité (comme ce plan pendant qu'ils dansent séparément et qu'il lui demande de plaquer son danseur, ou celui dans la chambre d'hôtel avec le jour qui se lève dans le reflet de la fenêtre – fabuleuse scène en deux plans-séquences). Noté uniquement deux erreurs de réalisation : lorsqu'on voit madame Mills parler et que sur deux changements de position de la caméra en suivant Stanton on voit derrière elle le même fond, avec la pendule. Puis, juste après, quand sa soeur June se sert du thé, on voit son ombre bouger derrière elle avec le mouvement de caméra (et du réflecteur qui l'accompagne)

Puis, l'atmosphère de film noir qui est plantée en quelques plans en ouverture, avec ce bar près de la plage, puis plus tard sur la plage près du Pier, on se croirait en Angleterre. Il y a un goût de départ, de ponton vers un ailleurs qui nous appelle de ses rafales de vent et son fracas des vagues comme une berceuse, à deux pas, mais on reste finalement au chaud pour boire un café en rêvant d'une vie meilleure.

Bon, l'histoire. Et le cœur du film, Stella - la sublime Linda Darnell, parfaite dans ce rôle, avec sa beauté sidérante et sa voix grave - la petite serveuse dont tout le village est amoureux, et qui se moque bien d'eux. Stella, l'étoile de leurs nuits. Totalement blasée par cette vie monotone dans cette petite ville, elle a cherché à fuir, et elle les regarde à peine, en levant son beau regard sur cet inconnu, qui finalement va la lasser très vite, comme tous les autres. Elle aimerait connaître son avenir. Elle veut surtout que sa vie commence, n'importe où, mais ailleurs. Il lui dit que son avenir se fera avec lui. Elle se laisse bien vite séduire. « I like the way you talk ». C'est sa seule chance de partir de ce « bouge ». C'est vrai que c'est un beau parleur. Tout le long du film il a un discours intelligent et imagé, ironique et sensé, à double-sens. Mais elle résiste. Paroles, paroles, paroles, belles promesses. Elle prend un malin plaisir à se laisser séduire puis à éconduire les hommes qui passent sur sa route. Elle ne se laisse embrasser que si on lui promet de l'argent et une vie rangée de ménagère comme les riches, vie qu'elle ne supporterait pas plus de deux jours. Elle préfère les laisser mariner longuement et les rendre tous accrocs et jaloux.

Je ne vois pas trop pourquoi Stanton s'acharne à satisfaire à ses désirs de richesse – en fait, même si on est charmé nous aussi par cette femme on n'épouse jamais vraiment les motivations de ce « héros », qui par bien des aspects est vraiment trop égoïste, manipulateur, un pauvre petit truand paumé même s'il pourrait être davantage et se croit bien davantage. Elle n'a absolument aucun intérêt au-delà de sa beauté, elle semble ne rien ressentir pour personne, pas plus que pour elle-même. Sa beauté lui a déjà permis de voir de quoi sont faits les hommes, elle est déjà au bout de sa vie, déjà morte, abîmée par l'illusion de bonheur qu'elle semble leur proposer, mais qui ne lui apporte que des déceptions. Elle a un caractère bien trempé, comme les femmes du film noir naissant en auront toutes, ces femmes fatales, bien loin du stéréotype de la petite ménagère docile, esclave consentante. Elle fume, elle boit, elle drague, elle se joue des hommes, elle ne se laisse pas faire. Et c'est sans doute cette liberté qui fascine et les attire tous comme des mouches. Une femme qui quelque part serait leur égal, mais en bien plus attirant. Et pourtant lorsqu'elle lui montre sa chambre vide pour prouver qu'elle n'est pas avec un homme, on voit que la belle brune tant convoitée ne passe ses nuits qu'avec sa panoplie d'ours en peluche. Mais elle lui résiste et il veut la posséder, l'obtenir, même si pour cela il doit user d'un subterfuge ignoble.

Au final, lui et elle sont semblables. Flirter pour de l'argent. L'amour n'a pas sa place, et pourtant il est amoureux d'elle, et June Mills est amoureuse de lui. Le drame n'est pas loin. Le film est intelligent parce qu'il monte progressivement. On sait qu'il va advenir un crime, c'est le titre français. Mais on ne sait pas quand, qui, par qui, ni pourquoi. Et c'est à partir du moment où Stella disparaît que le film perd en intérêt d'ailleurs. Dès lors que le meurtre est commis, il n'y a plus aucune tension. La fuite de Stanton et de sa toute nouvelle épouse est bien terne - outre la scène en deux plans dans l'hôtel. La faute à un scénario qui au lieu de se tendre et de se complexifier retombe dans le simpliste et le conventionnel. L'intrigue s'est installée, le crime est commis, mais la seule chose qui reste réside dans la découverte du meurtrier, qui se fait au dernier moment, de manière surprenante, mais guère emballante. Fortement déçu par la seconde partie, qui fait volte face par rapport à la première.

J'ai noté la présence de l'église, qui sonne les heures : il est 2h quand Mrs Ellis rentre dans sa chambre d'hôtel. L'horloge chez la pieuse Clara Mills. Le dimanche matin, lorsqu'ils doivent partir, on entend les cloches après la messe. Puis la rencontre lorsqu'elle y travaille son orgue. L'église de la foi contre les superstitions et le charlatanisme, c'est pourtant exactement la même chose.

« Quand j'aide quelqu'un, quelqu'un d'autre trinque » dit-il à celle qui va trinquer. La blonde et innocente June Mills, pure et naïve. Qui ne vit que par les livres et les partitions de musique classique. Sans doute le rôle le plus intéressant après Stella, le jeu de la comédienne est très bien. Mais on ne peut qu'avoir pitié d'elle et de ses sentiments envers un homme qui la considère comme un moyen d'arriver à une autre. Le plan final se fera sur une hypocrisie du même ordre.

Même chef op et compositeur que pour « Laura » (la chanson qui plaît tant à Stella), tourné quelques mois plus tôt, mais pas du tout la même magie. Belle réalisation, beaux cadres, belles lumières, mais un bel écrin ne fait pas un grand film. Rien d'extraordinaire, mais un bon petit film noir propret. C'est dommage, il était possible de faire bien mieux. C'est d'ailleurs ce que Preminger fera.

3/6
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Re: Le Ciné-Club - Séance 21 "Fallen Angel" 1945

Messagede euh... si vous le dites » 08/01/2020 23:35

Fallen angel (1945) - Otto Preminger

J'ai bien aimé ce faux film noir.
Surtout dans sa manière de nous embarquer dans une histoire criminelle noire alors que le cœur du film, qui se révèlera dans la deuxième partie du film, n'est pas là.
Les codes du film noir sont pourtant bien présents dans la première partie : personnages concassés par la vie, femme fatale, cynisme généralisé, sentiment de fatalité poisseuse. Linda Darnell et Dana Andrews y récitent leur partition avec une belle conviction.
Mais c'est avec la prise d'importance inattendue et très réussie du personnage lumineux joué par la très juste Alice Faye (June) que le film prend son sens réel et va peu à peu s'écarter des codes du film noir pour subtilement devenir autre chose.
La fatalité poisseuse, qui a conduit Linda Darnell à son issue fatale, va se fissurer peu à peu jusqu'à être balayée par la puissance des sentiments de June. Cette partie du film aurait mérité d'être plus développée (alors que la première partie avec Linda Darnell aurait pu être plus courte), ce qui aurait donné encore plus de force à la scène centrale du film, celle où June lâche prise et laisse apparaître ces sentiments à son nouveau "mari", scène de révélation sans fards qui entraîne la transformation du personnage central masculin. On quitte le domaine du film noir pour entrer pleinement, presque en contrebande, dans un monde où tout redevient possible, un monde où l'union des contraires va vaincre le cynisme.
Fallen angel est un film où, de manière très inattendue par rapport à la première partie du film, la lumière triomphe de l'obscurité.
Le point le moins réussi du film réside dans une résolution de l'intrigue policière hâtive et peu convaincante. Preminger se voit obligé de boucler artificiellement une intrigue héritée de la première moitié du film et qui n'a dès lors plus guère d'intérêt à ce stade du film. Mais ce n'est pas bien grave.
En gros, je partage très largement la lecture du film de cicerobuck et très peu celle de jolan qui, pour une fois, me semble être passé à côté du propos du film (mais c'est juste mon sentiment).

Au niveau formel, Preminger donne ses lettres de noblesse au terme de classicisme. C'est fluide et élégant.

Ma note : 3.5/6
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Re: Le Ciné-Club - Séance 21 "Fallen Angel" 1945

Messagede jolan » 09/01/2020 03:52

Oui mais à mes yeux non, avec un personnage aussi cynique, comme on l'a tous dit, je ne crois pas une seule seconde qu'il puisse aimer June, il la manipule tout du long, il la drague et se marie avec elle uniquement pour son argent, il joue avec elle comme Stella joue avec lui, il la méprise lorsqu'il doit passer sa nuit de noce avec elle, il préfère se jeter sur des verres d'alcool et s'échapper pour voir sa véritable proie, puis lorsqu'il décide de s'enfuir, il la voit comme un moyen de fuir plus facilement, avec son argent, toujours et encore.
La nuit où il se confie à elle, il se parle à lui-même, il fait le point sur sa vie, un beau parleur apprécie le fait d'être écouté, mais jamais il ne lui parle à elle ou ne s'intéresse à elle. A aucun moment il ne lui manifeste la moindre attention, la moindre estime. Tout au plus du dégoût.
Elle se fait prendre, je le rappelle, au moment où ils se rendent à la banque. Donc, non, je ne crois pas que tout ce que le film nous montre s'avère être le contraire de la réalité du personnage parce qu'il se dit que finalement il va pouvoir rester un peu avec elle après le dernier plan. Il n'en a strictement rien à faire de cette femme, aussi lumineuse et amoureuse soit-elle. Il la dupe, et le spectateur qui pense in fine qu'il va l'aimer est dupé également.
Si encore la deuxième partie nous le montrait en train de changer et de tomber amoureux d'elle, en effet ça aurait été intéressant, mais il n'en est rien. Elle est trop creuse et à l'opposé de ce qu'il recherche chez une femme. Il ne pense qu'à fuir, à éviter la prison et la chaise électrique, et il n'est libéré de cette obsession que lorsqu'il découvre le criminel. Mais pas pour profiter de sa vie avec elle, elle est déjà là avec lui et il s'en contrefout. Pris d'un sentiment de liberté retrouvée il vit un moment d'euphorie et se repose sur celle qui l'a aidée, mais c'est tout. J'aurais aimé voir ce revirement et cette fin, je la verrai peut-être dans une future vision, mais là définitivement non.
Ce happy end (qui n'en est pas un à mes yeux) est sans doute le plus éphémère qui soit au cinéma. A la fin du générique il est déjà reparti avec trois billets volés dans le sac à main posé dans la boîte à gants. Ou alors il va passer ses soirées à ruminer le souvenir de Stella dans l'alcool. Je me doute bien qu'il va oublier cette femme qu'il n'a pas eue et qui est morte, mais de là à tomber dans les bras de June, franchement je n'y crois pas un instant. Ce n'est pas Sarkozy, il n'a pas changé :lol:
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Re: Le Ciné-Club - Séance 21 "Fallen Angel" 1945

Messagede euh... si vous le dites » 09/01/2020 10:04

jolan a écrit:Oui mais à mes yeux non, avec un personnage aussi cynique, comme on l'a tous dit, je ne crois pas une seule seconde qu'il puisse aimer June, il la manipule tout du long, il la drague et se marie avec elle uniquement pour son argent, il joue avec elle comme Stella joue avec lui, il la méprise lorsqu'il doit passer sa nuit de noce avec elle, il préfère se jeter sur des verres d'alcool et s'échapper pour voir sa véritable proie, puis lorsqu'il décide de s'enfuir, il la voit comme un moyen de fuir plus facilement, avec son argent, toujours et encore.
La nuit où il se confie à elle, il se parle à lui-même, il fait le point sur sa vie, un beau parleur apprécie le fait d'être écouté, mais jamais il ne lui parle à elle ou ne s'intéresse à elle. A aucun moment il ne lui manifeste la moindre attention, la moindre estime. Tout au plus du dégoût.
Elle se fait prendre, je le rappelle, au moment où ils se rendent à la banque. Donc, non, je ne crois pas que tout ce que le film nous montre s'avère être le contraire de la réalité du personnage parce qu'il se dit que finalement il va pouvoir rester un peu avec elle après le dernier plan. Il n'en a strictement rien à faire de cette femme, aussi lumineuse et amoureuse soit-elle. Il la dupe, et le spectateur qui pense in fine qu'il va l'aimer est dupé également.
Si encore la deuxième partie nous le montrait en train de changer et de tomber amoureux d'elle, en effet ça aurait été intéressant, mais il n'en est rien. Elle est trop creuse et à l'opposé de ce qu'il recherche chez une femme. Il ne pense qu'à fuir, à éviter la prison et la chaise électrique, et il n'est libéré de cette obsession que lorsqu'il découvre le criminel. Mais pas pour profiter de sa vie avec elle, elle est déjà là avec lui et il s'en contrefout. Pris d'un sentiment de liberté retrouvée il vit un moment d'euphorie et se repose sur celle qui l'a aidée, mais c'est tout. J'aurais aimé voir ce revirement et cette fin, je la verrai peut-être dans une future vision, mais là définitivement non.
Ce happy end (qui n'en est pas un à mes yeux) est sans doute le plus éphémère qui soit au cinéma. A la fin du générique il est déjà reparti avec trois billets volés dans le sac à main posé dans la boîte à gants. Ou alors il va passer ses soirées à ruminer le souvenir de Stella dans l'alcool. Je me doute bien qu'il va oublier cette femme qu'il n'a pas eue et qui est morte, mais de là à tomber dans les bras de June, franchement je n'y crois pas un instant. Ce n'est pas Sarkozy, il n'a pas changé :lol:


Je ne partage pas du tout ton point de vue.
Je pense qu'il y a un réel revirement chez le personnage principal et que c'est cela, certes peut-être imparfaitement, que le film veut montrer.
Dana Andrews, que les vicissitudes de la vie ont transformé en personnage cynique, se voit octroyé la possibilité d'un second départ alors qu'il n'y croyait plus lui-même.
Je ne vois pas où le film nous amènerait à penser que la scène pivot du film, celle où June révèle la nature de ses sentiments, celle qui amène à la prise de conscience de sa condition par le personnage principal (avec la tirade sur le Fallen angel) serait à considérer comme une couche de cynisme supplémentaire.
Fallen angel est un film sur la rédemption.

Je pense que notre divergence de vues provient du fait que tu considères que Linda Darnell est le personnage central du film alors que moi je considère qu'il s'agit d'Alice Faye.
Linda Darnell, c'est un leurre, c'est le personnage qui consolide la position de Dana Andrews dans le domaine des faux sentiments. Elle n'est là qu'en tant que contrepoint négatif à la lumière qui va transformer le film et le personnage principal, la lumière portée par Alice Faye, lumière qui est elle-même révélée par Dana Andrews.
Le film montre qu'en fait Andrews et Faye, que rien ne devrait rapprocher, s'avèrent pourtant au final complètement complémentaires.
Il lui permet de révéler la lumière qui était cachée en elle (et qui restait confinée au petit monde étriqué de ses livres) et en retour, c'est cette lumière qui le sauve.
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Re: Le Ciné-Club - Séance 21 "Fallen Angel" 1945

Messagede cicerobuck » 09/01/2020 15:15

Pareil, Stella et les autres, ce sont tous les mêmes, des anges déchus et cyniques, à différentes échelles. June est de facto le personnage central, puisqu'elle est le seul qui vois la lumière.
Le scène qui démontre que Dana bascule dans la lumière, c'est celle dans la chambre d'hôtel, lors de laquelle il déballe tout, ses turpitudes, ses déceptions, ses trahisons : dans cette minable chambre d'hôtel, il est au purgatoire. C'est l'aspcet psychanalytique du film (très à la mode à l'époque à Hollywood), comment abandonner son "bagage".
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Re: Le Ciné-Club - Séance 21 "Fallen Angel" 1945

Messagede jolan » 09/01/2020 20:05

Si le film m'avait montré cela et fait ressentir ce revirement, j'aurais pu être d'accord avec vous et le trouver bien plus réussi, mais je ne l'ai malheureusement pas vu ni cru une seconde, et je n'ai pas cherché à extrapoler au-delà de ce qu'on me donnait à voir.
Mais en tout cas le film reste après la vision, son charme opère encore deux jours après.

Bon, qui pour présider à la prochaine séance ?

Lobo et sa sélection de films britanniques ?

Je viens de vérifier, il n'a présidé qu'une seule fois, et c'était "Kiss Me Deadly", ça fait un fameux bail.

:food:
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Re: Le Ciné-Club - Séance 21 "Fallen Angel" 1945

Messagede euh... si vous le dites » 09/01/2020 22:03

jolan a écrit:Mais en tout cas le film reste après la vision, son charme opère encore deux jours après.


Pareil pour moi, même si nos visions furent très différentes. ;)
Ceci dit, je suis aller un peu fureter sur le net après des critiques du film et il en ressort que la vision qui semble communément admise est plutôt la mienne.


Lobo et sa sélection de films britanniques ?

Je viens de vérifier, il n'a présidé qu'une seule fois, et c'était "Kiss Me Deadly", ça fait un fameux bail.

:food:


Ce serait logique que lobo choisisse, mais laissons-lui d'abord le temps de donner ses impressions du Preminger.
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Re: Le Ciné-Club - Séance 21 "Fallen Angel" 1945

Messagede arcarum » 10/01/2020 00:35

Fallen Angel 1945

Je résumerai mon double visionnage (oui je l'ai vu deux fois, car mon premier visionnage, je n'étais pas dans le mood), au fait que le film est désarçonnant. En effet, quand on pense qu'il nous mène vers quelques chose ou un thème, finalement il prend un chemin de traverse pour se diriger ailleurs, avant de finalement faire un tête à queue pour vous laisser sur sa faim.

Pour éclaircir, l'arrivée sur Walton, en raison, des choix de montage, de lumière m'a tout d'abord fait croire à un film à intrigues, où le personnage principal aurait à affronter des habitants de cette petites bourgades bien replier sur lui même. Finalement il s'avère que le "héros" est un escroc sans le sous à la recherche d'un coup pendable. Mais non, il est un beau parleur charmeur et qui tente de se faufiler dans le lit d'une belle tenancière de dinner, avant de tenter l'escroquerie dans marier une seconde, avant que l'histoire ne vire au film noir, pour se terminer sur une non fin.

Bref le scénario tente de me perdre et y parvient bien trop souvent (raison de mon double visionnage). Mais mon plus gros soucis est que finalement ce film ne porte aucun enjeu. Il s'évertue simplement à mettre dans des situations simples des personnages ultra complexes dont l'objectif n'est pas de régler leurs problèmes, mais de s'y vautrer.

Eric est l'archetype du petit escroc jaloux et impulsif qui fini par basculer dans la plus platitude des vie de patachons. Stella, beauté sculpturale et femme fatale mais farouche dont tout le village est amoureux mais pour qui personne n'est suffisamment sérieux pour être son époux (en dehors d'Eric l'escroc). June, femme simple et sincère et finalement facile qui tombe caricaturalement sous le charme du voyou d'un claquement de doigt. Clara la mère la rigueur qui protège une soeur qui a besoin de se tromper au point de protéger son époux qu'elle ne supporte pas. Mark le flic honnête qui cache en réalité un bourreau.

On ne peut pas nier que le scénariste a sû créer des personnages avec de l'épaisseur, mais les ressorts sont facile et encore une fois il n'y a pas d'enjeu. Le seul vrai problème que rencontre les personnages n'arrive finalement qu'en toute fin de film avec la mort de stella. L'embrouille de Madley, la disparition de Stella, le mariage express, la promesse, tout cela est expédié comme une formalité et fait pshittt !
La seule tension est finalement la scène de passage à tabac où l'on prend peur pour Eric... mais pas plus.
Je suis donc complètement resté sur ma faim avec ce scénario et puis la mort de Stella était presque trop tardif et finalement pas assez marquant pour imprégner l'histoire ou les perssonages. C'est une péripétie qui n'a que peu, voire pas d'impact.

En ce qui concerne les acteurs, la magnifique Linda Darnel brûle littéralement la pellicule éclipsant Dana Andrews dans chacune de ses scènes. Autant il est très bon en escroc à la petit semaine tentant de charmer la lionne Stella, autant il disparaît chaque fois qu'elle apparaît. Je comprends pop.
Je n'ai vraiment pas trouvé le jeu de Alice Faye particulièrement convaincant, j'avais même la sensation qu'elle s’embêtait ferme sur ce plateau, comme nombre des autres acteurs.
Leur jeu est donc mou et poussif, et je pense qu'il s'agit d'un partie pris de la direction artistique, afin de renforcer la vivacité de Stella dans ce monde de petit être insignifiant.

La lumière est juste magnifique. Chaque plan est claire, limpide, compréhensible.
De même la caméra est parfaitement positionnée, alternant plan fixe, plan serré, champ contre champ, plan séquence. Il y a de la vie dans ce film, mais derrière les caméra et quand Stella est présente.

Au final, j'ai trouvé le film assez moyen en raison de la faiblesse de l'intrigue et du choix de ne pas s'appuyer sur la mort de Stella pour construire plus de tension entre les personnages.
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Re: Le Ciné-Club - Séance 21 "Fallen Angel" 1945

Messagede cicerobuck » 10/01/2020 02:27

Déjà que tu trouvais la BO dans The Bridge envahissante alors qu'i n'y en avait pas, si tu démarre un film avec des attentes et que tu es déçu quand il propose autre chose (il me semble que le projet du film est clairement de ne pas créé plus de tension mais de l'évacuer si possible, grâce au personnage de June. L'enjeu est donc de savoir si un de ces personnages brisé va saisir sa chance de se sauver, grâce ç la bienveillance inconditionnelle et inattendue de June), tu dois être le critique le plus dur à convaincre ;)
Je rigole, hein :D
Et sinon, un plan séquence sans mouvement, c'est du théâtre filmé il me semble.

Ah, et j'ai lu que le perso de June à justement été charcuté au montage par Zanuck, précipitant la fin de carrière de Faye, délicieuse ironie sur le fond du film, Hollywood estropiant ainsi la seule source dépourvue d'artifices du film, une belle métaphore involontaire du pacte faustien d'Hollywood avec ses employés, comme ses spectateurs : les anges n'existent qu'au cinéma, les acteurs et réalisateurs n'ont pas le final cut, tout n'est que fumée et miroirs.
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Re: Le Ciné-Club - Séance 21 "Fallen Angel" 1945

Messagede jolan » 10/01/2020 03:38

euh... si vous le dites a écrit:
jolan a écrit:Mais en tout cas le film reste après la vision, son charme opère encore deux jours après.


Pareil pour moi, même si nos visions furent très différentes. ;)
Ceci dit, je suis aller un peu fureter sur le net après des critiques du film et il en ressort que la vision qui semble communément admise est plutôt la mienne.



Mm, bravo à toi, j'ai vu ça également, et je ne comprend toujours pas pourquoi.
Mais il n'y a pas que cette lecture.
Une analyse que j'ai trouvé intéressante :

Sous l’intrigue policière, rondement menée, Preminger questionne en profondeur et très méthodiquement l’institution du mariage. En s’installant du côté de l’arnaqueur Eric Stanton, ex-publicitaire en rupture de ban, homme médiocre et souvent détestable qui ne voit dans le mariage qu’un moyen, un levier pour parvenir à ses fins, il soumet la chose à rude épreuve. Le mariage, c’est avant tout un contrat, un deal que Stella, rompue aux sérénades de dragueurs minables, conclut avec Stanton : elle ne lui cédera que s’il l’épouse et lui livre un foyer clés en mains. Ainsi entravé par un accord, le désir de Stanton vire à l’obsession. Pour Stella le mariage se brandit comme un bouclier ou se lance comme un hameçon : c’est le lieu d’un marché entre son corps et une situation sociale. Puis l’institution est clairement désignée comme une escroquerie : Stanton n’épouse June que pour lui dérober son magot. Il faut voir sous cet angle l’évolution de leur relation. Tout miel pour la séduire, bellâtre excessif, il devient irascible et vexant une fois marié, traitant sa femme comme une moins que rien, la blessant à la moindre occasion. Sous le contrat social, on ne déniche guère qu’une brutale pulsion d’égoïsme. [Otto Preminger – Sept ans de saute-mouton par Mathieu Macheret – Ed. Capricci (2012)]


Sans parler de la fin du film - puisqu'elle n'opère pas de changement selon moi - je pense que cette lecture rejoint la mienne.
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Re: Le Ciné-Club - Séance 21 "Fallen Angel" 1945

Messagede lobo » 10/01/2020 09:58

Je lirai vos critiques après la mienne pour ne pas être influencé. Pour le dire en deux mots, j'ai trouvé ce film peu convaincant. Je ne suis pas insensible à l'ambiance de la petite ville côtière de Californie et à la réalisation. Mais le scénario ne tient pas je trouve. Et au global je trouve que l'aspect film noir manque de densité. Ce qui ne tient pas amha, c'est la rédemption de l'ange déchu. Le personnage Eric Stanton manque complètement de cohérence : raté vite allumé par une vamp de village et chasseur de dot cynique pendant les trois quart du film, justicier redresseur de tort et mari idéal à la fin.Tout ça à la faveur d'un regard et d'un poème. L'autre retournement, celui de l'amoureux transi, est vraiment lourdingue amha. On ne peut pas ne pas comparer avec d'autres films noirs et celui-ci apparaît bien mineur. Pas la moyenne.
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Re: Le Ciné-Club - Séance 21 "Fallen Angel" 1945

Messagede lobo » 10/01/2020 10:10

Sinon, pour les films britanniques, je vous fais une proposition ce soir. Là, j'ai une journée un peu chargée...
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Re: Le Ciné-Club - Séance 21 "Fallen Angel" 1945

Messagede euh... si vous le dites » 10/01/2020 11:07

cicerobuck a écrit:il me semble que le projet du film est clairement de ne pas créé plus de tension mais de l'évacuer si possible, grâce au personnage de June.


Oui, c'est bien pour cela que je parlais de faux film noir.
Fallen angel est un film qui dans sa deuxième moitié déjoue les attentes liées au genre noir pour partir ailleurs.
Dès lors, déplorer le manque de tension et de densité dans sa deuxième moitié (comme on peut le lire dans certains avis ici), c'est pour moi se fourvoyer sur ce qu'est le film.

arcarum a écrit:la mort de Stella était presque trop tardif et finalement pas assez marquant pour imprégner l'histoire ou les perssonages. C'est une péripétie qui n'a que peu, voire pas d'impact.


Oui, c'est une péripétie qui n'a que peu d'impact.
Tout simplement parce qu'à ce stade du film, Stella est un personnage qui n'est plus utile à l'intrigue.
Elle est construite à la fois pour planter et définir la version ratée de Dana Andrews et également pour apporter un contrepoint complet au personnage de June.
Dès lors que le propos du film se déplace vers la relation entre Eric et June, qui va mener à l'ouverture sur le monde de June et la rédemption d'Eric, le personnage de Stella vivante n'a plus aucune utilité. Sa mort, par contre, en provoquant la fuite d'Eric et June, va permettre de faire évoluer et cristalliser la nature de leur relation.
La résolution policière du meurtre de Stella, expédiée en fin de film, n'a ni plus d'impact ni plus d'intérêt que sa mort (on se contrefiche d'ailleurs complètement de savoir qui l'a tuée). Le film est tout simplement parti ailleurs avec la prise de pouvoir sur le film du personnage de June.

cicerobuck a écrit:Ah, et j'ai lu que le perso de June à justement été charcuté au montage par Zanuck, précipitant la fin de carrière de Faye, délicieuse ironie sur le fond du film, Hollywood estropiant ainsi la seule source dépourvue d'artifices du film,...


Je ne suis pas étonné par cette information.
Je pointais déjà dans mes impressions sur le film que la première partie avec Stella aurait pu être plus courte et la deuxième partie avec June plus longue.
C'eut été plus cohérent pour l'équilibre du film.
Mais je comprends que pour des raisons commerciales mais qui me paraissent contraires à l'intérêt du film, Zanuck ait préféré allonger la sauce avec Linda Darnell et réduire le temps à l'écran d'Alice Faye.
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Re: Le Ciné-Club - Séance 21 "Fallen Angel" 1945

Messagede arcarum » 10/01/2020 15:52

euh... si vous le dites a écrit:Oui, c'est une péripétie qui n'a que peu d'impact.
Tout simplement parce qu'à ce stade du film, Stella est un personnage qui n'est plus utile à l'intrigue.
Elle est construite à la fois pour planter et définir la version ratée de Dana Andrews et également pour apporter un contrepoint complet au personnage de June.
Dès lors que le propos du film se déplace vers la relation entre Eric et June, qui va mener à l'ouverture sur le monde de June et la rédemption d'Eric, le personnage de Stella vivante n'a plus aucune utilité. Sa mort, par contre, en provoquant la fuite d'Eric et June, va permettre de faire évoluer et cristalliser la nature de leur relation.
La résolution policière du meurtre de Stella, expédiée en fin de film, n'a ni plus d'impact ni plus d'intérêt que sa mort (on se contrefiche d'ailleurs complètement de savoir qui l'a tuée). Le film est tout simplement parti ailleurs avec la prise de pouvoir sur le film du personnage de June.

Point de vue intéressant. il n'en demeure pas moins que cet événement est à mes yeux trop tardif et empêche de voir la construction du couple, voir naître cette relation qui doit naître entre eux. C'est quand même un sacré mariage en carton pâte.
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Re: Le Ciné-Club - Séance 21 "Fallen Angel" 1945

Messagede euh... si vous le dites » 10/01/2020 16:08

arcarum a écrit:Point de vue intéressant. il n'en demeure pas moins que cet événement est à mes yeux trop tardif et empêche de voir la construction du couple, voir naître cette relation qui doit naître entre eux. C'est quand même un sacré mariage en carton pâte.


D'où l'info intéressante de cicerobuck sur les coupes ordonnées par Zanuck.
Mais même en l'état, même si ça pourrait fonctionner bien mieux avec des scènes additionnelles écartées du montage final, c'est quand même passé à mes yeux. Sans doute parce que les scènes de révélation à l'hôtel (révélation des sentiments de June et révélation du passé d'Eric) sont très réussies et constituent vraiment le moment fort du film.
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Re: Le Ciné-Club - Séance 21 "Fallen Angel" 1945

Messagede cicerobuck » 10/01/2020 19:37

OUi, cette scène les le point culminant du film. Pas la peine de vouloir à tout prix que le film reste dans les clous du film noir. C'est d'ailleurs en en sortant qu'il trouve son originalité et sa force.C'est pas un chef d'oeuvre non plus, hein, personne ne dit ça, mais le métrage se permet tout de même quelques surprenantes ruptures de ton, ce qui joue selon moi en sa faveur, car en restant dans le carcan du film noir, il ne pouvait pas luter avec les canons du genre.
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Re: Le Ciné-Club - Séance 21 "Fallen Angel" 1945

Messagede jolan » 10/01/2020 21:27

Bon, on a encore perdu du monde en route, mais il doit encore rester le Sergent.

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Re: Le Ciné-Club - Séance 21 "Fallen Angel" 1945

Messagede lobo » 10/01/2020 23:20

A propos de Fallen Angel, moi j'ai vu (et je pense que c'était l'intention du réalisateur) une rédemption de l'ange déchu qu'est Eric Stanton. Quand il dit "home" à la fin (il me semble que c'est le dernier mot), il veut bien dire "chez nous", en mari idéal qu'il est devenu. Je ne comprends vraiment pas comment jolan peut interpréter le film comme il le fait... Dès l'instant où dans la chambre d'hôtel June récite ce poème sur la rédemption, il devient le rédempté. Son attitude change, son jeu change et il devient à nos yeux un héros positif, jusqu'au rôle même de redresseur de tort, déjouant les manigances du vrai méchant de l'histoire. J'aurais aimé qu'il y ait l'ambiguité qu'a vue jolan. Mais ce n'est pas le cas. Du coup ce film de rédemption ne m'a ni convaincu ni intéressé. Et je n'ai pas du tout été, contrairement à certains d'entre vous, fasciné par les actrices, ni par Stella, dont le personnage de vamp cynique est trop simple et grossier, ni par June, falote oie blanche.
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Re: Le Ciné-Club - Séance 21 "Fallen Angel" 1945

Messagede lobo » 10/01/2020 23:48

Je vous propose une séance britannique avec

1. The third man de Carol Reed
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2. Black Narcissus de Michael Powell & Emeric Pressburger
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3. The Knack de Richard Lester
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4. A Taste of Honey de Tony Richardson
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Je n'en ai vu aucun mais ils me paraissent typiquement british...
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Re: Le Ciné-Club - Séance 21 "Fallen Angel" 1945

Messagede sergent latrique » 10/01/2020 23:53

Fallen Angel (Crime passionnel) Otto Preminger 1945

Je viens juste de le visionner et je met mon avis dans la foulée (pas eu le temps de regarder cette semaine).
Globalement j'ai une impression assez mélangée. Bon, pour le titre , ecore une fois, la traduction est pourrie, on se demande comment dans les années 40 ou 50 arrivaient à faire un concours du titre le plus tarte. Bref...
Le début du film avec l'arrivée d'un inconnu dans une petite ville tranquille de la côte californienne est plutôt classique mais bien restitué et plante bien l'ambiance (et me rappelle au passage des souvenirs de voyage dans les bus Greyhound avec ces arrêts au milieu de la nuit... ;) )
Le personnage d'Eric me semble assez protéiforme, on ne comprend pas trop sa motivation, la façon dont il s'acoquine avec les charlatans de spiritisme, ce qu'il cherche auprès de Stella et des soeurs Mills.
Stella est la clef d'une énigme amoureuse, fascinant les hommes comme un diamant, Pop, le vendeur de jukebox, alignant les rendez-vous. Il faut voir comment au début du film le vieux Pop est désespéré de la savoir partie et comment il bave de joie en la voyant revenir. Les rapports hommes-femmes dans ce film sont d'ailleurs assez déroutants et s'ils semblent faire partie du paysage américain des années 40 ne correspondent plus aux manières d'aujourd'hui à mon avis. Enfin c'est la première idée qui me vient à l'esprit. La rapidité dont Stanton arrive à s'intégrer dans tout ce petit monde comme un vieil habitué est encore une fois assez étonnante.
Lorsqu'on arrive à la fin de la première heure du film entre ces allers-retours de Stanton entre Stella et June et son plan tordu de se marier avec l'une jusqu'à l'épouser pour tenir la promesse de mariage faite à la première, on s'y perd un peu dans les motivations de chacun. ( je commençais à trouver que tout ça tournait en rond.)
"Heureusement" coup de théâtre !!! on retrouve Stella assassinée. Stanton est le coupable idéal même si Atkins qui sortait avec elle ce soir là parait tout logiquement avoir fait le coup (mais pourquoi ?)
On pourrait aussi penser à June par jalousie (mais là j'y crois pas trop) ou Clara. Le spectateur est quand même orienté sur une piste en dehors de Stanton jusqu'au dénouement final qui fait apparaître un peu magiquement Judd,
l'ex flic comme une espèce de brute (on a vu avec quelle plaisir il tabassait Atkins pour rien...) dégagée de la police de New YorK
Côté acteurs et réalisation, Stella est suffisamment vamp, pas super subtile quand même, et Stanton endosse bien son costume de visiteur énigmatique.
Voilà, au final, la fin sauve l'ensemble, donc je reste sur une note moyenne 3/6
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Re: Le Ciné-Club - Séance 21 "Fallen Angel" 1945

Messagede cicerobuck » 10/01/2020 23:56

J'ai vu les 4 (un que je n'aimes pas du tout d'ailleurs), alors, va pour Black Narcissus, ayant déjà vu au moins 10-12 fois le 3ième homme.
Dernière édition par cicerobuck le 11/01/2020 00:36, édité 1 fois.
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